Le bureau des droits de l'homme des Nations Unies sort de sa réserve et critique la gestion des manifestations publiques dans le pays durant cette période électorale.
En cette période électorale tumultueuse, l'observateur avisé ne saurait rester insensible à l'épineuse question du respect des droits humains dans le pays. L'omniprésence des forces de l'ordre lors des rassemblements orchestrés par l'opposition attire particulièrement le regard scrutateur de l'organe onusien dédié à la surveillance mondiale des droits humains. Dans un communiqué qui a été diffusé à la presse hier, le porte-parole du prestigieux bureau des droits de l'homme des Nations Unies, sis à Genève, Seif Magango, rompt enfin son silence pour aborder la question de Madagascar.
D'emblée, ce haut fonctionnaire des Nations Unies évoque une « détérioration de la situation des droits humains à Madagascar à l'approche de l'élection présidentielle ». Une assertion qui accable le gouvernement actuel compte tenu du fait « que les forces de l'ordre ont fait usage d'une répression non nécessaire et disproportionnée pour disperser quatre manifestations pacifiques en deux semaines » déclare Seif Magango.
Contestation
Les opposants, quant à eux, battent le pavé depuis une semaine, clamant haut et fort leur revendication de reconfigurer la Haute Cour Constitutionnelle et la commission électorale, tout en s'opposant résolument à la candidature d'Andry Rajoelina et au pouvoir du gouvernement collégial. Pour réprimer ce mouvement insistant, l'exécutif déploie les grands moyens, mobilisant des milliers de forces de l'ordre pour barrer la route à toute contestation émanant des onze candidats à la prochaine joute présidentielle. Des échauffourées éclatent, engendrant un lourd tribut de blessés parmi les manifestants.
Ces événements sont suivis de près et scrupuleusement répertoriés par le bureau des droits de l'homme des Nations Unies. « Une manifestation convoquée par 11 candidats de l'opposition les 2 et 3 octobre derniers a été dispersée par les forces de sécurité qui ont utilisé des gaz lacrymogènes et frappé puis arrêté arbitrairement des dizaines de manifestants et de passants », rappelle avec aplomb le porte-parole de l'institution onusienne. « Les manifestations qui ont suivi le 6 et 7 octobre, ont également été réprimées par un usage de gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc par les forces de sécurité » poursuit-il.
Environnement propice
Face à cette situation alarmante, le bureau des droits de l'homme des Nations Unies appelle le gouvernement et l'exhorte à « garantir le respect des droits humains et de l'Etat de droit tout au long de la période électorale ». L'institution préconise « des instructions claires qui devraient être données aux forces de sécurité pour qu'elles respectent les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion et qu'elles s'abstiennent d'utiliser une force disproportionnée, afin de créer un environnement propice à des élections libres, équitables et transparentes ».
Ceci, dans le dessein de créer un environnement propice à la tenue d'élections libres, équitables et transparentes, soutient toujours Seif Magango. De surcroît, l'instance aspire à voir les espaces de manifestation libérés de toute entrave, souhaitant que les « procédures de maintien de l'ordre public, telles que la nécessité d'obtenir des autorisations pour les manifestations pacifiques, ne devraient pas être utilisées pour refuser ou décourager les rassemblements pacifiques ».