En perspective du match amical Sénégal-Cameroun prévu le 16 Octobre au stade Bollaert de Lens (France), Aliou Cissé a dégagé hier, vendredi, une liste de 26 joueurs. En plus du retour de certains dont Nampalys Mendy et Noah Fadiga on peut noter aussi l'arrivée en sélection A de l'arrière droit Mamadou Sané. Le sélectionneur des Lions a profité de sa conférence de presse pour expliquer les choix opérés à différents postes et fixer ses objectifs pour ce match préparatoire aussi bien pour le début des qualifications à la Coupe du monde United2026 que de la phase finale de la CAN 2023 prévue du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d'Ivoire.
SENEGAL / CAMEROUN, 6 ANS APRES
« Depuis 2017, où on a rencontré cette équipe en quart de finale, certains joueurs sont encore là. Cela montre notre stabilité et cette faculté qu'on a pour garder un groupe qui est construit pour travailler. En réalité, de 2017 à aujourd'hui, il y a quatre, cinq ou six joueurs qui sont encore là. J'ai envie de dire que ces joueurs sont là base de cette équipe nationale. C'est la colonne vertébrale et ce sont les cadres qui sont encore là. C'est notre façon de travailler. C'est important d'être dans une continuité et l'histoire nous a montré que c'est cette continuité-là qui nous fait gagner ».
ABSENCE DE BOUNA SARR
« Ma relation avec Bouna, tout le monde la connaît. L'arrivée de Bouna Sarr fait partie des périodes où j'ai été le plus critiqué dans cette équipe nationale. Je connais Bouna, je connais ses qualités. Je suis un fervent défenseur de Bouna. Mais, les réalités sont sportives. Il joue au Bayern c'est un groupe de performance, mais il y a aussi d'autres garçons qui ne jouent peut-être pas au Bayern mais qui ont un temps de jeu beaucoup plus conséquent que celui de Bouna.
Sur ce mois d'octobre, j'ai décidé de ne pas le prendre mais cela ne veut pas dire qu'il ne sera pas là au mois de novembre ou janvier, à la Can. On a préféré en réalité la compétitivité d'un jeune garçon qui a fait toute nos équipes, Mamadou Sané où beaucoup d'entre vous disaient qu'on pouvait le voir sur un match amical. On va voir ce que ça vaut. Ça ne veut pas dire qu'il va forcément commencer le match mais le voir pendant une semaine ou 10 jours ça peut être également intéressant ».
GENRE DE MATCH ?
« Déjà nous jouons contre une grande équipe, un grand d'Afrique qui regroupe en son sein de grosses individualités. Ça sera un match très important. Et on a l'habitude sur les matchs importants, de faire de notre mieux et surtout de faire de bonnes choses. Contre l'Algérie, il y a eu des choses très intéressantes qui ont été faites bien que nous devons faire progresser sur de petites choses. A travers ce match contre le Cameroun, ce que j'attends c'est qu'on puisse réagir déjà par rapport à la défaite contre l'Algérie et recommencer à gagner à nouveau ».
CONVOCATION DE NOAH FADIGA
« On connaît son passé avec Brest mais heureusement pour lui, il a pu reprendre avec Gantoise. Depuis quelques temps il joue et il enchaîne les matchs même si ce n'est pas tout le temps. Il est compétitif et on lui a donné l'aval pour jouer. A partir de ce moment, c'est de notre responsabilité et il redevient sélectionnable. Nos médecins vont continuer à regarder vérifier pour que l'autorisation qui a été donnée en Belgique que nous puissions donner cette même autorisation pour que le garçon puisse jouer. S'il est là c'est parce qu'il est sélectionnable ».
BAISSE DE FORME DE EDOUARD MENDY, RETRIBUTION DES CARTES ?
« Je connais les qualités de Edouard Mendy. Je sais ce qu'il a eu à prouver tout le long de sa carrière et en équipe nationale. Il faut analyser et évaluer d'une manière autocritique ses performances. Souvent quand on prend un but la seule chose qu'on regarde le gardien mais vous ne m'avez jamais entendu ici pointer du doigt un de mes joueurs. Je parle dans l'ensemble. C'est tout un système, tout un comportement quand on prend un but. C'est un état d'esprit qu'il faut changer. Il y a des vues qui sont des erreurs individuelles mais je pourrais analyser surtout les buts qu'il prend. Certains sont de sa faute mais d'autres j'ai envie de dire que c'est tout le système défensif qu'il faut critiquer. Quand on prend un but c'est pour tout le monde. Ce n'est pas seulement la faute du gardien ».
