Les éboulements de terre survenus au quartier Mbankolo, dans le 2 ème arrondissement de Yaoundé la capitale politique du Cameroun, ramènent au goût du jour, la problématique de l'urbanisation de Yaoundé.
Ces éboulements de terre survenus suite à la forte pluie qui a longuement arrosé la capitale dans l'après-midi de dimanche dernier, ont fait une trentaine de morts ( bilan provisoire) selon le gouvernement, et une centaine, selon les riverains.
Au-delà de cette guerre des chiffres, l'on s'accorde sur une chose : une trentaine ou une centaines de morts, cela est toujours très affligeant. On aurait pu épargner ces vies, si les uns et les autres avaient pris en compte un article publié en 1998, par le Pr René Joly ASSAKO ASSAKO: Télédétection et recherche des zones constructibles d'un site urbain de collines : le cas de Yaoundé
René Joly ASSAKO ASSAKO est Professeur titulaire des universités, en Géographie. Vice-recteur de l'Université d'État de Douala au Cameroun, il est aussi Président de la Société Camerounaise de Géographie.
Cet universitaire de haut calibre, Professeur en activité le plus capé à son grade, René Joly ASSAKO ASSAKO est auteur de nombreux ouvrages et articles scientifiques. Avant-gardiste, cet universitaire précoce, alertait déjà il y a 25 ans, sur l'urbanisation anarchique des villes camerounaises, à l'instar de Yaoundé, avec des risques mortels pour les habitants. A-t-on prêté attention à ses alertes ?
Morceaux choisis
Yaoundé, capitale du Cameroun, est en proie à une croissance spatiale essentiellement anarchique et précaire et à des risques d'inondation, d'érosion et de glissements de terrain. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics peuvent mener une action qui consisterait à réorienter le développement urbain tout, en résorbant les poches d'anarchie urbaine représentées par les quartiers spontanés et d'habitat précaire.
Cela exige du décideur qu'il distingue les zones adaptées à une densification urbaine de celles qui ne le sont pas, au regard de critères comme l'altitude, la pente ou la distance des espaces bâtis par rapport aux plans d'eau. L'imagerie satellitale et le SIG sont particulièrement adaptés à une telle problématique. Ils permettent de combiner des données spatiales de sources, de natures et d'échelles différentes, et de fournir des synthèses d'information répondant à une multitude de critères.
L'identification des zones les mieux adaptées, pour recevoir un équipement ou une certaine mise en valeur (nature et densité), après évaluation de différents critères, constitue l'un des apports les plus prestigieux des SIG à l'aménagement urbain. En urbanisme réglementaire, cet apport est particulièrement appréciable car « les fonctions d'analyse spatiale des SIG assurent une précision satisfaisante pour l'évaluation des distances, des pentes et autres informations géométriques ou géomorphologiques»
(Joerin, 1995).
Fondée sur cette problématique de stratification de l'espace urbain, la présente analyse cherche à distinguer, à l'intérieur de l'espace actuellement bâti ou à bâtir, les zones les mieux adaptées à une densification urbaine de celles qui lui sont impropres, au regard des conditions morphologiques et hydrologiques du site collinaire de Yaoundé. Cela suppose la prise en compte de quatre couches d'information géographique : le bâti, l'altitude, la pente des terrains et la distance (linéaire) des zones bâties par rapport aux plans d'eau (rivières et lacs). Les trois dernières couches d'information sont utilisées comme critères d'évaluation de la première. Après avoir présenté les données utilisées, nous ferons le point sur la croissance urbaine au regard des conditions du site. Cet état des lieux servira de base à la définition, puis à l'évaluation des critères à considérer pour juger de la constructibilité de l'espace urbain.
1 . Les données utilisées
Pour mener cette analyse, deux sources de données complémentaires ont été utilisées : une image satellitaire et une carte topographique. Les traitements ont été facilités par une solide connaissance du terrain. L'image satellitaire (L'image SPOT-XS du 07/02/1992) présente plusieurs avantages : périmètre couvrant toute la zone urbanisée, résolution spatiale de 20 mètres, suffisante pour mener une analyse urbaine fiable (Weber, 1995) ; information récente sur l'urbanisation : le dernier schéma directeur, seul document relatif à l'occupation du sol dont dispose la Communauté urbaine de Yaoundé, date de 1982.