Tunisie: Numérique - La pression constante pour être «connecté»

16 Octobre 2023

Le Dr Maroua Daoud, psychiatre, souligne que cette hyper-connectivité peut être particulièrement préjudiciable pour les personnes déjà vulnérables, en particulier celles souffrant de troubles anxieux. En effet, le constant flux d'informations et de sollicitations peut aggraver le stress, entraînant ainsi un état de tension chronique.

Dans notre ère du «tout numérique», être «connecté» est devenu une sorte d'injonction, une «obligation» à laquelle il semble impossible d'échapper. Les Smartphones, les réseaux sociaux, les courriels et autres formes de communication en ligne ont révolutionné la façon dont nous interagissons avec le monde. Cependant, cette connectivité permanente a un coût bien réel sur notre bien-être mental, un coût qui mérite une réflexion approfondie.

L'une des principales sources de pression d'être constamment connecté provient de l'illusion de l'obligation. Les messages instantanés, les notifications incessantes et les attentes sociales créent une perception que nous devons toujours être disponibles en ligne, à tout moment. Cette pression peut entraîner une anxiété constante et une peur de manquer quelque chose d'important. Le simple fait de laisser un message sans réponse pendant quelques heures peut susciter un sentiment de culpabilité et d'inquiétude. Les normes sociales ont évolué pour inclure une attente implicite de disponibilité en ligne, ce qui ajoute à la pression constante de se connecter.

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Un stress permanent

Cette pression pour être constamment en ligne crée un stress permanent. Nous sommes constamment en mode de réponse, toujours sur le qui-vive pour répondre à des messages, vérifier régulièrement les réseaux sociaux et gérer des courriels même en dehors des heures de travail. Ce rythme effréné peut provoquer une fatigue mentale, également connue sous le nom de «burnout numérique». Le burnout numérique se caractérise par une détresse psychologique liée à l'utilisation excessive de la technologie, ce qui a un impact sur notre capacité à nous détendre, à nous concentrer et à nous reposer correctement. Les experts avertissent que cela peut entraîner des problèmes de santé mentale plus graves, tels que la dépression et l'anxiété.

Paradoxalement, malgré notre «hyper» connectivité, de nombreuses personnes se sentent plus seules que jamais. L'obsession pour les écrans peut entraîner un isolement social, car les interactions en ligne ne remplacent pas les véritables relations en face à face. Les médias sociaux, bien que conçus pour nous connecter, peuvent également nous isoler davantage en encourageant la comparaison constante avec les autres. Les filtres flatteurs, les photos retouchées et les mises en scène parfaites sur les médias sociaux peuvent contribuer à une image idéalisée de la vie des autres, ce qui peut nuire à notre estime de soi et nous faire sentir inférieurs, ou pas assez «in».

Le Dr Maroua Daoud, psychiatre, souligne que cette hyperconnectivité peut être particulièrement préjudiciable pour les personnes déjà vulnérables, en particulier celles souffrant de troubles anxieux. En effet, le constant flux d'informations et de sollicitations peut aggraver le stress, entraînant ainsi un état de tension chronique. Ce stress peut se manifester de diverses manières, parmi lesquelles un déficit de la concentration, le développement d'addictions comportementales, la dépression, le burnout, des idées suicidaires, des troubles du sommeil et une irritabilité accrue.

Les effets de l'hyperconnectivité ne se limitent pas au domaine mental, explique Dr Daoud. Cette surexposition aux écrans et aux sollicitations permanentes peut également avoir des répercussions sur la santé physique. Les accidents cardiovasculaires sont parmi les troubles graves qui peuvent résulter de ce phénomène. Les liens entre le stress chronique engendré par l'hyper connectivité et les problèmes cardiovasculaires sont de plus en plus évidents, mettant ainsi en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices de cette réalité moderne.

Le travail à distance et l'hyper connectivité

De plus, la pandémie du Covid-19 et la généralisation du travail à distance ont exacerbé ce phénomène d'hyperconnectivité. Les mesures de distanciation sociale et le télétravail ont poussé de nombreuses personnes à s'engager encore davantage dans le monde numérique pour maintenir les liens sociaux et poursuivre leurs activités professionnelles. Cette nouvelle réalité a ainsi amplifié les risques associés au diktat d'être tout le temps en ligne.

Le constat alarmant dressé par la psychiatre Maroua Daoud nous rappelle que l'hyperconnectivité, bien que source de commodité et d'efficacité, peut être l'origine de nombreux maux. Il est essentiel de prendre conscience de ces risques, en trouvant un équilibre sain entre le monde virtuel et celui réel.

Face à cette pression constante d'être toujours en ligne, il est de plus en plus recommandé de prendre des «pauses digitales» régulières pour préserver notre bien-être mental. Cela pourrait impliquer de définir des limites strictes pour l'utilisation de votre Smartphone et des médias sociaux, de désactiver les notifications pendant certaines périodes de la journée ou de dédier un temps spécifique à des activités déconnectées. Ces moments de déconnexion nous permettent de nous recentrer, de renouer avec le monde réel et de prendre soin de notre santé mentale.

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