La commission de l'UEMOA organise un colloque internationale sous le thème « 20 ans de politique agricole de l'UEMOA bilan et perspectives » du 10 au 12 octobre 2023, à Ouagadougou. La conférence inaugurale a été animée par l'envoyé spécial de l'Union africaine pour les systèmes alimentaires, Ibrahim Hassan Mayaki.
22 ans après l'adoption de la politique agricole de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), l'heure du diagnostic-évaluation a sonné. la Commission de l'UEMOA à travers le département de l'agriculture, des ressources en eau et de l'environnement (DAREN) a convié les Etats membres, les réseaux d'acteurs socioprofessionnels et la société civile à un colloque international sous le thème « 20 ans de politique agricole de l'UEMOA : bilan et perspectives » du 10 au 12 octobre 2023, à Ouagadougou.
Pour le commissaire en charge du DAREN, Kako Nubukpo, le contexte dans lequel se tient ce colloque n'est pas anodin puisqu'il est marqué par une forte croissance démographique, des chocs exogènes et endogènes multiples et la redéfinition de l'action des organisations supranationales. Il a annoncé que 3 grands défis vont structurer les travaux du colloque. « Tout d'abord le défi du référentiel technique, comment accroitre la production non pas seulement par l'accroissement des surfaces mais par l'intensification. Le 2e défi est celui de l'institutionnel. Comment promouvoir les arrangements institutionnels l'accès au crédit, l'accès à l'assurance, les magasins de pos récoltes, les dispensaires, les pistes rurales. Le dernier défi est celui de la cohérence des politiques publiques. Qu'est-ce que nous voulons faire ? Stabiliser les prix ? Stabiliser les revenus des paysans ? ou les deux ? Faire autre chose ? Est ce qu'il y a une cohérence entre ce qu'on veut faire en matière de souveraineté agricole et alimentaire et nos politiques commerciales et budgétaires », a précisé le commissaire, Nubukpo.
Des défis persistants
Le commissaire chargé du département du développement humain, Mamadu Serifo Jaquite, représentant le président de la Commission de l'UEMOA a salué la pertinence du colloque. il a rappelé que le processus d' élaboration de la politique agricole de l'union (PAU) visait à relever 3 défis à savoir nourrir la population de la région dans un contexte de forte croissance démographique et d'urbanisation, accroitre les production agricole et de façon durable par l'intensification et réduire la pauvreté en milieu rural en améliorant les revenu et le statut des agriculteurs. « A ce jour, le moins que l'on puisse dire est ces défis demeurent d'actualité et se trouvent renforcés par des enjeux nouveaux », a-t-il fait remarquer. Il a invité les participants à s'interroger si les instruments de politique publique déployés sont en adéquation avec les défis actuels du secteur agricole ? Le commissaire Jaquité a aussi exhorté les participants à réfléchir sur les déterminants des performances de la PAU.
Le conseiller technique du ministre de l'Agriculture des Ressources animales et halieutiques, Boukary Savadogo a mis en exergue les acquis de la politique agricole de l'Union au Burkina Faso. «Il y a l'initiative un enfant, un repas et chaque année, il y a le plan de réponse de soutien à l'insécurité alimentaire pour ce qui concerne les personnes vulnérables », a-t-il cité. il a estimé que l'offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 lancé récemment par le b gouvernement entre en droite ligne de la dynamique du changement de paradigme impulsée par la commission.
Accélérer les systèmes de transformation alimentaire
L'envoyé spécial de l'Union africaine pour les systèmes alimentaires, Ibrahim Hassan Mayaki a insisté sur l'urgence d'accélérer les systèmes de transformations alimentaires. « On n'a pas le temps d'attendre. L'urbanisation, la démographie, le changement climatique tout s'accélère. On doit donc réfléchir autrement », a-t-il déclaré. pour arriver à cette interpellation, l'envoyé spécial est parti du constat que la PAU est une forme de sursaut consistant à remettre l'agriculture au centre des politiques de développement étant donné qu'il contribue à 40% du PIB et occupe 75% de la population actives dans l'espace.
Son deuxième constat est que l'Afrique importe entre 60 et 70 milliards de dollars par an de produits alimentaires alors qu'elle n'investit que 30 milliards dans le même temps. « Si les taux de croissance démographique se maintiennent, 250000 jeunes/an ne seront pas employés par la fonction publique alors que 40% des emplois sont dans le secteur de l'économie alimentaire. La voie est donc claire, il faut créer les conditions pour absorber les emplois disponibles dans le secteur de l'économie alimentaire », a-t-il poursuivi. Selon M. Mayaki en changeant de paradigme, les Etats vont résoudre 3 problèmes en même temps. Il s'agit de l'industrialisation basée sur le secteur de l'économie alimentaire, augmenter les emplois, et garantir la stabilité politique.