MENDY TITULAIRE ?
« On ne peut pas garantir un poste de titulaire à aucun joueur. Je n'ai jamais garanti un poste à un joueur de l'équipe du Sénégal. Je ne promets pas de poste de titulaire à qui que ce soit. Le discours est clair pour tout le monde, même pour les nouveaux. Je leur dis que tu viens mais tu vas retrouver d'autres grands joueurs. Je ne promets de poste de titulaire à qui que ce soit ».
MORAL DES JOUEURS
« Une défaite reste une défaite. Sur ce match-là on a évalué ce que nous avons fait de bien. Dans cette rencontre. Nous avons fait des choses intéressantes durant pratiquement toute la rencontre. On a fait également des choses peu bien et il va falloir qu'on progresse là-dessus. Le Cameroun n'est plus à présenter. C'est une grande équipe mais ça fait partie de notre philosophie depuis qu'on s'est qualifié contre le Mozambique on a enchaîné avec le Bénin en amical avec le Brésil, l'Algérie et encore avec la Cameroun. Cela veut dire qu'on n'a pas choisi la facilité.
On aurait pu choisir une équipe de seconde zone, gagner et ne pas voir nos lacunes. Aujourd'hui elles sont visibles et je sais ce que j'ai à faire. Les joueurs savent ce qu'ils doivent faire. D'ailleurs, on a toujours fonctionné comme ça tout au long de notre parcours. C'est un match important. Comme chaque match il est important d'être au complet. C'est-à-dire être équilibré pour bien défendre et créer le chaos chez l'adversaire quand on a le ballon. C'est l'occasion pour nous de réagir après la défaite contre l'Algérie et ce match tombe bien ».
OPERATION DE RACHAT FACE AU CAMEROUN ?
« Ça reste un match amical. Même si une défaite reste une défaite. Sur ce match, il y a eu de très bonnes choses qui ont été faites. On aurait pu choisir une équipe autre que l'Algérie ou le Cameroun. Mais c'est dans ces réalités qu'on a envie d'évoluer. Le match contre l'Algérie à été typiquement un match africain dans l'intensité, dans tout ce que je voulais dans cette préparation. Je n'ai aucun doute contre le Cameroun. Je crois que c'est ce que veulent les joueurs et c'est pareil de mon côté.
Nous préparons la Can et la seule chose importante pour nous c'est ce premier match d'ouverture qu'on va jouer à la Can. Et bien sûr les éliminatoires de la Coupe du monde qui vont venir dès le mois de novembre. Ces matchs amicaux doivent nous permettre de nous parfaire. Nous ne préparons pas une défaite, nous préparons ces matchs pour pouvoir les gagner. La seule chose importante c'est de conserver notre titre ».
LE TIRAGE DE LA CAN
« Vous avez vu les 24 équipes qualifiées? Cela veut dire que ça ne sera pas un tirage facile. Quand vous regardez l'évolution du football africain, il n'y a plus de petite équipe. Toutes les équipes se préparent. Nous respectons tout le monde et nous savons que sortir des poules ce n'est pas évident mais en réalité notre ambition c'est d'abord sortir de ces poules. Pour le tirage, nous sommes tous un peu sous pression. Ce qui est sûr c'est que nous aurons un gros d'Afrique et derrière des équipes qui sont capables de défendre sur un ou deux matchs. Depuis 2017 on est à la Can on sait que tous les matchs seront difficiles. Le contexte en Afrique est compliqué. Mais on a le vécu, l'expérience. Nous allons dans cette Can en étant les tenants du titre et on est prêt pour le conserver ».
NOUVEAU SOUFFLE DE L'EQUIPE NATIONALE ?
« On est en train de le faire et ça ne date pas de maintenant. Les jeunes sont en train d'arriver mais avec l'expérience et le vécu, à quelques mois de la compétition, il ne faut pas faire une révolution. Les jeunes sont en train de pousser il faut leur laisser de la place aussi, les intégrer progressivement mais loin de penser que je vais faire une révolution à quatre mois de la compétition. Les joueurs qui sont là sont expérimentés et je suis très satisfait de ces garçons-là. Ils font correctement leur job.
