Cote d'Ivoire: Patrimoine culturel - Le Fort Faidherbe de Dabou se meurt

Le site touristique appelé Fort Faidherbe ou Fort Binger situé dans la commune de Dabou est dans un état de délabrement avancé. L'équipe de reportage de fratmat.info a visité le fort de Dabou au petit matin de ce samedi 30 septembre 2023.

Situé au quartier Bastos, non loin de la préfecture de ladite localité, ce site touristique qui existe depuis plus d'un siècle et demi est difficile à repérer. Aussi, le calme et l'atmosphère qui règnent aux alentours de ce lieu touristique communiquent par moment la peur. Le chemin qui mène à l'entrée principale de ce lieu est envahi par des herbes. Avec l'aide d'un passant, l'équipe s'introduit dans le périmètre de ce patrimoine culturel. Une fois sur la parcelle du fort de Faidherbe, l'attitude d'un homme d'une cinquantaine année nous interpelle.

Sorti de sa couchette à cause des bruits des pas, le cinquantenaire torse-nu et serviette au cou se prépare visiblement pour la salle d'eau. D'un air amical, il se présente : « Moi, c'est Bah Cyrile, guide volontaire des lieux ». Poursuivant, il nous demande de lui accorder quelques temps pour qu'il nous aide. Une fois de retour, Bah.C bien habillé et parfumé ne manque pas d'indiquer qu'il est sur les lieux depuis 2014.

Le Fort victime de vol

Pendant la visite, Bah Cyril fait savoir que ce site a fait les frais de la crise post électorale de 2011. Occupé à l'époque par les Force républicaines de Côte d'Ivoire (Frci), ce site a été victime de vol. Le plus gros canon posé sur la toiture par le fondateur Ferdherbe a été volé par des badauds qui n'en connaissent pas l'importance. « Si vous regardez bien les anciennes images, vous verrez que nous avons trois (3) canons au lieu de deux (2) comme maintenant », dénonce-t-il avec regret. À l'en croire, les murs de cet endroit sont lézardés, c'est la raison pour laquelle tout le monde y accède sans être inquiété.

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Aussi révèle-t-il que l'endroit est souvent souillé par des jeunes, et même des personnes âgées qui en font un lieu de débauche sexuel. A l'écouter, des amoureux y viennent très souvent pour avoir des rapports sexuels sans même se gêner. Ces personnes désacralisent ce lieu touristique. Cependant, il rassure qu'il veille jour et nuit et renvoie toutes ces personnes sans vergogne.

En plus de déshonorer les lieux, d'autres y viennent pour consommer la drogue. Pour le guide touristique, ce lieu était comme un fumoir, mais sa présence a freiné au fil du temps de nombreux maux qui minaient cet endroit. Entre autres difficultés, Bah Cyril avance que la broussaille sur le site du fort est un nid de reptiles. Les reptiles qui s'y trouvent font plusieurs mètres de longueur. Certains sont plus énormes que des hommes adultes. « Mieux vaut prévenir que guérir » a-t-il déclaré.

Son souci, c'est comment rendre cet endroit propre. Notre guide volontaire dit manquer de matériels et de moyens financiers pour entretenir davantage ce site. « Je le fais par amour pour mon pays, j'entretiens volontairement cet endroit avec mes maigres moyens. Ce lieu est délaissé. Il n'est pas entretenu...les autorités l'ont mis aux oubliettes...», déplore-t-il.

Et de soutenir que plusieurs autorités du pays y viennent officieusement comme des citoyens lambda pour la visite. « Je ne manque pas de leur signifier que ce lieu a besoin d'eux pour sa préservation et pour l'histoire de la Côte d'Ivoire », ajoute-t-il. Originaire de l'Ouest de la Côte d'Ivoire, Bah Cyril invite les autorités locales, ivoiriennes, et même tous les amoureux de la culture à avoir un regard favorable sur ce patrimoine historique. Ce, pour le bonheur des générations futures. « Nos aïeux ont souffert à cet endroit, nous ne devons pas l'oublier » a-t-il rappelé.

Par ailleurs, l'homme qui vit sur ce site avec sa petite famille remercie tous ces visiteurs et personnes de bonnes volontés qui de passage lui donnent des pourboires pour l'entretien des lieux.

Pour rappel, cet édifice antédiluvien a été construit par le commandant Louis Faidherbe. Il a été inauguré le 10 octobre 1853 pour faciliter les échanges entre les colons et les peuples de la région.

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