Médecins sans Frontières (MSF) appelle au rétablissement urgent de zones sûres de déconfliction pour la population de Gaza ainsi qu'à des cessez-le-feu réguliers afin de permettre à la population de se mettre à l'abri, de se ravitailler et d'accéder aux centres de santé. Les fournitures humanitaires essentielles telles que médicaments, matériel médical, nourriture, carburant et eau doivent également être autorisées à entrer. Pour cela, le poste frontière de Rafah dont l'accès est rendu impossible par d'intenses bombardements, doit être rétabli. Les personnes souhaitant fuir Gaza doivent également être autorisées à le faire par ce même point de passage.
La campagne de bombardements israéliens sur Gaza, d'une violence sans précédent et ne laissant aucun espace officiellement sûr pour les Palestiniens de Gaza, laisse quelque 2,2 millions de personnes terrées dans la peur, privées de tout accès aux services et soins de base, avec la menace d'une offensive terrestre imminente.
Les massacres perpétrés par le Hamas depuis le samedi 7 octobre sont d'une ampleur et d'une brutalité inédite dans le conflit israélo-palestinien. MSF a offert son soutien aux hôpitaux israéliens. La riposte d'Israël ne peut se traduire par une campagne ininterrompue de bombardements massifs sur une zone densément peuplée et enclavée comme Gaza, ce qui revient à consciemment infliger une punition collective à la population de Gaza, assimilée à une cible légitime.
Les équipes MSF sont témoins d'un niveau de destruction dépassant celui de tous les conflits précédents à Gaza ; deux des hôpitaux soutenus par MSF, Al Awda et l'hôpital indonésien, ainsi que la clinique de MSF à Gaza, ont été endommagés par les frappes aériennes.
« Nous avons 300 employés palestiniens qui travaillent dans la bande de gaza. Ils vivent tous dans la terreur des bombardements, comme l'ensemble de la population de Gaza. Certains d'entre eux ont déjà perdu des membres de leur famille, et leurs appartements. Malgré le choc, la peur et la nécessité de s'occuper de leurs proches, beaucoup continuent à travailler dans des conditions extrêmes. Ils ont déjà connu des périodes de violences meurtrières, mais ils nous disent que cette fois c'est différent. En 2014, 2 300 Palestiniens de Gaza ont été tués dans des bombardements massifs pendant 50 jours. Cette fois, en 5 jours, il y a déjà eu plus de 1 400 morts », explique Léo Cans, chef de mission de MSF pour la Palestine.
Le lundi 9 octobre, les autorités militaires israéliennes ont recommandé au personnel international de MSF à Gaza de se rendre dans les bureaux des Nations Unies, le quartier résidentiel où ils logent habituellement étant sur le point d'être bombardé. Bien que les forces israéliennes affirment informer la population de leurs prochaines frappes, elles reconnaissent désormais officiellement qu'aucune zone ne peut être considérée comme étant à l'abri des bombardements dans la bande de Gaza, à l'exception des bureaux principaux de l'ONU.
L'état de siège imposé par le gouvernement israélien, qui implique aussi la rétention de nourriture, d'eau, de carburant et d'électricité, est inadmissible. Après 16 ans de blocus militaire sur la bande de Gaza, les capacités d'approvisionnement en produits de base sont déjà réduites et les structures de santé fragiles. La principale centrale électrique ne fonctionne déjà plus en raison du manque de carburant. Sans électricité, eau, ni carburant, ce siège va bientôt rendre la situation intenable pour les patients et le personnel médical.
« Dans les hôpitaux du ministère de la Santé, le personnel médical signale qu'il est à court d'anesthésiques et d'analgésiques. Du côté de MSF, nos stocks d'urgence s'épuisent rapidement. Par exemple, nous avons deux mois de réserves d'urgence à l'hôpital Al Awda : mais trois semaines de stock ont été utilisées en trois jours », alerte Darwin Diaz, coordinateur médical à Gaza.
MSF soutient actuellement les hôpitaux Al Awda, Al-Shifa et Al Nasser ainsi que l'hôpital indonésien de Gaza. Les équipes gèrent une clinique dans la ville de Gaza, et ont également ouvert un bloc opératoire à l'hôpital Al-Shifa qui accueille depuis hier des brûlés et des blessés souffrant de trauma. MSF a également fait don de matériel médical à l'hôpital d'Al Shifa.
Nos équipes présentes à Jénine, Hébron et Naplouse en Cisjordanie évaluent activement les besoins médicaux suite aux affrontements.