L'ONU a exprimé, samedi 14 octobre, sa préoccupation devant l'escalade militaire dans le nord du Mali et les difficultés causées par la junte au retrait en cours de la mission onusienne, susceptibles selon elle de remettre en question le calendrier de départ des Casques bleus.
Dans le nord du Mali, les manoeuvres se poursuivent de la part des Forces armées maliennes (FAMA) et des rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP), qui regroupe les mouvements signataires de l'accord de 2015. Après le transport par avion de plusieurs dizaines de soldats maliens et de mercenaires russes de Wagner à Tessalit, jeudi, une centaine de véhicules des FAMA s'est remise en mouvement et a quitté Anefis vendredi, en direction de Kidal.
Samedi, le CSP annonçait de son côté avoir récupéré d'anciens postes de contrôle abandonnés par la Mission des Nations unies, qui a entamé son retrait du Mali en juillet dernier. La reprise en main de ces positions de la Minusma est au coeur du conflit armé auquel les deux parties, armée malienne et CSP, ont tout à perdre, estime le chercheur Ibrahim Maïga. Conseiller spécial pour le Sahel à International Crisis Group (ICG), il appelle les belligérants à un cessez-le-feu et à accepter une médiation pour régler ce problème.
« Il faudrait que d'un côté, les mouvements signataires au sein du CSP reconnaissent la légitimité de l'État malien à récupérer ces bases-là, conformément aux directives des Nations unies et au statut de la Minusma. Et il faudrait en retour que l'État malien prenne en compte les engagements, et notamment ses engagements sécuritaires qui le lient à ces groupes signataires qui répartissent les zones de présence de chacune des parties », dit le chercheur à Claire Fages.
Des négociations sont-elles possibles ? « La Minusma dispose encore de capacités utiles qui peuvent lui permettre de faciliter un certain nombre de rencontres entre les émissaires de ces différents acteurs-là, ou entre les acteurs eux-mêmes pour amorcer les discussions permettant d'aboutir à un cessez-le-feu, avance Ibrahim Maïga. La Minusma n'est pas le seul acteur, il faut signaler la visite le lundi 9 octobre du ministre des Affaires étrangères mauritanien, qui a probablement adressé un message du président mauritanien au président malien Assimi Goïta. Ce ne sont pas les acteurs qui manquent aujourd'hui, évidemment il faudrait que chacune des parties au conflit ait un minimum de confiance en ces acteurs-là, et c'est aujourd'hui ce qui est peut-être le pari le plus difficile, le plus complexe. »