Niger: Crise nigérienne - Pour Sylvain Itté, il n'y a pas de sentiment anti-français au Niger

Plus d'une semaine après son retour en France, l'ambassadeur Sylvain Itté, expulsé du Niger par le pouvoir militaire, a témoigné sur ses deux mois passés enfermé dans l'ambassade de Niamey, après la prise de pouvoir par les militaires.

Sylvain Itté décrit « des conditions difficiles » et « une pression permanente ». « Le 30 juillet, on a frôlé la catastrophe. C'est un miracle que nous en soyons tous sortis indemnes ! ». Ce jour-là, des centaines de manifestants pro-putschistes ont encerclé l'ambassade. Selon lui, le pouvoir en place souhaitait « offrir l'image d'un symbole déchu ». L'ambassade apprend à vivre de rations alimentaires, d'essence et de médicaments. « Un jour, on nous bloquait l'eau, le lendemain l'essence, un autre jour, le pain », raconte-t-il. Le 25 août, la situation se tend à nouveau lorsqu'il reçoit une obligation de quitter le territoire dans les jours qui suivent. Sylvain Itté décrit « une pression quotidienne ».

À cela s'ajoutent « des menaces de morts et des insultes » qui lui seraient adressées sur les réseaux sociaux. Pour autant, il refuse le terme d'otage, « mais j'ai été retenu contre mon gré, c'est certain ». Sylvain Itté monte enfin dans l'avion le 27 septembre « avec un énorme sentiment de gâchis », mais pas de « sentiment antifrançais ». « Mon expulsion n'était qu'un carburant idéologique. La junte s'est contentée de faire un copié-collé de ce qu'il s'est passé au Mali et au Burkina Faso, un peu comme s'ils suivaient le manuel du parfait petit putschiste », estime Sylvain Itté, qui ajoute ne pas avoir été surpris par son expulsion.

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Pour lui, le « sentiment antifrançais » n'existe pas réellement. « J'ai beaucoup voyagé à travers le pays et, partout, j'ai rencontré des personnes qui étaient satisfaites de notre coopération. Certaines avaient des récriminations à nous faire, c'est normal. Mais ce fameux sentiment antifrançais ne concerne pas tout le pays, loin de là ». Il rend hommage au peuple nigérien « extrêmement accueillant, passionnant et résiliant ». Selon le diplomate, la série de putschs survenus en Afrique ces derniers mois (Gabon, Mali...) a une origine multiple. « Mais la principale raison, c'est la frustration d'une jeunesse privée d'horizon qui nourrit les populismes », affirme -t-il. « Nous (la France) sommes devenus un bouc émissaire commode. Qui risque de payer l'addition ? Les populations civiles? », conclut-il.

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