Six mois après le début de la guerre au Soudan, la vie de la population est toujours menacée par les bombardements et les combats. Le personnel de santé et les volontaires soudanais ont du mal à répondre aux besoins médicaux de la population et le système de santé du pays est au bord de l'effondrement. Les équipes MSF constatent sur place une absence honteuse des organisations humanitaires internationales et une insuffisance de l'aide fournie à la population.
« La réponse à la crise au Soudan est un énorme échec, marqué par l'incapacité des parties au conflit de protéger les civils ou de faciliter l'accès humanitaire, et par la grave négligence et l'incapacité des organisations internationales à apporter une réponse adéquate, explique le Dr Christos Christou, président international de MSF. Sans une augmentation immédiate et significative de la réponse humanitaire, de nombreuses personnes mourront inutilement. »
Partout au Soudan, les membres du système de santé se débattent, les salles d'urgence sont encombrées et de nombreux hôpitaux ont été complètement fermés. Dans la capitale, Khartoum, les équipes médicales de MSF sont témoins de l'un des conflits urbains les plus intenses au monde. Un grand nombre de blessés arrivent dans les hôpitaux avec des blessures potentiellement mortelles, qui ne laissent bien souvent au personnel médical que l'amputation comme seule option.
Absence d'acteurs
« Que ce soit à Khartoum ou au Darfour, de nombreuses personnes sont grièvement blessées, à tel point qu'elles doivent subir plusieurs interventions chirurgicales, explique le chirurgien MSF Shazeer Majeed. À plus de sept reprises, rien qu'en septembre, les hôpitaux dans lesquels MSF opère ont reçu un afflux massif de blessés à la suite de bombardements, de frappes aériennes ou d'explosions. »
1 500
Les équipes MSF de l'hôpital Bashair, à Khartoum, ont réalisé plus de 1 500 interventions chirurgicales, dont 93 % pour des patients souffrant de blessures liées à la guerre.
Même les personnes qui ne sont pas directement touchées par la violence subissent les effets indirects de la guerre. Il existe une pénurie chronique de médicaments au Soudan. Les pharmacies sont soit à court de stocks, soit ont augmenté leurs prix, ce qui rend de nombreux médicaments inabordables. En conséquence, certains patients atteints de maladies chroniques souffrent de graves complications, potentiellement mortelles.
« Nous voyons des cas critiques arriver à l'hôpital. Notamment des patients souffrant de maladies comme le diabète, en raison du manque de médicaments, explique Frauke Ossig, cheffe de mission MSF. Quand ils parviennent à se rendre dans nos structures, nous ne pouvons souvent plus faire grand-chose pour eux. »
8 600
Depuis le mois de juin, les équipes MSF ont admis plus de 8 600 personnes aux urgences de l'hôpital turc de Khartoum.
Même dans les endroits moins touchés par les combats, des millions de personnes déplacées vivent dans des camps débordés ou des sites de fortune, comme des écoles, après avoir été chassées de chez elles. Elles meurent de maladies évitables, comme le paludisme et la rougeole, en raison d'un manque honteux de réponse humanitaire. À Khartoum, ainsi que dans de nombreux camps, les systèmes d'approvisionnement en eau ont été détruits ou sont inadaptés aux besoins de la population, ce qui augmente le risque d'épidémies de choléra et complique leur gestion.
Obstructions
D'autre part, la réponse humanitaire de MSF est entravée par des obstacles bureaucratiques et administratifs considérables, imposés par les autorités soudanaises. Il s'agit notamment de restrictions sur les mouvements du personnel, de refus de permis de voyage, de retards dans la livraison des fournitures médicales et d'interdictions sur des fournitures spécifiques, telles que le matériel chirurgical. Dans le sud de Khartoum, l'un des hôpitaux soutenus par MSF dispose de moins d'une semaine de fournitures essentielles pour les urgences traumatologiques. Une fois ces stocks épuisés, les équipes MSF ne seront plus en mesure de prodiguer ces soins.
« Toutes les fournitures qui parviennent aux établissements de santé sont rapidement épuisées, ce qui entraîne des conséquences sanitaires désastreuses, voire des décès, explique Claire Nicolet, responsable adjointe des urgences de MSF. Nous avons désespérément besoin de matériel chirurgical et médical, non seulement pour les soins de traumatologie, mais aussi pour les chirurgies obstétricales, car nous recevons de nombreuses femmes enceintes qui souffrent de complications qui peuvent être mortelles. »
« Le système de santé soudanais est au bord de l'effondrement et, sans action urgente, les personnes les plus vulnérables continueront de subir le poids de la violence, ce qui entraînera davantage de décès évitables », conclut Frauke Ossig, cheffe de mission MSF.