Le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 4 octobre 2023, a adopté un décret portant reconnaissance de la qualité de héros de la Nation à Feu capitaine Isidore Thomas Noël Sankara. La consécration du statut de héros de la Nation au père de la Révolution d'août 1983, au-delà de la revitalisation de la mémoire des grands hommes que le Burkina Faso a connus dans sa marche victorieuse vers le progrès, vise à pérenniser les valeurs cardinales qui fondent la République.
L'adoption de ce décret permet l'application des dispositions de la loi n°005- 2022/ALT du 17 juin 2022 portant statut de héros de la Nation. Trente-six ans après sa mort à la suite d' un coup d'Etat, Sankara entre au « Panthéon » des grands hommes de notre pays. Un juste retour, quand on sait que dans bien de pays, ce fils prodigieux est magnifié pour son immense oeuvre léguée à jamais à l'humanité. Sankara, c'est le reflet de toutes les préoccupations d'une Afrique violentée, violée, pillée qu'il dénonçait avec flegme, mais avec des arguments solides.
Si à l'époque son discours « amusait », parce que peu de chefs d'Etat africains ne pouvaient se donner le courage de dire haut et fort ce qu'il murmurait entre quatre murs, aujourd'hui, il y a lieu de le dire, la donne a changé. Trente-six ans, c'est bien une génération de femmes et d'hommes qui n'ont connu ce grand monsieur que par la pensée, les images, les récits et les actes.
Une génération qui a ruminé sa frustration, et attendu son heure pour sortir du bois et dénoncer tout le mal, toute l'injustice que l'Afrique a subie, depuis le premier contact avec des soi-disant « bienfaiteurs » venus apporter la civilisation à des peuples et qui, en sourdine, sont plutôt venus piller. En portant Sankara au rang de héros national, le Burkina s'approprie son fils qui a mené le bon combat, et qui est tombé les armes à la main.
Aujourd'hui, ce qui compte c'est la promotion d'un leader qui, depuis sa jeunesse à Gaoua, a été un meneur. La vie militaire de Sankara a été un exemple de courage et d'intégrité à la tête de la garnison des soldats de Pô. Une vie d'engagement que le temps n'a pu éroder. Au contraire, la poursuite de relations iniques, inéquitables a fini par faire ressortir les idées fortes de « Thom Sank » et à les mettre au goût du jour.
Certaines de ses célèbres phrases, à l'image de « quand le peuple se met debout, l'impérialisme tremble », résonnent encore dans les oreilles. La marche plus que jamais sera rude, par moments ensanglantée avec les terroristes de tout acabit. Si le mur national n'est pas lézardé, alors ce sera bien la naissance d'une nouvelle relation avec ceux qui nous ont toujours considérés comme une banque où ils ont conservé leurs biens et peuvent en toute liberté venir se servir.
Le sous-sol, le sol, les eaux, les hommes. Les autorités de la Transition ont donné l'exemple, à commencer par ces travailleurs des garderies populaires, virés à l'époque et réhabilités en toute justice. A quelques jours du 36e anniversaire de sa mort, Sankara continue de fasciner l'Afrique et le monde. Son pays lui rend, enfin, officiellement ce que l'Afrique lui a déjà consacré, car il est naturellement un héros africain dans l'esprit et le coeur de la jeunesse du Burkina et de tout le continent.
Il suffit de lire l'actualité sur le continent, de parcourir toutes ces études, travaux de recherches, et même les témoignages de certains dirigeants sincères pour se convaincre que son idéologie anti-impérialiste, son intégrité, son combat pour le consommons local, l'émancipation de la Femme, la préservation de la nature... continuent d'inspirer. L'école Sankara a sa place dans nos classes, à tous les niveaux.