Long-métrage burkinabé sorti en début de cette année, « Sira » met en lumière les séquelles et la haine qu'on éprouve après avoir été victime de terrorisme.
Le film se déroule au Sahel. C'est l'histoire d'une jeune fille peule, Sira, promise au mariage à Jean-Sidi. Alors qu'ils sont en route pour aller commémorer cet événement heureux, elle et sa famille sont soudainement attaquées par des terroristes islamistes. Tous les hommes sont abattus et le chef du gang, Yéré, abuse de Sira. Laissée pour morte dans le désert, la jeune femme se retrouve seule et se résout à tisser son plan de survie, tandis que sans qu'elle ne le sache, son fiancé est à sa recherche.
Après avoir trouvé refuge dans une grotte, elle découvre dans le désert que le camp des terroristes est dirigé par Moustapha, le meilleur ami de son père, et Yéré est son violeur. Entre amertume, désolation et désir de vengeance, Sira, qui va devoir assumer qu'elle est enceinte de son agresseur, décide de tout faire pour déjouer les plans macabres des terroristes. Prendre position contre la terreur islamiste deviendra sa bataille de tous les jours.
En s'appuyant sur les exactions subies par les filles kidnappées par les terroristes dans leur corvée d'eau, le long-métrage pose avant tout la question de l'insécurité au Burkina-Faso et plus largement en Afrique. Aujourd'hui, le terrorisme a déjà causé des tonnes de dégâts : pertes en vies humaines, déplacements massifs, viols, déscolarisation des jeunes, pauvreté, etc. A travers son film, la réalisatrice burkinabé Apolline Traoré lance un SOS de plus pour l'éradication totale de ce phénomène affreux qui contribue au retard de développement du continent. En parallèle, elle rend hommage au courage, à la résilience et à l'espoir de toutes les femmes cibles et victimes de terrorisme.
Trois générations de femmes se révèlent aux côtés de Sira : Aïssatou, sa mère, et Kémi, adolescente kidnappée, séquestrée comme esclave sexuelle. Dans un contexte marqué par le changement climatique, la réalisatrice du film interpelle sur les questions d'accès à l'eau potable, d'assainissement et d'hygiène par les femmes et les jeunes filles au Burkina Faso.
Film dramatique écrit et réalisé par Apolline Traoré, « Sira » a pu être tourné avec des acteurs principaux tels Mike Danon, Lazare Minoungou, Nathalie Vairac et Ruth Werner. Nafissatou Cissé, l'actrice principale, est une belle découverte dans ce film. Pour un premier rôle qu'elle apprend les rudiments sur le tas, Nafissatou se révèle convaincante et captivante. Seulement, comme l'a révélé la réalisatrice dans une interview accordée au média Deutsche Welle, ce n'était pas du tout facile de parvenir à ce résultat. La jeune fille s'était évanouie lors du tournage en raison du rapprochement de la fiction à la réalité et de la zone géographique du tournage,
Depuis sa sortie, Sira a déjà remporté plusieurs prix, à savoir Prix du public Panorama du meilleur long-métrage et Prix du film d'Amnesty International à la Berlinale 2023 ; Etalon d'Argent de Yennenga au Fespaco 2023 ; Prix WaterAid Burkina pour l'eau, l'hygiène, l'assainissement et le changement climatique ; Prix CEDEAO de la meilleure réalisatrice ouest-africaine ; etc.