Madagascar: La présidentielle de tous les rebondissements

12 Octobre 2023

A quelques jours de la présidentielle à Madagascar, l'on assiste, chaque jour qui passe, à un véritable branle-bas sociopolitique sur fond de rebondissements. En effet, le 12 octobre dernier, le président du Sénat a été destitué à l'unanimité, par ses pairs pour raison de « déficience mentale ». Cela fait suite au revirement de ce dernier qui avait décidé de renoncer au poste de chef d'Etat par intérim qui lui revient de droit en pareilles circonstances, comme le veut la tradition à Madagascar, avant de revenir sur ses pas, alléguant du fait qu'il avait subi des pressions et des menaces de mort de la part de membres du gouvernement proches du président sortant Andry Rajoelina.

Vrai ou faux ? Difficile d'y répondre. Toujours est-il que la destitution de Herimanana Razafimahefa, puisque c'est de lui qu'il s'agit, risque d'enclencher dans les jours qui suivent, un débat juridique à Madagascar. En effet, ce dernier a déjà annoncé la couleur en promettant de saisir la Haute cour constitutionnelle (HCC) pour prouver sa bonne santé mentale avec des certificats médicaux à l'appui. Aura-t-il gain de cause ? On attend de voir d'autant que le président sortant, Andry Rajoelina, candidat à sa propre succession, donne l'impression d'avoir caporalisé tout l'appareil d'Etat.

La situation est suffisamment explosive

Tant et si bien que la HCC elle-même, semble visiblement sous pression. La preuve, elle vient, à la surprise générale, d'annoncer le report d'une semaine de la présidentielle, invoquant un « cas de force majeure » lié à la blessure à l'oeil du président Rajoelina, suite à l'explosion d'une grenade lacrymogène tirée par les forces de l'ordre lors d'une manifestation. Désormais, le premier tour de la présidentielle aura lieu le 16 et non le 9 novembre 2023 comme prévu. Un autre candidat en lice, aurait-il pu, dans les mêmes circonstances, bénéficier des mêmes égards de la part de la HCC au nom de l'égalité des chances ? On peut en douter.

Car, au Gondwana, on sait comment fonctionnent les institutions de la République qui ne sont ni plus ni moins que des chambres d'enregistrement où la moindre contradiction au prince régnant, n'est pas autorisée. Les hommes étant plus forts que les institutions, la Grande Ile, on comprend, ne peut donc pas être à l'abri de crises politiques. Du reste, tous les ingrédients semblent réunis, si rien n'est fait pour rectifier le tir, pour que le pays s'embrase ; tant la situation est suffisamment explosive.

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