Rabat — La Journée nationale de la femme marocaine, célébrée le 10 octobre de chaque année, se veut un moment de réflexion et d'action pour évaluer les réalisations et les acquis en matière d'égalité et identifier les difficultés et les contraintes entravant l'émancipation et l'autonomisation de la femme.
Au cours de ces deux dernières décennies, la femme marocaine a accumulé des acquis importants dans le cadre d'une approche globale et participative basée sur l'écoute, l'engagement et l'accompagnement. Une démarche qui a contribué largement au renforcement de la présence féminine dans divers domaines, notamment politique, économique et social.
La promulgation du nouveau Code de la Famille en 2004, ainsi que l'adoption de la Constitution de 2011, qui consacre l'égalité entre les sexes, sont parmi les réformes les plus significatives entreprises par le Royaume sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour promouvoir le statut de la femme et renforcer son autonomisation. En effet, ces réformes ont marqué une avancée majeure dans la lutte pour les droits des femmes.
Interrogée à ce sujet, l'avocate Fatiha Chtatou, membre du bureau exécutif de l'Association nationale des barreaux du Maroc et ancienne présidente du réseau Injad contre la violence basée sur le genre, a souligné que la femme marocaine a réalisé d'énormes progrès au cours des deux dernières décennies, en accumulant des acquis constitutionnels, législatifs et politiques, consacrant sa présence active dans tous les domaines, y compris ceux qui ont été autrefois réservés aux hommes, à l'image de la profession de l'Adoul.
Parmi ces réalisations figurent le Code du travail et la loi n° 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, qui ont contribué au renforcement de la protection pénale des femmes, à l'institutionnalisation des cellules de violence et à la définition des formes de violence, outre la criminalisation d'actes qui ne l'étaient pas auparavant et le durcissement de certaines peines, a relevé Mme Chtatou dans une déclaration à la MAP.
Dans ce sens, elle a indiqué que la Constitution a interdit toute forme de discrimination à l'égard des femmes et a énoncé le principe de l'égalité hommes/femmes en matière de droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux, conformément à l'article 19, rappelant la création d'une autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination.
De même, elle a salué la ratification par le Maroc des conventions internationales visant à éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et à protéger les droits des enfants.
Par ailleurs, elle a relevé que malgré les avancées enregistrées, certains obstacles subsistent encore entravant l'accès des femmes aux postes politiques et de décision.
La persistance de la mentalité patriarcale, non seulement chez les hommes mais également chez certaines femmes, demeure l'un des principaux défis à relever pour favoriser l'autonomisation des femmes, a estimé cette actrice associative, ajoutant que cela se manifeste notamment dans la direction des partis politiques, des collectivités territoriales et d'autres institutions, même si les statistiques montrent que le nombre de femmes diplômées dans divers domaines dépasse celui des hommes.
Pour surmonter ces défis, il doit y avoir une réelle volonté politique, engageant l'ensemble des secteurs responsables, a-t-elle considéré, notant que le modèle de développement que le Maroc aspire à atteindre ne peut être réalisable sans la participation et l'implication des femmes dans la chose publique.
Vingt ans après l'entrée en vigueur du Code de la famille, l'expérience a démontré l'existence des lacunes et des déséquilibres dans sa mise en oeuvre, nécessitant une révision de certaines dispositions.
La récente lettre Royale adressée au Chef du gouvernement relative à la révision du Code de la Famille vient concrétiser la décision Royale annoncée par SM le Roi Mohammed VI dans le Discours du Trône de l'année 2022 et traduire la Haute sollicitude que le Souverain ne cesse d'accorder à la promotion des questions de la femme et de la famille en général.