Somalie: Des agriculteurs s'inquiètent avant le passage d'El Niño et d'autres phénomènes climatiques

Après plusieurs mois d'intenses sécheresses, la Somalie fait face au risque d'inondations. Ce pays d'Afrique de l'Est s'apprête à être frappé par le phénomène climatique El Niño. Dans le sud somalien, des agriculteurs sont particulièrement inquiets.

La Somalie fait face au risque d'inondations. Le pays a lancé une alerte aux populations face à l'arrivée d'El Niño. Ce phénomène climatique qui réchauffe les océans, approche, et pourrait menacer près de 1,2 million habitants. Des habitants déjà touchés par trois années de sécheresse, dues au phénomène inverse, La Niña.

Et les chercheurs s'attendent à un Niño d'une intensité record cette année, parce qu'il s'ajoute à un autre phénomène déjà en cours : le « dipôle de l'océan Indien » qui provoque de fortes précipitations.

« El Niño va détruire nos cultures, nos propriétés »

C'est le sud de la Somalie qu'El Nino doit d'abord frapper, avant de remonter vers l'intérieur et le nord du pays. De fortes pluies sont attendues et pourraient provoquer le débordement de deux fleuves importants : le Juba et le Shabelle, nécessaires pour l'irrigation des cultures.

Fadumo Naji Abdi, agricultrice, est mère célibataire de sept enfants. Elle se trouve dans l'une des zones exposées aux risques d'inondations. Elle habite à Jowhar, la capitale de la région de Shabeellaha Dhexe et de l'État d'Hirshabelle, ville située à 90 kilomètres au nord de la capitale, Mogadiscio « À Jowhar, la fameuse rivière Shabelle qui traverse la ville et les exploitations agricoles a déjà commencé à déborder avant même l'arrivée des pluies, assure-t-elle au micro de Christina Okello. El Niño va détruire nos cultures, nos propriétés... Je cultive du maïs et du sorgho, tout va être inondé. Nous, les agriculteurs, nous faisons de notre mieux pour voir comment détourner ce surplus d'eau loin de nos maisons et nos fermes ».

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Un sol si sec qu'il n'absorbe plus l'eau

L'annonce de la pluie aurait dû soulager les agriculteurs après une période prolongée de sécheresse. Mais c'est l'inverse : le sol est tellement sec qu'il n'absorbe plus l'eau, comme fut le cas en août dernier, lorsque les inondations ont touché la commune de Belet Weyne, dans le centre.

Fadumo Naji Abdi explique : « J'ai ressenti les effets de la sécheresse. Mais, au moins, je pouvais me déplacer et exercer une autre activité commerciale pour gagner de l'argent. Mais s'il y a des inondations, tout le réseau de transport entre Jowhar et Mogadiscio va être perturbé. Il n'y aura plus d'activité et la vie va s'arrêter. »

Pour Fadumo et d'autres agriculteurs dans des zones de rivage, l'urgence maintenant c'est de pouvoir être évacués vers des terrains plus élevés avant le passage d'El Nino.

L'un des problèmes que nous avons constatés c'est que dans le sud de la Somalie, les agriculteurs, mais aussi les habitants, coupent les talus afin de pouvoir traverser le fleuve, lorsque son niveau est bas. Mais quand il y a un surplus soudain d'eau, il n'y a plus de barrière pour stopper le fleuve, ce qui inonde tout le pays. Nous estimons que cette année, environ 1,5 million d'hectares de terres risquent d'être inondés. Le bureau de la FAO en Somalie est donc en train de réhabiliter autant que possible les talus des fleuves dans l'espoir de réduire l'impact des inondations. Il faut les reconstruire. L'autre volet de notre intervention consiste à renforcer les systèmes d'alerte précoce. Nous disposons d'un réseau d'observateurs à travers la Somalie pour envoyer des messages aux populations afin de les prévenir.

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