Amir Abdou ne se présente jamais comme un faiseur de miracle mais juste comme un travailleur acharné. Après une première Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies, avec les Comores en 2022, le natif de Marseille vient de qualifier la Mauritanie, pour sa troisième CAN. En disputant, deux Coupes d'Afrique des Nations consécutives avec deux nations différentes, Amir Abdou est entré dans un cercle très fermé. Entretien avec un tacticien ambitieux qui veut marquer l'histoire d'un pays qui l'a accueilli les bras ouverts.
Revenons quelques instants sur votre parcours lors de ces qualifications de la Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies, Côte d'Ivoire 2023. Face au Gabon, lors du dernier match, qu'avez-vous ressenti au moment du coup de sifflet final ?
Amir Abdou : J'étais soulagé. J'ai repensé à tous les sacrifices que les joueurs avaient faits. Nous savions que nous étions dans une poule élevée (ndlr : République Démocratique du Congo, Soudan et Gabon), que toutes les sélections pouvaient se qualifier à tout moment. C'est ce que nous avions vu lors de la dernière journée, on ne savait qui allait passer. Avec beaucoup de sacrifices, de pugnacité et de persévérance, nous sommes arrivés à notre objectif. Personnellement, je suis heureux de disputer une deuxième Coupe d'Afrique des Nations.
Ce groupe I avec la Mauritanie, la République Démocratique du Congo, le Soudan et le Gabon nous a offert les plus beaux scénarios de la campagne des éliminatoires. Est-ce qu' à un moment, vous avez douté ?
Non, absolument pas ! Le match où on a eu le plus de difficulté, était celui contre la RD Congo à Lubumbashi où l'on s'est retrouvé à 10 contre 11, et nous avons perdu 3-1. On a eu la possibilité de revenir, on y a cru.
Avec l'expérience, j'ai appris à être pragmatique, j'ai appris à calculer les matchs. Savoir bien négocier nos sorties et les matchs à domicile. Ça a été un long chemin, mais dire que j'ai douté non. Je n'ai jamais douté car j'avais confiance en mon groupe.
Amir Abdou et la Coupe d'Afrique des Nations, c'est une histoire particulière. Lors de la dernière CAN, vous n'aviez pas pu être présent sur le banc pour le huitième de finale des Comores face au Cameroun, pour cause de Covid. En quoi cette expérience vous a-t-elle servi ?
Quand vous participez à votre première Coupe d'Afrique des Nations, vous êtes en découverte. Cela m'a beaucoup servi au niveau de la gestion de groupe et j'ai beaucoup appris humainement. Je ne vous apprends rien en disant que cette crise sanitaire a été difficile pour tout le monde. Pour revenir à cet épisode, je dirigeais mon équipe à distance, ce qui n'était pas une chose aisée.
Ceci dit, cette compétition m'a offert les plus belles émotions. Jamais je ne pourrai oublier le match face au Ghana. Le scénario était juste fou. Nous étions tributaires de plusieurs facteurs :"On s'est dit mais quand est-ce qu'on va passer, c'est impossible qu'on passe (rires)". Sincèrement, j'ai vécu des moments inoubliables. J'en retiens que du positif.
Maintenant, on va se préparer pour la prochaine CAN, qui va être différente mais il y aura toujours autant d'émotions.
Entre l'Amir Abdou de 2021 et l'Amir Abdou de 2023, qu'est-ce qui a changé ?
Un peu plus d'expérience. J'ai pris beaucoup de recul. J'ai beaucoup emmagasiné ce que j'ai appris avec les Comores et cela m'a servi. À présent, je suis un peu plus costaud dans ce que je veux faire maintenant, dans le management et dans le relationnel que je peux avoir avec les joueurs.
Vous rentrez dans un cercle très fermé, celui des tacticiens qui ont réussi à qualifier deux sélections différentes à la CAN. Est-ce que vous vous rendez compte du chemin parcouru ?
Se rendre compte, c'est assez dur. Quand on est au travail et qu'on a des objectifs, on est complètement mobilisés, on est submergé par ce travail qu'on veut mettre en place et on ne voit pas les choses ainsi. Lorsqu'on me dit que je partage ce cercle avec des grands entraîneurs comme Claude Leroy ou encore Hervé Renard, cela est un honneur pour moi. Cependant, il faut garder les pieds sur terre, continuer à travailler et toujours vouloir plus, c'est ma devise.
Parlez-nous un peu de la Mauritanie ?
Avant tout, la Mauritanie est peuplée de gens adorables, serviables et dotés d'une gentillesse sans limite. J'ai été très bien accueilli ici.
Sur le plan footballistique, c'est un jeu brut. Cela va être la troisième participation de la Mauritanie à la CAN. Nous avons l'honneur d'avoir Monsieur Ahmed Ould Yahya le Président de la fédération qui est un homme passionné, un avant-gardiste qui fait beaucoup de choses pour le football, je me retrouve totalement en lui. Il y a des structures qui sont en train de se développer partout dans le pays et on accompagne l'académie.
En restant sur cette ligne conductrice, ce pays a un avenir merveilleux. Il faut maintenant rester constant, on participe à une troisième CAN, il va falloir continuer à travailler pour être à la quatrième, la cinquième et ainsi de suite. Il faut que la Mauritanie perdure dans ses projets. On a atteint un objectif, il faut continuer à en atteindre d'autres.
Nous sommes à quelques jours du tirage au sort de la Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies, Côte d'Ivoire 2023. Avez-vous fait des calculs ? Y'a t-il des équipes que vous voudrez rencontrer et d'autres que vous voudrez éviter ?
Peu importe, l'adversaire et je vous le dis sincèrement ! Il y a tellement de surprises à la CAN. Nous sommes dans le chapeau 3, on n'a pas les mains liées. Si nous étions dans le chapeau 1, je vous dirai que j'aurai aimé rencontré tel ou tel mais ce n'est pas le cas. À nous d'être performants.
Qu'attendre de la Mauritanie pour cette CAN ?
De faire mieux que les précédentes éditions. Nous irons chercher un résultat positif car pour l'instant, la Mauritanie n'a pas encore gagné un match. L'objectif est de surpasser.
Que représente la Coupe d'Afrique des Nations à vos yeux ?
C'est le sommet. Cette compétition est magique. Nous, qui sommes issus des quartiers, on voit des minis CAN partout. Les gamins qui prennent part à ces compétitions rêvent d'être à la grande CAN et nous avons l'opportunité d'y participer. Il nous tarde d'y être.