La génération de Gana Gueye, Cheikhou Kouyaté, Sadio Mané, Kara Mbodji sont arrivés et ils ont trouvé une génération constituée de Papiss Demba Cissé, de Dame Ndoye etc. et petit à petit ils se sont installés. D'autres générations sont en train d'arriver. Il faut juste faire attention de ne pas créer en un moment donné des problèmes dans notre groupe et créer le syndrome de 2002 et 2004. J'ai entendu dire que des gens parlaient de syndrome de 2006, je ne sais pas ce qui s'est passé je l'ai lu dans les journaux.
En 2006 on a fait une bonne Can. On aurait pu aller en finale si on n'avait pas été volé en Égypte. En 2002, c'était historique. Le Sénégal a été finaliste. De 2002-2003 et 2004, 80% de cette équipe a été enlevé. C'est cette erreur là qu'il faut éviter de faire. Ça tombe bien car j'étais dedans. Cette expérience devrait me servir de ne pas faire une révolution à quatre mois d'une compétition très importante ».
SUPERVISEURS
« Ce n'est pas le moment d'en parler. On est en phase de préparation. Dans chaque compétition on a besoin de superviser nos adversaires. Mais notre staff est outillé pour savoir ce que nos adversaires sont en train de faire. Organisation de la Can pour le Sénégal ? Il y a un article qui est sorti dans la presse Algérienne et j'en ai parlé avec le président de l'Anps, Abdoulaye Thiam où il me demandait si c'était moi q u i avais fait cette déclar a t i o n . J'aimerai bien que notre pays puisse organiser cette Can-là. Depuis 1992, le Sénégal n'a pas encore organisé une Can. Je pense aujourd'hui, avec les infrastructures qui sont en train de germer dans notre pays, on est en droit de rêver un jour que le Sénégal arbitrera la Can. Ça sera une grosse satisfaction pour nous avec ou sans moi ».
TROP DE MATCHS DES JOUEURS
« Les réalités d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes quand on jouait. Nous, on disait que les matchs s'enchaînent d'une manière insoutenable. Depuis quelques années, les compétitions augmentent. Nos garçons avec nos équipes nationales n'ont pas de répit. Il n'y a pas beaucoup de récupération. Cela impacte aussi les performances de l'équipe. D'où l'importance d'avoir aussi des doublures et d'avoir un groupe un gros noyau de joueurs qui vous permettra avec l'accumulation des matchs de pouvoir changer. Je suis tout à fait d'accord que l'intensité est très élevée sur nos joueurs que l'équipe nationale reçoit parfois. Je pense que les autorités de la Fifa devraient être un peu plus regardant sur l'intensité des matchs ».
JOUEURS QUI DEPASSENT LA TRENTAINE
Il y a des choses auxquelles j'ai assisté. J'étais footballeur et je fais partie de la génération 2002 où on avait fait une Coupe du monde et une finale de la Coupe d'Afrique. Mais, à partir de 2003, le débat est installé sur l'âge des joueurs et le fait qu'il faut les enlever et amener une nouvelle génération. Je ne suis pas dans cette philosophie-là. Ces garçons qui sont là sont là stabilité de cette équipe et c'est très important. Il y a encore des rescapés de 2017 et cela prouve encore là stabilité de cette équipe.
Il n'y a pas de vieux dans cette équipe. Il y a des joueurs expérimentés et on a besoin de ça. Je ne suis pas en train de faire du favoritisme. Ce sont des garçons qui sont là et qui ont fait de très bonnes choses. La concurrence est également là et ils le savent. Les jeunes ont besoin de l'expérience des moins jeunes. C'est tout ça qui constitue une équipe. J'ai 23 joueurs qui ont la même philosophie et la même envie qui est de conserver notre titre en Côte d'Ivoire. On essayera de constituer un groupe équilibré avec la bonne mentalité et les bonnes habitudes pour qu'on puisse atteindre nos objectifs ».
INQUIETUDE EN DEFENSE ?
« C'est inquiétant et on est conscient de notre assise défensive. Ce n'est pas un problème individuel mais c'est surtout tout un système défensif où les comportements doivent changer. C'est un chantier on va conscientiser nos joueurs dans ce domaine-là pour éviter de prendre des buts. Mais tous les buts qu'on prend ce sont des buts qu'on peut éviter. Mais dans le football s'il n'y a pas d'erreurs individuelles, il n'y a pas de buts. C'est à nous de faire en sorte que ces erreurs individuelles qu'on arrive à les gommer pour défendre collectivement ».