La première audience a eu lieu dans la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Stanis Bujakera est notamment poursuivi pour "diffusion de fausses informations".
Arrêté le 8 septembre sur le tarmac de l'aéroport de Kinshasa, le correspondant de Jeune Afrique et Reuters s'est présenté, ce vendredi 13 octobre, les traits tirés et vétu de la veste jaune des détenus devant les juges du Tribunal de grande instance de Kinshasa.
Alors que le journaliste venait depasser sa 35e nuit à la prison centrale de Makala, son collègue et ami, Patient Ligodi, qui le visite chaque jour, a constaté "qu'il commence à subir le contrecoup, non seulement de la détention mais également des conditions dans lesquelles il se trouve. Il reste fort mais le corps a ses limites".
"Un faussaire" selon le procureur
Stanis Bujakera est soupçonné d'avoir confectionné de toutes pièces, ou en tout cas d'avoir diffusé un document de l'Agence nationale de renseignements, impliquant la Garde républicaine dans l'assassinat, en juillet dernier, de Chérubin Okende, proche conseiller du candidat à la présidentielle, Moïse Katumbi.
C'est donc après avoir égrainé les six chefs d'accusation que le procureur a conclu que "nous sommes en train de poursuivre un faussaire". Une attaque considéré comme une "fuite en avant" par l'un des avocats de la défense, maître Charles Mushizi. "Le ministère public ne nous dit pas quand notre client s'est délesté de sa qualité de journaliste", appuie l'avocat, "il était journaliste lorsqu'il a prétendument publié le document et il le reste en détention."
Un procès suivi par les ambassades
Avant d'aborder le dossier dans le fond, une demande de remise en liberté provisoire a été formulée auprès du Tribunal car "sa détention est irrégulière", assure Me. Mushizi. L'ordonnance confirmant la détention de 15 jours de Mr. Bujakera étant, selon l'avocat, dépassée, "notre client est en prison depuis plus d'une semaine sans justification légale".
Afin que les avocats de Mr. Bujakera puissent se saisir du dossier et préparer leur défense dans le fond, le procès a été renvoyé à la semaine prochaine. Au sortir de l'audience, Stanis Bujakera a pour autant confié hors micro qu'il gardait espoir, sous les regards de membres d'ambassades qui surveillent l'affaire de près.