Sénégal: Comment l'effondrement d'une maison illustre un problème de sécurité publique dans la construction

Au Sénégal, un immeuble en chantier s'est encore effondré le 7 octobre 2023 à Dakar. Cette fois-ci, pas de victimes, contrairement au mois d'août où cinq personnes étaient décédées dans l'effondrement d'une villa à Rufisque, en banlieue dakaroise. Problème d'étanchéité, mauvaise qualité des matériaux que ce soient du béton ou des ferraillages, manque d'étude des sols et mauvaises fondations : chaque année, pendant la saison des pluies, les accidents se multiplient.

Devant les ruines de la vieille maison familiale dans les petites rues du quartier medina, Cheikh Mokhtar Dièye se souvient avec douleur du 27 juillet 2022. Ce jour-là, la dalle du premier étage s'est effondrée, là où se trouvait la cuisine, tuant son frère ainsi que sa petite soeur de 17 ans.

« Ce jour-là, c'était un moment triste parce que ma soeur était une fille très adorable et très responsable », raconte-t-il.

Depuis, la maison a été entièrement rasée pour des raisons de sécurité. Cheikh Mokhtar Dièye et sa famille ont dû trouver un logement ailleurs.

« J'ai fait une location d'appartement, explique-t-il. Il y a ma femme là-bas avec mes enfants. Ma famille est dispersée en ce moment, en attendant que ma maison soit prête, parce que l'on est en train de construire ».

Pour le moment, seules des fondations remplies d'eau stagnante ont pu être montées, faute d'argent disponible pour reconstruire la maison à leurs frais.

%

« Il faut beaucoup d'argent pour construire. Pour faire un plus un, il faut maximum 58 millions pour faire une dalle, avoir aussi des portes et des carreaux. »

En 2022, plus de 75 personnes étaient décédées à la suite d'effondrements de bâtiments selon la Brigade nationale des sapeurs-pompiers.

Selon un recensement de 2021, 1 446 bâtiments menacent de s'effondrer sur tout le territoire sénégalais dont 627 maisons à Dakar et principalement dans le quartier médina. Abdou Birahim Diop, directeur du développement urbain à la ville de Dakar, explique au micro de Théa Ollivier : « Medina est un quartier ancien, c'est un quartier qui a maintenant plus d'un siècle d'existence. Il y a des bâtiments vétustes et surtout aussi des bâtiments qui sont mal entretenus. Je sais qu'en 2021, il y a 112 maisons qui ont été recensées par la commission auxiliaire de la protection civile.

Une fois que ces bâtiments sont identifiés, la première des choses à faire est un arrêté de péril. Et le maire est chargé de faire les arrêtés de péril portant sur l'évacuation des bâtiments "menaçants, ruines". » Il ajoute : « Donc, souvent, quand un bâtiment se trouve dans un état de délabrement aussi avancé, les propriétaires n'ont pas la possibilité financière de le prendre en charge. Donc, c'est la mairie qui doit le prendre en charge. Non seulement, la mairie de la medina n'a pas la possibilité de prendre en charge les familles pour les loger, mais aussi la possibilité de démolir ces bâtiments. Le coût de déconstruction est aussi très onéreux. Pour un bâtiment, on peut compter entre 5 et 11% du coût de déconstruction. »

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.