Afrique du Nord: Attaques Hamas contre Israël - A chacun ses terroristes dans l'espace et le temps

C'est un véritable coup de tonnerre, accompagné d'une pluie de feu, d'une tempête de balles, de torrents de larmes et de monticules de macchabées, qui a déchiré le ciel serein d'Israël depuis samedi dernier. Pas de doute, 50 ans et 24 heures après l'éclatement de la première guerre israélo-arabes de 1973, c'est un nouveau conflit qui a éclaté ce 7 octobre.

C'est une guerre totale, au regard du modus operandi des belligérants, qui a refait surface entre ennemis héréditaires avec un grand risque d'un nouvel embrasement du Proche-Orient. En effet, samedi 7 octobre au petit matin, les habitants des territoires occupés de Gaza en Palestine ont été surpris par une « attaque combinée, comprenant des tirs de roquettes et des infiltrations de terroristes en territoire israélien depuis la bande de Gaza », pour reprendre les mots du ministre israélien de la Défense, Yoav Galant. « Nous sommes en guerre, il ne s'agit pas d'une simple opération ou d'un cycle de violence, mais bien d'une guerre et nous allons gagner », a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dans un message vidéo. « L'ennemi paiera un prix sans précédent. »

Dans le même laps de temps, dans un message audio diffusé par la télévision du Hamas, le commandant de sa branche armée, Mohammad Deif, annonçait avoir déclenché l'opération « déluge d'Al-Aqsa » contre Israël, précisant avoir tiré plus de «5000 roquettes ». « Nous avons décidé de mettre fin à tous les crimes de l'occupation », a ajouté le chef des brigades Ezzedine al-Qassam, dans ce message.

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Pas de doute, le Proche-Orient est en train de vivre une énième guerre israélo-palestinienne car face à l'offensive militaire surprise du Hamas, tirant des milliers de roquettes et infiltrant des combattants en territoire israélien, la riposte israélienne baptisée « Sabre d'acier » est vigoureuse. Hier, en milieu de journée, l'armée israélienne reconnaissait avoir subi de lourdes pertes, avec la mort d'une trentaine de soldats, de plus de 500 civils, sans oublier la prise d'environ 300 otages par le Hamas.

Des pertes qui s'expliquent, entre autres, par la surprise dont a usé le Hamas et son allié du Hezbollah qui, depuis le Liban, tire aussi des roquettes sur les territoires occupés de Gaza et sur Israël. L'escalade, avec tout le Proche-Orient qui pourrait s'embraser, n'est donc pas loin. Israël a ainsi fait appel à tous les réservistes de son armée et organise l'évacuation de ses citoyens des territoires de Gaza, l'objectif étant de les éloigner du front, en prévision des rudes combats qui s'annoncent.

Comment en est-on arrivé là ? Faut-il craindre un embrasement régional ? Quelles conséquences pour la paix mondiale ?

En vérité, c'est une surprise que Tsahal, l'armée israélienne, ait été surprise par cette attaque complexe des brigades Ezzedine al-Qassam, l'aile militaire de l'organisation islamiste Hamas. Où est donc passé le MOSSAD, le service de renseignement israélien, si performant dans un passé récent ? Et ses alliés des pays occidentaux ? La CIA, la DGSE, le M 6, etc. C'est à croire qu'à force d'avoir les yeux rivés sur Kiev, Tripoli et les capitales sahéliennes, toutes ces grandes oreilles et ces yeux du monde occidental qui scrutent, analysent et font des projections sur l'avenir du monde en sont arrivés à oublier le plus vieux conflit du monde. Se peut-il que l'armée israélienne n'ait pas vu venir « le Déluge Al- Aqsa », une offensive préparée vraisemblablement sur de longs mois vu le mode opératoire, y compris le choix du jour et de l'heure de son déclenchement ? Surprise, Tsahal a-t-elle brandi son " Sabre d'acier " à l'aveuglette ?

On ne remontera pas à Mathusalem pour évoquer les accords du Camp David et ceux d'Oslo en oubliant les mille et une recommandations de l'ONU sur la résolution de ce conflit qui, imparfaitement mises en oeuvre n'ont jamais permis de conjurer une situation de guerre permanente entre les deux peuples. Chaque camp, Palestiniens et Israéliens, a ses faucons, Yasser Arafat, son Fatah et Yitzhak Rabin et son Israël Policy Forum, n'auront été que des colombes qui n'ont pas volé bien haut avec leur prix commun de Nobel de la paix en 1994.

Cette offensive « Déluge d'Al-Aqsa » et cette riposte du « Sabre d'acier » sont un inquiétant et douloureux rappel que le contentieux historique entre Israéliens et Palestiniens, pour ne pas dire le monde arabe, reste pendant, affectant durablement les relations internationales et la paix mondiale. Ce n'est pas pour rien que de Washington à Bruxelles, en passant par Londres et Paris, l'on s'inquiète, appelant à la retenue pour éviter l'escalade avec cependant des déclarations, des attitudes et promesse ouvertes de soutien à Israël contre cette « agression terroriste » du Hamas, d'une part. D'autre part de Téhéran à Pékin, en passant par Damas, Ankara et Moscou, on appelle à la « retenue de toutes les parties », sans parler d'« agression terroriste ». Chose qui nous rappelle que la détente dans les relations internationales après la chute du Mur de Berlin n'a pas construit des ponts suffisamment au-dessus des rivalités politiques, idéologiques et géostratégiques datant de la guerre froide.

Cela est d'autant vrai que selon le combat que tu mènes, l'idéologie que tu défends, les capitales que tu fréquentes, tu es un terroriste, un patriote ou un défenseur des droits de l'homme et des peuples, selon les circonstances de lieu et de temps. Ainsi, les Israéliens ont leurs terroristes, le Hamas et le Hezbollah, les Palestiens ont les leurs, Tsahal et les colons israéliens dans la bande de Gaza. On peut multiplier ce genre de clichés à souhait, d'Al Qaeda contre les Etats-Unis, des Turcs contre les Kurdes, etc., pour en arriver au Sahel ou des groupes armés sans foi ni loi, en véritable nébuleuse du crime organisé, prétendent fonder un ou des khalifa au Sahel.

A chacun donc ses terroristes et si par pur humanisme les peuples du Sahel doivent être solidaires de toutes les victimes dans cet énième conflit israélo-palestinien, nos Etats doivent opportunément rappeler à la communauté internationale et à son organisation faîtière, l'ONU, qu'une paix durable au Proche-Orient passe nécessairement par la solution de 2 Etats pour 2 peuples appelés à vivre côte à côte en frères.

A ce propos, ont attend de voir ce que décidera le Conseil de sécurité qui devait se réunir d'urgence hier soir, tout comme la Ligue arabe que le Maroc appelle à se réunir rapidement. Pour le moment, c'est le vacarme des armes qui se fait entendre à Gaza, dans la logique du « chacun combat ses terroristes. »

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