Des morts par centaines et des blessés par milliers
Le mouvement islamiste Hamas a lancé samedi 7 octobre une attaque-surprise contre Israël tirant des milliers de roquettes depuis la bande de Gaza et infiltrant des centaines de combattants en territoire israélien, où il a aussi capturé plusieurs civils et militaires.
Cette opération baptisée « déluge d'Al-Aqsa » a mis fin à une trêve globalement respectée depuis la fin d'une guerre de cinq jours entre Israël et les mouvements de résistance dans le territoire palestinien en mai dernier.
L'attaque du Hamas, d'une ampleur sans précédent, a été lancée quasiment 50 ans après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement au dépourvu, entraînant la mort de 2.600 Israéliens et faisant au moins 9.500 morts et disparus côté arabe en trois semaines de combat.
Hamas : l'opération vise à « mettre fin à tous les crimes de l'occupation »
Les Brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé avoir déclenché l'opération «déluge d'Al-Aqsa» contre Israël et avoir tiré plus de «5.000 roquettes» pour «mettre fin à tous les crimes de l'occupation».
Hamas a affirmé dans une vidéo avoir «capturé plusieurs soldats ennemis» et les Brigades Al-Qods, la branche armée du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir «de nombreux soldats» israéliens.
Le porte-parole de l'armée a confirmé que des "soldats et des civils israéliens" avaient été enlevés, mais sans fournir aucun chiffre. Par contre, le site d'information israélien en ligne Ynet a avancé « une estimation d'une centaine de personnes enlevées ».
Selon l'AFP, des Israéliens à la recherche de leurs proches introuvables étaient interrogés en boucle sur les radios et les télévisions israéliennes dimanche. Certains expliquaient les avoir vus sur des vidéos d'otages du Hamas à Gaza circulant sur les réseaux sociaux. Les médias énuméraient aussi dimanche matin les noms des Israéliens tués samedi et identifiés.
L'armée israélienne a publié sur un site internet spécial les identités de 26 soldats, hommes et femmes, tués depuis samedi.
Profitant de l'effet de surprise, des membres du Hamas à bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes se sont joués de l'imposante barrière érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.
Il s'agit de l'escalade la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis des décennies.
Les combats ont fait «au moins 600 morts» et «plus de 2.000 blessés» côté israélien, selon l'armée.
Dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne mène depuis samedi des dizaines de frappes aériennes en représailles, Hamas a dénombré 256 morts et 1.788 blessés.
« Ce qui s'est passé aujourd'hui est sans précédent en Israël », a reconnu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une allocution télévisée. « Tous ces endroits où le Hamas se cache (...) nous allons en faire des ruines ».
«Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire », a affirmé de son côté Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.
Netanyahu : La guerre sera «longue et difficile»
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti dimanche les Israéliens qu'ils étaient "embarqués dans une guerre longue et difficile" ayant déjà fait des centaines de morts de part et d'autre.
"Il ne s'agit pas d'une simple opération ou d'un cycle de violence, mais bien d'une guerre (...) et nous la gagnerons", a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Samedi soir, il a promis que l'armée utiliserait "toute sa puissance" pour "détruire les capacités" du mouvement palestinien et appelé les Gazaouis à évacuer la bande de Gaza, promettant de réduire en "ruines" les cachettes du Hamas.
Faillite «majeure» des services de renseignement israéliens ?
Certains analystes ont mis l'accent sur la faillite des services de renseignement israéliens. «C'est une faillite majeure des services de renseignement israéliens. C'est une faillite qu'on pourrait même qualifier d'historique, et qui pourrait être, sans exagération, comparée à celle de 1973. Israël est un pays qui est en état d'alerte permanent, qui est sur le pied de guerre, qui est sur le qui-vive. Or, aujourd'hui, on constate un certain degré d'impréparation, probablement une erreur d'analyse d'estimation des services de renseignement israéliens. C'est probablement aussi une erreur de préparation des forces spéciales israéliennes», a souligné David Khalfa, codirecteur de l'Observatoire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean-Jaurès dans une déclaration à France 24.
Il a indiqué que les services de renseignement israéliens misaient davantage sur une attaque venant du nord, menée par le Hezbollah du Sud-Liban, cette offensive, à la fois terrestre, aérienne et marine les a surpris.