En Tunisie, l'opposante Abir Moussi a été arrêtée le 3 octobre et placée en détention provisoire quarante-huit heures après, accusée de trouble à l'ordre public et de vouloir semer le désordre. Elle a été arrêtée après avoir voulu déposer un recours contre des décrets présidentiels dans le bureau d'ordre à proximité du Palais de Carthage, une procédure nécessaire selon sa défense pour que le recours soit recevable par le Tribunal administratif. Si l'instruction est encore en cours, plusieurs milliers de ses soutiens se sont rassemblés à Tunis pour dénoncer son arrestation, ce dimanche 15 octobre.
Entre 1 500 et 2 000 partisans d'Abir Moussi battaient le pavé à Tunis ce dimanche, tee-shirts et banderoles à l'effigie de leur leader. Cette manifestation était prévue de longue date pour célébrer la fête nationale du 15 octobre 1963 qui commémore le départ des derniers militaires français dans la zone de Bizerte, après l'indépendance tunisienne. Mais ce dimanche, les slogans sont surtout pour réclamer la libération de la cheffe de leur parti, opposante à Kaïs Saïed.
« Le PDL (le Parti destourien libre), c'est le seul parti qui existe sur le terrain, vous voyez aujourd'hui, une manifestation pareille. C'est une affaire politique pour l'éliminer de la course à la présidentielle, ça, c'est clair », estime Ali Bejaoui, l'un des avocats du comité de défense d'Abir Moussi.
Fervente anti-islamiste
Abir Moussi est aussi connue pour être une fervente anti-islamiste et ne manifeste jamais aux côtés des autres partis d'opposition, mais elle exprime souvent des critiques à l'égard du régime du président Kaïs Saïed dans les manifestations de son parti. Malgré son positionnement politique, ses avocats espèrent encore une libération. « Juridiquement, je suis certain que madame Moussi mérite sa libération parce qu'il n'y a pas de crime dans le dossier », affirme Ali Bejaoui.
Abir Moussi était l'une des dernières voix fortes de l'opposition à être encore en liberté. À l'instar de la vingtaine d'opposants politiques actuellement en prison, sa détention provisoire peut se prolonger sur six mois renouvelables de quatre mois, dans l'attente d'un procès.