Madagascar: Choux-fleurs contre Oranges - L'unité nationale en danger

Dans une ambiance électorale mouvementée, le pays se dirige vers un affrontement entre civils.

Un samedi de tous les dangers

Le spectre de la division menace plus que jamais la société malgache.

Les événements de ce samedi laissent présager que le pire reste à venir.

Outre les accrochages isolés entre les partisans du président sortant et ceux du Collectif des candidats, à Ankorondrano, les tensions étaient palpables dans les différentes rues de la capitale.

En effet, les « oranges » ont attendu les partisans du Collectif des 11 candidats sur les points de ralliement annoncés, pour se livrer ensuite à la provocation.

La situation était au bord de l'explosion qu'une petite étincelle et tout partait à la dérive. En tout cas, à Behoririka, à Mahamasina et à Ankazomanga, les « oranges » et les « choux-fleurs » se donnaient à une joute verbale sans dérapage.

À Ampasika, le cortège mené par Jean Jacques Ratsietison et Tahina Razafinjoelina se heurtait à quelques dizaines de partisans d'Andry Rajoelina qui prolifèrent des insultes.

Guerre civile

À qui profite cette situation ? C'est la question que les observateurs commencent à poser. Sans consommer la manifestation menée par le Collectif des candidats durant déjà deux semaines, beaucoup s'accordent à dire que les partisans du président sortant jouent à un jeu dangereux.

%

Depuis ce lundi 9 octobre, à chaque marche organisée par le Collectif des candidats, leurs partisans voient des partisans d'Andry Rajoelina déchaînés contre eux. Tanora Miandrandra ny Hoaviny (TMH), à Anosibe, Tanora malaGasy Vonona (TGV) à Antohomadinika, ou encore Naivo Raholdina et sa bande à Ampasapito, les contre manifestations passent à l'offensive.

Ce samedi, un pas qui nous rapproche de la guerre civile a été franchi.

Les deux parties en sont même venues aux mains à Ankorondrano aux alentours de midi. Tout laisse croire que la situation est en train de partir en vrille, appelant ainsi aux prises de conscience de tout le monde.

D'autant plus qu'au niveau de la société, la dualité, voire la rivalité, entre les « oranges », constitués en général par la couche la plus démunie de la population et les « choux-fleurs », constitués par la classe moyenne, est de plus en plus ressentie.

Une situation qui appelle tout le monde à ses responsabilités en cette période électorale durant laquelle le respect de l'unité nationale est exigée.

Fauteur de troubles

L'intervention de « gros bras ». Si durant la première semaine de la manif il n'y avait de heurts qu'entre les manifestants et les forces de l'ordre, la deuxième semaine est surtout marquée par l'entrée en scène des pro-Rajoelina, et ce samedi par l'arrivée des « gros bras ».

Des taxi-motos, fauteurs de troubles ont semé provocations et insultes sur leurs passages.

En se mettant en double montée, ils ont eu une mission spéciale : intimider et provoquer les manifestants.

« Au départ, on nous a contactés afin de faire de la propagande pour un candidat. Mais, une fois arrivés sur place, on nous a donné une autre consigne.Il s'agit de contrer la manifestation du Collectif des candidats », a confié l'un d'entre eux qui a indiqué qu' « ils étaient payés 30 000 ar pour 3 heures ».

Avec les quelque 200 taxi-motos mobilisés, le camp du président sortant a dépensé au moins 6 000 000 ar, ce samedi.

En tout cas, les taxi-motos ont pour rôle de transporter les « gros bras ».

À Antanimena, des éléments dirigés par le député Feno Ralambomanana ont été sur le point de passer à la riposte mais cela s'est terminé par de simples intimidations avant qu'ils se fassent refouler vers le rond-point Ankorondrano.

Place du 13 mai

Pendant que les civils étaient au bord de l'affrontement direct, les forces de l'ordre ont bien gardé la Place du 13 mai. Il a fallu que les partisans du Collectif des 11 candidats se dirigent vers Antanimena pour qu'elles se décident à intervenir et à ériger un barrage afin d'empêcher toute tentative d'investir les lieux, en laissant ainsi les partisans du président sortant rejoindre tranquillement les rues menant vers Malacam.

Après deux heures d'attente, les manifestants, avec les candidats et les parlementaires à leur tête, ont décidé de faire machine arrière et se sont dirigés vers Ankorondrano, Ivandry et Alarobia où ils se sont à nouveau heurté à des éléments des forces de l'ordre.

Une personne a d'ailleurs été arrêtée et blessée.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.