Tunisie: Avec le festival Dream City, comment culture et jeunesse revigorent la médina de Tunis

À Tunis, la médina s'est animée pendant plus de deux semaines avec les sons de Dream City. Pour sa neuvième édition, ce festival, qui mélange expositions, installations, débats, danse et concerts, a trouvé son public auprès des jeunes en quête de culture. Ces journées festives permettent aussi de réinvestir des lieux oubliés ou délaissés de la Medina, et de travailler à la revalorisation du patrimoine à travers la jeunesse.

C'est sur le toit d'une ancienne église restaurée en centre culturel que deux jeunes exécutent des pas de danse, pour exprimer les dix années de transition post-révolution de la Tunisie. Une chorégraphie intitulée « Bon deuil » qui a plu à Maha Baaziz, 27 ans et étudiante en master de cinéma. « J'ai beaucoup aimé le côté déphasé, qu'ils jouent sur ça, que leurs mouvements ne soient pas toujours synchronisés, et que l'on n'arrive pas à anticiper la suite, explique-t-elle. Cela exprime bien l'état d'esprit de tout le monde ici : on ne sait pas de quoi demain sera fait. On n'est sûr de rien ».

Il faut s'enfoncer dans les ruelles de la vieille ville pour atteindre la Caserne El Attarine, construite en 1813 et devenue une bibliothèque sous le Protectorat français. Zeineb Ettaieb, 21 ans et étudiante en architecture, est bénévole pour Dream City. Elle en profite aussi pour découvrir ce patrimoine oublié. « C'est ce que j'adore avec Dream city, souligne-t-elle. Il y a pleins d'endroits que l'on ne connaissait pas et que l'on découvre pour la première fois grâce au festival. Malheureusement, on se rend compte aussi qu'ils ne sont pas entretenus. Donc, j'espère que leur réouverture va donner l'impulsion pour les restaurer convenablement ».

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« Ça fait 16 ans qu'on existe aujourd'hui, c'est un engagement total »

Dream City est porté par l'Art Rue, association tunisienne basée dans la médina qui oeuvre à l'inclusion des jeunes dans le quartier et qui promeut l'art et la culture. Un engagement d'autant plus important que le festival assume ses thématiques politiques et sociales à chaque édition. Sofian Ouissi, danseur et chorégraphe, co-fondateur de l'Art Rue et du festival, explique comment s'est déroulé cette édition, malgré les menaces qui pèsent sur la liberté d'expression et une situation politique incertaine.

« Je ne fais pas de la politique mais ce qu'on fait ici c'est vraiment l'engagement total pour le respect des libertés individuelles, affirme-t-il. Donc, nous, l'intérêt, c'est la dignité des corps, de défendre chaque citoyen et chaque citoyenne, c'est l'ensemble du projet de l'Art rue à l'année et ça fait 16 ans qu'on existe aujourd'hui, c'est un engagement total ».

Il enchaîne : « On est en plus artiste, on est là pour pousser des limites, pour interroger ces limites, c'est notre métier, c'est notre devoir en tant qu'artistes engagés. Il y a une vraie collaboration malgré cet état de crise et ces urgences. On rencontre aussi au sein des institutions des gens complètement investis, complètement engagés. Il y a du positif, heureusement, au sein des directions, il y a des gens qui ont envie de faire, et qui sont aussi dans la même philosophie, dans la même optique. On a eu aussi une très très bonne collaboration avec la ministre de la Culture, qui a ouvert vraiment les portes, de manière très claire, cette année. »

Le festival Dream City s'est achevé ce 8 octobre 2023. Une quarantaine d'oeuvres avec des artistes de 18 pays répartis dans la médina ont abordé de nombreux thèmes tels que les révolutions, la transition écologique, les luttes antiraciste et féministe...

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