Afrique Centrale: Les souvenirs de la musique congolaise - Création et épopée de l'orchestre « Viva La Musica »(1)

« Y que Viva La Musica ! » (que vive la musique !), est un cri de guerre ou d'animation qui signifie dans le jargon musical congolais : ambiance, appel à la fête. C'est une hymne pour l'euphorie collective dans la danse, un cri que lançait souvent Jhonny Pacheco à l'endroit du public lors d'un concert organisé en 1974 au stade Tata Raphaël à Kinshasa, en compagnie du groupe Fanla All Stars de Jerry Massucci, à l'occasion du combat du siècle de Mohamed Ali et Georges Foreman avec les virtuoses de la Salsa, Celia Cruz et Pete Conde Rodriguez.

Pour la petite histoire, Papa Wemba était témoin de cet événement comme tous autres amoureux de la musique. Après avoir assisté au concert, il retient l'expression « Y que viva la musica ! », un nom qu'il a attribué à son orchestre « Viva la Musica », qu'il a créé le 26 février 1977, après avoir quitté ses amis du Zaïko Langa Langa, Isifi, Isifi Lokole, Yoka Lokole, des formations musicales du clan Langa Langa au sein desquelles Wemba a successivement évolué et qui étaient caractérisées par des terribles luttes de positionnement. Chaque ténor cherchait à prendre de l'ascendant sur le reste du groupe, ce qui avait entraîné des scissions à répétitions.

Au départ, un conflit avait opposé Mavuela Somo et Shungu Wembadio. Esseulé, ce dernier était contraint par le bouillant Mbuta Mashakado, en décembre 1976, de céder le micro en plein concert et de quitter honteusement le mouvement.

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Deux versions différentes avaient marqué cet événement. La première, qui pouvait être qualifiée de populaire, avait mis en exergue la querelle de leadership entre Wemba et Mavuela Somo, née entre autres de l'abandon dont était victime Shungu Wemba pendant son incarcération à la prison de Makala en 1976, et surtout de son isolement au profit du tandem Mavuela et Mbuta Mashakado, se considérant comme étant d'origine Kinoise.

La deuxième version, puisée à travers l'ouvrage intitulé « la musique congolaise du 20ème siècle » de Mfumu, avançait que Wemba, sentant que Mavuela s'imposait comme patron de l'orchestre, avait tenté de renouer avec l'orchestre Isifi, en repétant en secret avec Evoloko. A la suite de cette rumeur, les autres membres du groupe avaient décidé de l'écarter. Ce faisant, Pesho wa Ngongo avait suggéré à Papa Wemba de monter son propre groupe. Devant l'hésitation de Papa Wemba, Pesho wa Pesho avait tenté une négociation qui avait bouti au retour de Papa Wemba dans Yokoa Lokole, avant d'y être chassé en plein concert, décembre 1976.

Têtu opiniâtre, Pesho était revenu sur l'idée de la création d'un orchestre en obtenant le parrainage de Soki Vangu, lequel mettait un équipement à la disposition de Papa Wemba, afin de punir Mavuela dont Soki Vangu soupçonnait d'une ydille avec son amie Getou Salay. C'est ainsi que Viva la musica était créé et avait effectué sa première sortie officielle le 26 février 1977 au bar Type K.

Après la création de « Viva la musica », Shungu Wembadio était devenu Papa Wemba. Le siège de l'orchestre était installé à son domicile situé au n° A 42 de la rue Kanda kanda à Matongué, détrônant ainsi le n° 6 de la rue Wafania à Yolo Nord, fief d'Evoloko.

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