Mali: Les craintes des populations civiles dans la région de Kidal

Au Mali, un calme précaire règne toujours à Anefis, localité située à l'entrée de la région de Kidal et reconquise, samedi 7 octobre, par l'armée malienne et ses supplétifs russes de Wagner, après de durs combats face aux rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent). Le convoi Fama-Wagner, d'une centaine de véhicules, n'a plus progressé depuis et une forme de pause est observée sur le front. Mais l'armée a annoncé son intention de progresser jusqu'à Aguelhoc, Tessalit et Kidal. Avec la reprise de la guerre et la perspective de nouveaux combats, les populations civiles de la région et de la ville de Kidal craignent pour leur vie.

Les habitants d'Anefis et d'autres localités voisines comme Imboguitene, Tindarane et Taboraq avaient fui avant l'arrivée de l'armée malienne. Selon les chiffres du HCR, (le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) plus de 360 ménages, ce qui représente plus de 1 800 personnes, se sont déplacées au cours des derniers jours vers d'autres villes de la région comme Tindarssan, Amassine ou encore Kidal.

Afflux à la frontière algérienne

Kidal, qui accueillait déjà plusieurs milliers de déplacés arrivés ces derniers mois d'autres régions du Nord, en particulier de Ménaka, elle-même touchée par ces déplacements. Le HCR relève notamment un afflux de population dans plusieurs localités situées des deux côtés de la frontière algérienne : Tin Zaouatène côté malien, Tamanrasset et Bordj Badji Mokhtar côté algérien.

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« Ceux qui le peuvent fuient plus au Nord, ceux qui n'ont nulle part où aller restent à Kidal car les zones de brousse ne sont pas plus sûres », témoigne un habitant qui ajoute : « certains ont confiance dans la capacité du CSP de bloquer l'armée malienne avant Kidal, d'autres espèrent aussi que des négociations peuvent encore aboutir ».

Le convoi Fama-Wagner parti de Gao au début du mois stationne depuis samedi dernier à Anefis, à une centaine de kilomètres du fief des rebelles.

Exactions, drones et rumeurs

Les Kidalois interrogés redoutent les exactions des soldats maliens et de leurs supplétifs de Wagner sur les civils, comme à Ersane où 17 personnes ont été décapitées le 5 octobre dernier.

Ils craignent aussi d'éventuels bombardements aériens : mardi, « une rumeur sur le survol de la ville par des drones » a provoqué « la fermeture de nombreuses boutiques » et « les rues se sont vidées pendant plusieurs heures », raconte encore un habitant.

Les difficultés d'approvisionnement liées à l'insécurité sur les routes reliant Kidal à Gao ou au Niger ont également provoqué une certaine hausse des prix.

Dans ce contexte, le HCR déplore enfin des difficultés pour accéder aux populations déplacées ayant besoin d'aide.

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