Afrique: Saïd Ali Saïd Athouman, président de la Fédération des Comores, répond au communiqué de ses joueurs

interview

La sélection nationale masculine de football des Comores est en froid avec sa fédération. Les Coelacanthes ont écrit un communiqué relatant de problèmes internes : éclairage, taille de maillots ou réservations d'hôtels. Les cadres attendent une prise de conscience de leurs dirigeants. Contacté par RFI, le président de la Fédération comorienne de football, Saïd Ali Saïd Athouman a souhaité répondre et livrer son point de vue sur l'état de la sélection

RFI : Que répondez-vous aux principales critiques des joueurs de la sélection comorienne ? Ils évoquent notamment des problèmes d'éclairage pendant l'entraînement, des problèmes de taille de maillots, un imbroglio au niveau des convocations des joueurs pour les matchs à venir ?

Saïd Ali Saïd Athouman : Ce sont des incidents qui peuvent arriver, mais il ne faut pas généraliser. C'est vrai, il y a eu par exemple des problèmes d'éclairage sur un stade qui ne dépendait pas de nous et qui avait beaucoup de problèmes. Ce sont des incidents isolés car au niveau de l'équipe nationale, nous avons parcouru du chemin et beaucoup a été fait avec l'appui de nos partenaires, notamment le gouvernement comorien, la Fifa ou la CAF. Il y a des pays en Afrique qui ont 2, 5, 10 fois plus de moyens. Je pense qu'avec le temps, on a réussi à se mettre au niveau, à créer de bonnes conditions pour l'équipe.

%

C'est indéniable qu'il y a beaucoup de progrès qui ont été faits. Les joueurs vont dans des hôtels de quatre ou cinq étoiles, les primes ont constamment augmenté, on loue des vols privés. Quand il y a des incidents comme ce qui s'est passé en Turquie, c'est juste que des membres du staff ont travaillé avec un agent qui organisait le match. L'hôtel nous a envoyé une facture, l'agent une autre, alors nous ne savions pas quoi faire. C'est arrivé une seule fois. On est une petite fédération, ce sont des choses qui arrivent. Il faut voir tous les progrès de manière générale. On est une petite fédération, tout n'est pas rose.

Vous confirmez donc les incidents, dont le problème à l'hôtel en Turquie, mais pour vous ce sont des incidents à la marge ?

De quel incident parle-t-on ? Ils n'ont pas quitté l'hôtel. On a fini par payer et les joueurs sont restés là-bas. Combien de fois on s'est déplacé et combien d'incidents a-t-on eu ? On parle d'un accroc et nous sommes une petite fédération. Qu'est-ce que ça a changé pour les joueurs ? Je pense que c'est marginal.

Confirmez-vous l'absence de dialogue entre la fédération et les joueurs de la sélection ?

L'absence de dialogue ne vient pas de nous parce que jusqu'à présent nous avons toujours subi. Un groupe de joueurs a l'habitude de parler au nom du groupe entier, en connexion avec certains membres du staff. On nous a déjà demandé d'augmenter les primes pour le prochain rassemblement. Je n'appelle pas ça du dialogue, je vais dire le mot, parfois nous avons subi du chantage.

Quand j'ai eu le capitaine de la sélection au téléphone, je savais que ça n'avait rien à voir avec l'équipe, mais beaucoup plus avec le nouveau staff qui est un choix qui revient à la fédération. J'ai lu dans le communiqué, les joueurs évoquent l'équipementier ou une section féminine, mais qu'est-ce que des joueurs ont à voir avec ça ? Aux joueurs on demande simplement d'être bon, d'être titulaire avec leur club. À titre d'exemple, nous avions invité les Seychelles et la Gambie aux Comores.

La Gambie avait des problèmes financiers et on ne voulait pas tronquer la préparation de notre équipe donc nous avons tout fait pour faire venir le Burundi. On a payé le déplacement d'une délégation de 35 personnes. Après le match face aux Seychelles, nous avons reçu un appel des joueurs qui ne voulaient pas jouer face au Burundi s'ils n'avaient de nouvelles primes qui n'étaient pas budgétisées. C'est le président des Comores qui a débloqué la situation, donc c'est sûr que là il n'y a pas de dialogue.

Pour nous le plus important est de préserver l'image et la notoriété de la sélection et des joueurs. On est arrivé à un point où on ne peut plus laisser dire tout et n'importe quoi. L'ancien sélectionneur Amir Abdou peut en témoigner, avant la CAN au Cameroun, certains joueurs menaçaient de ne pas participer si certains de leurs amis n'étaient pas convoqués. À ce niveau-là, il y a absence de dialogue.

Craignez-vous qu'avec ces problèmes internes, des joueurs ne poursuivent plus leur carrière internationale ?

C'est leur droit. On n'est pas les seuls à avoir des problèmes. La Gambie a eu des problèmes dans sa préparation mais les gambiens ont été quarts de finaliste à la CAN 2019 et sont de nouveau qualifiés cette année. Leur entraîneur, Tom Saintfiet a salué la discipline de ses joueurs. C'est facile de demander ce qu'on veut et de laisser se débrouiller la fédération, il faut tenir compte de la réalité du pays que nous sommes.

Une réunion entre joueurs et fédération est-elle prévue ?

Il n'y a aucun problème pour discuter. J'ai déjà parlé avec le capitaine Ben El Fardou, je lui ai donné mon avis, comme quoi ils veulent discuter de sujets qui ne les concernent pas, mais je n'étais pas fermé pour autant. Je reconnais qu'ils ont essayé de m'appeler mais je n'étais pas disponible. Comme par hasard les problèmes arrivent quand nous changeons d'entraîneur et de staff.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.