Diass — Deux-cent-soixante femmes en service à l'Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) et d'autres habitant les villages environnants de la plateforme aéroportuaire se sont fait dépister, jeudi, du cancer du sein, lors d'une campagne organisée par l'Amicale des femmes de Limak-AIBD-Summa (AFLAS) .
« Nous avons eu 260 femmes » dépistées, a dit à l'APS, Marame Kébé Ndiaye, présidente de l'AFLAS, au terme d'une séance de dépistage du cancer du sein élargie aux femmes des villages environnants de l'Aéroport international Blaise Diagne de Diass.
Pour marquer le mois d'octobre consacré à la lutte contre les cancers du sein et du col de l'utérus, les femmes de LAS ont tenu leur troisième séance de dépistage, en collaboration avec la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (LISCA), avec laquelle l'AFLAS est en partenariat depuis 2019.
Cette rencontre tenue à la gare des pèlerins de l'AIBD, a aussi été un grand moment de sensibilisation sur ces affections féminines.
Selon Mansour Niang, secrétaire général de la LISCA, une équipe de haut niveau a été mobilisée pour l'occasion, pour assurer un « dépistage de qualité » à « au moins 400 femmes ». Les cas positifs bénéficieront d'une mammographie gratuite de la part de la LISCA, avait-il promis.
Vu le caractère sournois des cancers de la femme, les plus fréquents au Sénégal, seuls la sensibilisation et le dépistage précoce permettent de les prévenir, a-t-elle relevé, non sans regretter le fait que la plupart des malades se rendent tardivement à l'hôpital.
Dans un contexte de prolifération des facteurs de risque, comme la mauvaise alimentation, le défaut d'allaitement, le tabagisme, la sédentarité, etc., le dépistage doit être fait « tous les deux à trois ans », tout en étant couplé à la vaccination des jeunes filles contre la cancer du col de l'utérus, a-t-elle préconisé. Elle a toutefois mis en garde contre les radiographies trop rapprochées qui peuvent causer un « cancer radio-induit ».
La cheffe du service médico-social de LAS, docteur Aïcha Fall, a salué ce geste de solidarité des femmes de LAS qui, contrairement à l'année dernière, ont décidé pour la présente édition, d'élargir le dépistage aux femmes des villages riverains de l'aéroport, qui ne bénéficient pas pour la plupart de prise en charge médicale et ont des revenus limités.
Une action qui, selon Samba Ndiaye qui représentait la direction générale de LAS à la cérémonie d'ouverture, pourrait être inscrite dans la responsabilité sociétale d'entreprise (RSE) de LAS.
Elle a insisté sur le coût onéreux des soins du cancer, ainsi que ses conséquences économiques, sociales, psychologiques sur la famille, pour des maladies pourtant « très faciles à prévenir », grâce au dépistage précoce.
Malgré des années de sensibilisation sur cette maladie, beaucoup de femmes, y compris d'un « haut niveau intellectuel », ne se font pas dépister, parfois par pure « peur », a-t-elle regretté.
Il y en a qui découvrent très tôt leur maladie, mais préfèrent dans un premier temps aller consulter les charlatans, et quand ils arrivent à l'hôpital, « c'est trop tard », a relevé Mansour Niang.
Le récit touchant de la dame Dimé Mbacké, une émigrée qui travaillait en France, a servi d'illustration pour la sensibilisation.
Mme Mbacké a partagé l'expérience de son combat contre le cancer, qu'elle avait découvert, suite à une prise de sang, alors qu'elle allaitait son premier enfant, juste âgé d'un an.
Elle a raconté comment, armée de foi, elle alliait, pendant un an, ses séances périodiques de chimiothérapie, son travail et sa famille. « Il fallait être lucide pour mener ce combat », s'est-elle souvenu, conseillant à ses congénères atteintes de cancer d'accepter leur maladie et de se soigner.
Quant à celles qui sont épargnées pour le moment, elle les a invitées à se dépister régulièrement. « Une femme n'a pas le temps d'être malade », a dit cette mère en rémission depuis cinq ans.
« Le Sénégal enregistre plus de 1 800 cas de cancer du sein chaque année, dont plus de 1 300 ne peuvent être sauvé », a dit Mansour Niang. Pour lui, certains types de cancer du col ne devraient plus exister au Sénégal, puisqu'il y a des moyens pour les guérir « en 45 seconde », s'ils sont détectés à temps.
Il a rappelé l'objectif de la LISCA de dépister cette année 10.000 femmes.