« Au 31 décembre prochain, la MONUSCO aura fermé sa base militaire de Lubero, au Nord-Kivu. Nous avons pris des dispositions pour qu'à cette date la MONUSCO ne soit plus présente à Lubero. Il n'y aura plus de présence, ni civile, ni militaire, de la MONUSCO ici ». C'est par ces mots que le chef de bureau intérimaire de la MONUSCO à Beni, Abdourahamane Ganda, a informé jeudi 12 octobre l'administrateur de territoire de Lubero de la décision de la mission onusienne de fermer son sous-bureau local.
Cette décision est en droite ligne avec le souhait du gouvernement congolais de voir la MONUSCO "accélérer le processus de son retrait de la RDC", sans pour autant tomber dans la précipitation. Lubero est situé à une centaine de kilomètres au sud de Beni, dans la province du Nord-Kivu.
« Il y aura des mouvements de personnel et de troupes dans les prochains jours. Nous sollicitons votre indulgence et votre coopération pour permettre aux équipes qui seront chargées de ce déménagement de travailler en toute sécurité », a plaidé Abdourahamane Ganda auprès de l'autorité territoriale.
21 années de collaboration
Tout en regrettant la « séparation douloureuse », le colonel Alain Kiwewa, administrateur du territoire de Lubero, a promis d'étudier, avec la délégation de la mission onusienne qui séjourne à Lubero cette semaine, les moyens de maintenir la collaboration qui a toujours existé entre la Mission et les autorités territoriales. « Une collaboration à laquelle nous tenons beaucoup », a-t-il souligné.
La Mission est présente dans le territoire de Lubero depuis 2002. Un déploiement dicté alors par la nécessité de protéger les civils contre la présence des rebelles du CNDP de Laurent Nkunda et leurs exactions envers les populations civiles.
Lubero a été la première base militaire du « Grand Nord-Kivu » (Beni-Butembo-Lubero). Au CNDP d'alors se sont ajoutés les rebelles des FDLR et d'autres groupes armés : la situation sécuritaire est plus que préoccupante ces années-là.
Une présence utile
« La présence de la MONUSCO a d'abord été un élément dissuasif pour tous ces miliciens qui, certes, continuaient à attaquer des civils le long de la route nationale numéro 4. Mais grâce aux patrouilles quotidiennes de la MONUSCO, ils étaient souvent mis en déroute », se souvient un habitant qui rappelle combien se déplacer était périlleux.
Le bourgmestre de la commune de Lubero, Joseph Kavahwere Balukwicha, se souvient lui aussi : « La MONUSCO a appuyé notre armée pour combattre les groupes rebelles qui faisaient alors la loi ici. La population était très contente de cet appui. L'impact de la présence de la MONUSCO a été palpable dans ce territoire où la paix est revenue, il y a même eu réunification du pays... Souvenez-vous que Lubero était sous domination du RCD/KML... ». Il regrette cependant que la persistance de l'insécurité causée par des groupes armés fasse oublier tout ce que la MONUSCO a apporté dans cette région.