À Abidjan, le Centre de counseling professionnel et de pastorale clinique (Copac) propose depuis 2018 des sessions de formation à l'accompagnement psychologique et psychosocial. En Côte d'Ivoire, « les problèmes de santé mentale sont stigmatisés, banalisés... On pourrait dire que c'est un problème tabou dans notre contexte culturel », explique un professionnel.
L'Afrique subsaharienne compte 1,6 professionnel en santé mentale pour 100 000 habitants, l'un des taux les plus bas au monde.
En Côte d'Ivoire, le Centre de counseling professionnel et de pastorale clinique (Copac), créé en 2018 au sein d'une université jésuite d'Abidjan, l'Institut de théologie de la compagnie de Jésus (ITCJ), propose des sessions de formation à l'accompagnement psychologique et psychosocial, reconnus comme des certificats universitaires.
Au Copac, on pratique ainsi la « psycho-éducation », c'est-à-dire la sensibilisation à la santé mentale. Le centre enseigne à tous publics, en particulier aux personnels de santé qui ne sont eux-mêmes pas formés, dans leur immense majorité, à ces problématiques spécifiques.
Le doctorant en psychologie clinique et psychopathologie, Brice Konan Kouamé, assistant de recherche au Copac, résume : « Il y a un manque d'effectifs, surtout au niveau des problèmes de santé mentale. Il y a d'abord peu de psychologues qui sortent des universités, peu de psychologues aussi sur le terrain... La psychologie, ici, n'est pas très répandue, c'est une discipline méconnue. Et les problèmes de santé mentale sont stigmatisés, banalisés... On pourrait dire que c'est un problème tabou dans notre contexte culturel. »
Pourtant, les besoins sont nombreux. Pour Jean Messingué, psychologue clinicien et directeur du Copac, les cas les plus fréquents en Côte d'Ivoire sont la dépression, les crises psychotiques et les syndromes de stress post-traumatique. « Il y a du stress post-traumatique lié, pour certaines personnes, aux souffrances du traumatisme collectif, de la violence et des guerres, souligne-t-il. Pour d'autres, il y a un événement déclencheur ».
La Côte d'Ivoire se range au troisième rang des pays où le taux de suicide est le plus élevé en Afrique. Et pourtant, elle ne compte que 35 établissements conventionnels de prise en charge sur tout son territoire.