Gabon: 'Le vrai faux départ d'une transition à suspicions ?'

13 Octobre 2023
analyse

A à peine 40 jours après la mort du système "Bongo", alors que le quarantième jour après la mort, marque le début des retrouvailles et l'acceptation de la mort, dans plusieurs religions et autres croyances anthropo-philosophiques, la Société civile gabonaise fourbit ses armes pour des guerres à venir.

Alors que les Gabonais n'ont pas fini de savourer la fin du règne des Bongo à la suite du "Coup de libération" orchestré par le Comité de Transition et de Restauration des Institutions CTRI, alors que "sans famille" accueille comme nouvelle locataire, une certaine Sylvia Bongo Valentin, ex première Dame du pays, alors que d'importantes caches d'argent et autres biens frauduleusement soustraits à l'État gabonais continuent d'être débusqués ici et là avec, à la clé, des enquêtes et autres procédures judiciaires en cours, alors qu'au lendemain de sa prise du pouvoir, le nouvel homme fort du Gabon se dédouanait de son appartenance aux Bongo, le patron du CTRI jurait, la main sur le coeur, être venu rendre sa liberté et sa dignité au peuple gabonais, d'aucun ont noté comme un hic, dans la composition de la nouvelle équipe gouvernementale.

S'en étaient suivies quelques bouderies sans plus. Mais déjà naissaient quelques suspicions dans la capacité avérée du Général Président à opérer une réelle purge du mauvais grain au coeur de la haute administration.

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Le pavé dans la mare

Depuis la publication officielle des décrets portant nomination des membres du parlement de transition, le samedi 07 Octobre, une levée de bouclier est observée du coté de la société civile qui, jusque là, était en parfaite convivialité avec les autorités de la transition.

Deux déclarations des deux plus importantes organisations de la société civile sont venues briser l'ambiance.

Le Groupement des Forces vives de la Nation pour le Suivi des Actes de la Transition GFNSAT dans sa déclaration publique ne mâche pas ses mots. « Aujourd'hui, plus d'un mois plus tard, le GFNSAT et une grande partie du peuple gabonais constatent pour le regretter et le condamner, la dérive vers laquelle le CTRI est en train de mener le pays » dira Jean Robert Menié, porte parole de la conférence des présidents. Et pour en foncer le clou, l'organisation "appelle à une grande mobilisation générale ce samedi 14 Octobre 2023 à 9h au Rond point de Nzeng-Ayong".

Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'autre frange de la société civile, le COPIL citoyen et compagnie qui s'insurgent également contre la composition "four-tout" du parlement, avec à la clé la manipulation de la Charte de la Transition pour faire la place à une quinzaine de Pédégistes au détriment de la société civile.

« ...Le rajout en violation de la charte du mot "cadres" a permis aux auteurs de cette manipulation éhontée de notre charte qui est l'équivalent de la Constitution de justifier la présence, pour le compte de la société civile, de plus de quinze membres des organisations politiques dont au moins dix cadres du PDG ... »

Le malaise est réel. Et il risque de faire tache d'huile dans la cours du Général Président de la Transition. Plusieurs analystes et observateurs avisés de la vie politique au Gabon sont unanimes à ce sujet.

Et alors ?

Et alors, le nouveau locataire du palais Rénovation a trouvé le moyen de fâcher ses fervents alliés d'hier. Le Général Président aurait-il loupé le coach ? Si oui, simple erreur de casting ou volonté de ramener aux affaires un régime expulsé à coup de pied ? Ces interrogations taraudent les esprits de nombreux gabonais.

Sur les réseaux sociaux, et les médias locaux, les débats font rage. Les organisations de la société civile dénoncent. Elles appellent le Générale Président à mettre hors d'état de nuire, les "perfides trompeurs" qui veulent l'induire en erreur. Elles sollicitent une rencontre d'explication et de clarification, mieux elles invitent le boss du CTRI à revoir sa copie. La société civile annonce, le cas échéant, une rupture avec le nouveau pouvoir.

Et alors ?

Et alors, il n'y a pas de fumée sans feu ! Si non, qui peut expliquer la raison d'être d'un parlement aussi pléthorique quand on sait qu'il sera doublé d'une Assemblée constituante dont les missions sont on ne peut plus claires ?

Cette Assemblée nationale à domination politique ne risque t-elle pas de se muer en une foire aux empoignes où Pdgistes, opposition initiale et société civile vont passer le plus claire du temps à se tenir au collet ?

Dans tous les cas, la société civile dit se réserver le droit de sortir du processus de transition. Donc, de claquer la porte du parlement.

Et alors ?

Et alors cette attitude tombe sous le coup du bon sens. Si on n'est pas d'accord, on dégage et on se garde le droit de crier son mécontentement.

Et alors, en toute logique, la société civile reste le contre pouvoir d'un pouvoir qui se risque à quelques égarements !

Et là on peut, bêtement se demander quelle mouche a piqué "les gens de la société civile" pour qu'ils croient que désormais leur place est à l'Assemblée nationale et au Sénat ? Deux institutions politiques par excellence !

Si par extraordinaire tous les acteurs de la société civile intégraient le parlement dans une transition politique ou il n'y a ni opposition ni majorité, qui jouera le rôle d'aiguilleur de la démocratie ? Qui pour dire stop aux manœuvres politico-militaires dans la perspective de l'après transition ?

A moins qu'on ait le pouvoir de tonner dans l'hémicycle, au besoin, et de mobiliser les foules dans les rues quand on est pas d'avis avec le pouvoir !Manifestement la société civile se risque à un jeux de "juge et partie".

Quoi qu'il en soit, le Général Président à tout intérêt à jouer franc jeux. A ne pas modifier les règles du jeux en cours du match et surtout à ne pas se laisser bercer par les éventuels "Oligui boys" comme s'était le cas à une certaine époque, pas aussi lointaine que cela.

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