Volte-face du président du Sénat. Il a retiré sa lettre de renonciation à la Haute cour constitutionnelle pour montrer sa volonté de reprendre les commandes.
Rebondissement sur l'affaire du transfert de pouvoir. Herimanana Razafimahefa, président du Sénat, compte reprendre la main pour devenir le chef d'Etat par intérim et part à l'assaut pour attaquer son propre camp politique. Dans une lettre qu'il a adressée à la Haute cour constitutionnelle le 08 septembre dernier, le dauphin constitutionnel du président de la République a renoncé au poste qui l'attendait suivant les dispositions constitutionnelles, celui d'assurer l'intérim à la tête de l'Etat après la démission de Andry Rajoelina.
Mais, Herimanana Razafimahefa a saisi la Haute cour constitutionnelle, hier, pour retirer officiellement cette lettre du 08 septembre dernier et déclare publiquement sa ferme volonté de se hisser à la tête du pays. « Je suis venu à la HCC pour déposer une lettre de retrait de la renonciation au poste de président de la République par intérim », annonce-t-il avec sérénité à Ambohidahy avant d'insister sur le fait qu'il « n'a jamais songé à renoncer à ses responsabilités » a-t-il répété face à la presse.
Menaces
Dimanche dernier, le président du Sénat a fait une sortie médiatique si bouleversante au point que ce fidèle partisan de l'ancien président de la République a mis en cause publiquement le gouvernement Andry Rajoelina de lui avoir enlevé, d'une manière frauduleuse et sordide, le rôle qui devait lui revenir au lendemain de la démission de l'ancien président de la République.
« J'ai reçu des menaces », selon les mots de Herimanana Razafimahefa lors d'une interview télévisée qui a été diffusée lundi sur une chaîne française, pour contraindre ce sénateur IRD à renoncer au poste de président de la République par intérim. A en croire ses propos, certains ont mis des bâtons dans les roues du président du Sénat qui, décidément, a eu la ferme conviction de couronner sa carrière politique par un passage à la tête du pays. Il a cité, en effet, que « des membres du gouvernement » de Christian Ntsay lui ont mis la pression « depuis plusieurs mois » pour qu'il n'envisage pas de remplacer Andry Rajoelina. Ces travaux de couloirs ont donc freiné les ambitions de Herimanana Razafimahefa.
Méthodes mafieuses
Le président du Sénat ne digère pas le dessous des cartes qui lui a fait perdre le poste de chef d'Etat par intérim. Un mois après les faits, il a décidé de briser le silence et évoque des « méthodes mafieuses » contre lesquelles il se plaint actuellement, dont le but était de l'écarter du circuit du pouvoir à la veille des élections. Les « menaces » visent personnellement le locataire du palais d'Anosikely et sa famille, dénonce-t-il à la télé.
« J'ai dû envoyer ma fille de 15 ans en France » confie-t-il. Il a aussi dévoilé, sur la chaîne française, qu'un ancien sénateur et un ancien conseiller spécial de Andry Rajoelina lui ont déjà prié d'accepter un poste d'ambassadeur. Mais Herimanana Razafimahefa a refusé cette offre et garde son poste de président du Sénat. Dimanche dernier, il a déclaré à la presse qu'il n'a jamais eu l'intention de renoncer à ses responsabilités constitutionnelles. Il s'y est préparé depuis plusieurs années, poursuit-il à la sortie d'un match de rugby à Andohatapenaka.