Afrique Centrale: Déçus de leur démocratie, les gabonais affichent des attitudes mitigées sur le rôle de l'armée

10 Octobre 2023
communiqué de presse

Les citoyens défendent les élections comme le meilleur moyen pour choisir leurs dirigeants.

Key findings

  • Sept Gabonais sur 10 (71%) ont soutenu la démocratie aux dépends de toute autre forme de gouvernement.
  • Deux tiers (67%) ont défendu les élections comme meilleur moyen pour choisir les dirigeants.
  • Mais 85% ont dit que les élections ne garantissent pas aux électeurs de révoquer les dirigeants qui ne comblent pas leurs attentes.
  • L'écrasante majorité (84%) des Gabonais ont déclaré que leur pays « n'est pas une démocratie » (41%) ou est « une démocratie avec des problèmes majeurs » (43%).
  • Neuf citoyens sur 10 (91%) se disaient insatisfaits de la manière dont la démocratie fonctionne au Gabon.
  • La majorité (70%) des Gabonais disaient ne pas être d'accord avec l'intervention de l'armée pour diriger le pays.

Le fonctionnement de l'Etat consiste à avoir un pouvoir politique qui le gère et une armée qui s'occupe de la défense du territoire national. Mais dans les pays où la démocratie ne fonctionne pas de façon optimale, on observe parfois une intrusion des militaires dans le champ politique en perpétrant des coups d'Etat (Ovono, 2012).

Le 30 août 2023 restera une date mémorable dans l'histoire du Gabon. En effet, aux aurores de ce jour, l'armée gabonaise, conduite par le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris le pouvoir en renversant le Président Ali Bongo Ondimba, qui était en poste depuis 2009 après la mort de son père Omar Bongo. Les militaires affirment avoir pris leurs responsabilités face à une gouvernance irresponsable et imprévisible, et vouloir éviter le chaos qu'aurait engendré le processus électoral qu'ils estiment tronqué (BBC, 2023). En effet, à l'issue de l'élection présidentielle du 26 août 2023, le Centre Gabonais des Elections - qui ne bénéficie pas de la confiance des Gabonais (Ossé, 2023) - a déclaré le candidat sortant Ali Bongo Ondimba vainqueur avec plus de 64% des voix contre environ 30% pour son principal challenger, le Professeur Albert Ondo Ossa (Le Point, 2023).

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Cette prise de pouvoir est historique dans la mesure où elle est le premier coup d'Etat ayant abouti au Gabon. Le 18 février 1964, le premier président du pays, Léon Mba, avait été renversé par un coup d'Etat militaire, mais il a été rapidement rétabli dans ses fonctions par l'armée française (Biteghé, 1990). Le 7 janvier 2019, alors que le Président Ali Bongo était en convalescence au Maroc, une tentative de coup d'Etat menée par des factions de l'armée a très vite été anéantie (Le Point, 2021).

Le Gabon a vécu sous le régime du parti unique caractérisé par un mode de gouvernance autocratique entre 1968 et 1990 (Bat, 2016 ; Perspective Monde, 1990). Mais avec la conférence nationale qui a instauré le retour au multipartisme en 1990, on observe que la demande de la démocratie qui s'exprime à travers les mouvements de contestation vis-à-vis du pouvoir politique est permanente et surtout les violences post-électorales habituelles (Mouloungui, 2023 ; Tresca, 2016).

Face à la crise politique que traverse actuellement le Gabon, quelles sont les aspirations des citoyens en matière de démocratie ?

Les données de la plus récente enquête Afrobarometer au Gabon - menée en fin 2021, bien avant les derniers évènements politiques - révèlent que les Gabonais ont préféré la démocratie à toute autre forme de gouvernement et ont soutenu les élections comme le meilleur moyen pour choisir leurs leaders. Mais ils n'ont pas cru à l'efficacité des élections pour révoquer les dirigeants qui ne satisfont pas leurs attentes.

L'écrasante majorité d'entre eux ont affirmé que le Gabon « n'est pas une démocratie » ou est « une démocratie avec des problèmes majeurs » et ont déploré la manière dont elle est pratiquée dans le pays.

Ils ont déclaré être contre les gouvernements militaires, mais ont trouvé légitime que l'armée prenne les rênes du pays dans le cas hypothétique où les dirigeants élus abusent du pouvoir au nom de leurs propres intérêts.

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