Congo-Kinshasa: Poids lourds en compétition

En République démocratique du Congo, le président sortant, Félix Tshisekedi, affrontera des poids lourds de l'arène politique de son pays pour le scrutin majeur du mois de décembre prochain. Les plus en vue étant Martin Fayulu, de la coalition Lamuka ; Moise Katumbi, investi par Ensemble pour la République ; Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, porté par l'Alliance des Congolais pour la refondation de la nation, et dont le fait d'armes en tant que médecin est son implication reconnue dans la prise en charge de femmes victimes de violences sociopolitiques à l'est du pays.

Alors qu'il avait rompu les amarres avec son ancien allié au sortir de la présidentielle de 2018 dont il est sorti vainqueur, à savoir l'ex-président Joseph Kabila, et défait auparavant ses premières attaches avec ses amis de Lamuka avant et après le scrutin ( entre autres Fayulu, Katumbi et Jean-Pierre Bemba) puis porté par « l'Union sacrée pour la nation », le président Félix Tshisekedi a réussi un tour de force en ramenant à lui deux hommes qui figurent eux aussi sur l'illustre liste des « dinosaures » de la politique rd-congolaise, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe.

En l'absence d'un candidat déclaré du Front commun pour le Congo, l'instrument politique de Joseph Kabila (la dead line du dépôt des candidatures ayant expiré dimanche 8 octobre), et sous réserve de la validation des candidatures le 18 novembre par la Cour constitutionnelle, la course à la magistrature suprême se déroulera principalement entre quatre leaders : Tshisekedi, Fayulu, Katumbi, Mukwege. Ceci dit, les élections à grands enjeux révèlent toujours de nouvelles figures, la Commission électorale ayant réceptionné en somme 24 dossiers de candidature. Le propos ne consiste pas à plancher sur la totalité des concurrents.

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Quelles sont les chances des quatre « poids lourds » désignés ? Nous tomberons dans des conjectures inutiles en tentant de prendre la place des électeurs qui se prononceront dans les urnes le moment venu. Pour autant, les forces en présence prédisent une haletante épreuve d'obstacles tant le scrutin présidentiel à venir en RDC est exceptionnel à plus d'un titre. Déjà, les 2 342 410 km2 du territoire de ce pays sont une épreuve de taille pour tous les candidats. Ils doivent disposer de suffisamment de moyens pour les parcourir. L'enjeu de la libre circulation de tous est donc primordial.

Catégorique sur sa non candidature au départ dénonçant un processus électoral « vicié », l'opposant Martin Fayulu dont la présidentielle passée lui est restée en travers de la gorge (il déclarait l'avoir emportée), a fini par revenir sur sa décision. Ses militants veilleront au grain pour traquer toute manoeuvre frauduleuse avant, pendant, et après le vote, assure-t-il. Pour sa part, Moïse Katumbi revendique un programme dont la finalité est de « libérer le peuple ». Denis Mukwege pense à son tour que la RDC a trop souffert d'« amateurisme » et devrait s'engager sur la voie du salut qu'il incarnerait. Félix Tshisekedi a un programme à défendre et s'appuiera sur Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba, deux « expérimentés », qui ont choisi de le soutenir jusqu'au bout.

Resteront aussi les prises de parole. Comment se déroulera la campagne électorale en RDC ? S'il est évident que les violences à l'est du pays seront au coeur du débat de la présidentielle, les opposants accusant le pouvoir en place d'avoir « failli » à la mission de sécurisation du territoire national, la gouvernance générale du pays ces cinq dernières années n'échappera pas à la « vindicte » discursive de ces derniers. On verra s'il sera question des attaques personnelles ou d'une confrontation projet-de-société-contre-projet-de-société.

Pour ceux qui suivent de près la scène rd-congolaise, le verbe étendu ces dernières semaines est haut. Il ne relève pas uniquement des candidats en pré-campagne, il vient aussi des acteurs ayant exercé d'importantes responsabilités par le passé. Et il n'est pas inutile de considérer avec quelques appréhensions ces envolées oratoires en raison de la charge émotionnelle qu'elles peuvent avoir sur la quiétude de ceux parmi les citoyens en âge de voter qui seront appelés à exercer librement leur devoir civique.

Passent les enjeux électoraux, le rôle des poids « lourds » politiques dans un pays est aussi de prémunir leurs compatriotes des violences induites par leur appétit du pouvoir.

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