Comme dans de nombreux pays, ce mois d'octobre est synonyme de campagne de sensibilisation au cancer du sein. Aux Comores, l'Association comorienne contre le cancer chez la femme (ACCF) est le porte-drapeau de ce combat. Durant ce mois, l'ACCF permet à des centaines de femmes de se faire dépister. En septembre dernier, un hôpital public a enfin mis en place un centre d'imagerie, une avancée puisque jusqu'ici cela n'était possible que dans une clinique privée qui, elle aussi, baisse ses prix durant la campagne. Malheureusement, cela ne suffit pas et les problèmes sur le terrain sont nombreux.
Le sujet est toujours tabou et même si les mentalités évoluent, le cancer, surtout celui du sein et du col de l'utérus est un problème majeur pour les malades et leurs familles aux Comores. Entre le manque de moyens et d'infrastructures de soins sur place, les obstacles sont nombreux, poussant les malades à l'exil pour se faire soigner.
« Il n'y a aucun soin aux Comores pour traiter le cancer. Parmi ce qui m'a traumatisé pendant mes soins, c'est quand je suis arrivée en France et que j'ai vu que pendant deux mois, on m'a fait passer des examens pour essayer de poser le diagnostic et mettre en place le protocole, tandis qu'à l'autre bout du monde, chez moi, un médecin était prêt à m'opérer sans même savoir ce qu'il opérait », raconte Moinafatima Charani, cofondatrice de l'ACCF, qui a dû partir se faire soigner en France.
Aujourd'hui en rémission, elle est contrainte de rester en France sous surveillance. À Moroni, Zahara Abdallah, présidente et cofondatrice de l'Accf, poursuit le combat. « Notre grand défi, c'est d'essayer de pousser le ministère de la Santé à prendre en charge ces malades. Comment ? Soit ouvrir un service pour la chimiothérapie et aussi former les gens en oncologie pour la prise en charge des malades. Parce que les malades aussi qui sont en stade terminal, sont chez elles, souffrantes, sans soins palliatifs parce que ce service n'existe pas ici aux Comores », déplore-t-elle.
L'intéressée soulignera qu'il existe une convention sanitaire entre Maurice et les Comores qui permet aux femmes malades du cancer d'être prises en charge quand elles sont hospitalisées à Maurice. Une aide précieuse, mais loin d'être suffisante.