Trois députés français, en visite au Soudan du Sud, ont rencontré des réfugiés dans le camp de Gorom, ce 9 octobre 2023. Ces Soudanais ayant fui la guerre dans leur pays leur ont fait part de leur désoeuvrement et potentiellement et de leur tentation d'un nouvel exil en Europe.
La visite de trois députés français à Juba, au Soudan du Sud, s'est achevée ce 9 octobre 2023. Christophe Marion, qui préside le groupe d'amitié France-Soudan à l'Assemblée nationale, ainsi qu'Amélia Lakrafi et Michèle Peyron, ont rendu visite aux réfugiés soudanais qui vivent dans des conditions très difficiles, au camp de Gorom, près de Juba.
L'occasion de recueillir leurs témoignages et de réaliser l'urgence d'accroitre l'aide internationale pour que ces réfugiés ne deviennent pas des migrants en fuyant le Soudan du Sud pour tenter leur chance en Europe. Ils sont plus d'un million à avoir fui le Soudan depuis le début de la guerre le 15 avril 2023.
Soins médicaux insuffisants, enfants déscolarisés : les députés français ont écouté les femmes réfugiées raconter leur quotidien, ici à Gorom.
Docteure en psychologie, Budura Tijani Haroun, 54 ans, évoque l'époque où elle vivait très bien à Khartoum. Mais aujourd'hui, « la vie est très difficile dans ce camp », explique-t-elle. « Nous ne travaillons pas, nous restons parqués comme des animaux. »
Comme elle, ingénieurs, enseignants, docteurs se retrouvent totalement désoeuvrés. Parmi eux, Eiman Adam, pharmacien : « Nous espérons que la guerre va se terminer rapidement dans notre pays, pour pouvoir rentrer chez nous. »
Pour le député Christophe Marion, les mauvaises conditions de vie des réfugiés ici risquent de pousser beaucoup à partir : « Si nous ne faisons rien, ces populations ne resteront pas au Soudan du Sud et à un moment ou à un autre, elles prendront le chemin de l'Europe. Moi j'ai rencontré des réfugiés qui me disaient : "Je souhaite poursuivre mes études en Europe, j'étais à l'université au Soudan, je veux donc partir en Belgique, à Paris, pour pouvoir continuer mes études, pour avoir une vie meilleure." Si à la fois nous n'agissons pas pour que la guerre cesse au Soudan, si nous n'augmentons pas notre aide humanitaire de façon à prendre en charge correctement ces réfugiés, clairement, ils prendront la route de la Méditerranée. »
Avant de repartir, les députés français ont rencontré, ce 9 octobre, le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et son premier vice-président Riek Machar. Des rencontres lors desquelles ils ont évoqué la crise humanitaire ainsi que les élections prévues pour fin 2024.