À Ouagadougou, un projet de loi sème le trouble auprès des journalistes du pays. Ce projet présenté au dernier Conseil des ministres permettrait au chef de l'État de nommer directement le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), une instance ayant autorité pour attribuer ou retirer des fréquences aux radios ou aux télévisions.
À peine l'annonce faite, l'interprofession des journalistes s'est réunie jeudi 5 octobre lors d'une conférence de presse à Ouagadougou pour dénoncer le projet de loi. « Nous osons espérer que cela ne passera pas », a lancé un journaliste. Quatre représentants des Organisations professionnelles des médias ont fermement communiqué leur opposition à ce projet présenté par le ministère de la Justice et des Droits humains.
Pour le journaliste Guézouma Sanogo, président du comité de pilotage du centre de presse Norbert Zongo, cette réforme est une « négation totale du régime de la liberté de la presse ». Selon les médias burkinabè, nommer le patron du Conseil supérieur de la communication (CSC) directement par la présidence discrédite la notion même d'indépendance de l'institution et des décisions qu'elle pourrait prendre ultérieurement.
Deux interprétations antagonistes d'un même projet
Au contraire, lors de la présentation du projet de loi, Jean-Emmanuel Ouedraogo, le ministre de la Communication, soulignait que, selon lui, la réforme du CSC permettrait une plus grande souplesse de fonctionnement de l'institution, garantirait sa stabilité et élargirait son champ d'intervention.
Si le projet abouti, le CSC régulera les médias, mais aussi les réseaux sociaux, puisqu'un profil détenant plus de 5 000 abonnés sera considéré comme un média à part entière, et sera donc soumis aux mêmes règles qu'un média classique.
Depuis la présentation de la réforme, les journalistes burkinabè, inquiets, demandent activement à l'Assemblée législative de ne pas l'adopter.