Le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour, a accordé une interview à la MAP, à l'occasion des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI qui se tiennent jusqu'au 15 octobre à Marrakech. En voici la teneur :
Tout d'abord, parlez-nous de la dimension africaine des Assemblées annuelles de la BM et du FMI.
C'est une dimension capitale. Le Maroc est le carrefour entre l'Afrique et le reste du monde, notamment entre l'Afrique et l'Europe et entre l'Afrique et le Moyen-Orient. Il y a une symbolique de ces réunions annuelles "africaines", qui marquent leur retour sur le continent, 50 ans après l'édition du Kenya. Les questions qui sont actuellement abordées sont très importantes pour l'avenir de l'Afrique, comme la gestion de la dette, la lutte contre l'inflation, la création de la croissance, la réduction de la vulnérabilité des pays face aux chocs ou encore l'initiation des grandes transformations climatique et numérique. Et donc, être ici à Marrakech est un moment très crucial pour l'avenir de l'économie mondiale.
Les projections du FMI tablent sur un rebond de la croissance de l'économie marocaine en 2023 et 2024. Comment s'explique, selon vous, cette évolution, en particulier dans l'actuel contexte national et mondial ?
Mais ce que je peux vous dire, c'est que le Maroc a maintenu une capacité de rebond face aux différents chocs, dont la crise liée au Covid-19 et la sécheresse qui ont impacté l'activité économique. Parallèlement, le secteur du tourisme est un porteur de croissance. De même, le Maroc a maintenu sa position dans les chaînes de valeurs mondiales et donc sa capacité à l'exportation a été d'une grande importance. Bien entendu, comme dans les pays de la région et ailleurs, il y a un certain nombre de défis auxquels le Maroc fait face. Le premier réside dans la lutte contre l'inflation qui a amené à un renchérissement du coût de financement au niveau mondial, vu le relèvement des taux d'intérêt à plusieurs reprises par les banques centrales.
Deuxièmement, il y a un ralentissement de la croissance au niveau mondial, ce qui a impacté le commerce international. Et aussi, il y a la situation géopolitique qui est devenue de plus en plus tendue avec le conflit entre l'Ukraine et la Russie. Il est important de prendre en considération ces transformations et de s'y adapter pour atteindre des niveaux de croissance élevés.
Le Royaume, comme vous le savez, a mené plusieurs réformes ces dernières années dans différents domaines. Quelle est votre lecture?
Le Maroc, au cours des deux dernières décennies, a engagé des réformes importantes. Un effort reconnu et salué par le FMI, qui, au cours des dix dernières années, a soutenu le Royaume. Récemment, le Maroc a bénéficié d'une ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars auprès du FMI, qui est accordée généralement aux pays émergents les plus avancés.
En outre, une nouvelle ligne de financement de 1,3 milliard de dollars a été finalisée pour accompagner le Maroc dans sa transformation climatique. Eu égard la dimension climat dans la croissance et la stabilité, il est important pour le Maroc, comme d'autres pays, d'entamer un certain nombre de réformes pour accélérer la transformation, faire face au choc climatique et améliorer la résilience.
Comment évaluez-vous les efforts du Royaume en matière des énergies renouvelables, que ce soit l'éolien, le solaire ou plus récemment l'hydrogène vert ?
Au cours des deux dernières décennies, le Maroc a montré sa capacité à avoir une vision stratégique et à la mettre en oeuvre, en parallèle avec les stratégies des industries de l'automobile, de l'aéronautique et la logistique. Il est nécessaire pour le Maroc d'aller de l'avant, de développer des nouveaux pans d'investissement et d'encourager l'investissement privé, ce qui permettra au Royaume de s'adapter aux effets du changement climatique et à développer un secteur climat pesant.