Congo-Kinshasa: Portrait - Meschak Kadima, l'art d'être une étoile

Si pour certains l'art est accessoire, pour d'autres il est vital. Impossible de penser la vie, d'être à la vie, d'être en vie sans être à l'art. Meschack Moyengo Kadima est l'une de ces âmes pour qui la question d'être à l'art ne s'est jamais posée. Le destin aura été plus fort que l'homme. Artiste autodidacte et multidisciplinaire, c'est dans la peinture que sa voie se distingue sinon dans l'art d'être lui-même, dans l'art d'être une étoile...

La République démocratique du Congo regorge de talents. C'est le cas de le dire. Autant son sol et son sous-sol regorgent de ressources naturelles, minières à l'image de pépites de diamants qui demanderaient presque seulement une génuflexion pour être ramassées et travaillées ; elle regorge tout aussi de talents humains, artistiques, qui n'ont dans la grande majorité des cas pas recours à quelque formation que ce soit mais méritent amplement de donner des masterclasses au monde entier...

C'est le cas de Meschack Moyenga Kadima qui à l'exemple de ses pères Loambo Makiadi ou Papa Wemba, pour ne citer que ceux-là, ne sont jamais passés dans un conservatoire mais dont les notes sont reprises, reproduites au meilleur de leur accessibilité et l'histoire et le parcours étudiés, documentés, archivés sous les Cieux d'Orient, d'Occident. En effet, Meschack, artistiquement connu sous le nom de « M. Kadima » est de ces artistes qui n'ont nulle formation dans quelques écoles d'art mais sont portés par le talent seul auquel ils s'accrochent comme si leur vie en dépendait. A force de volonté et de travail, le chemin se trace et s'impose comme une évidence dont on ignore bien souvent les coulisses en tant que spectateur, ne percevant que le produit fini d'un grand chemin initiatique fait de solitude et de renoncements, de plaisirs et d'exhaltation, de résilience et d'acceptation de ce qu'on appelera finalement le destin.

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Maniant aussi bien les crayons de dessin, les couteaux de sculpture que ses cordes vocales, c'est dans la peinture que M Kadima se distingue et tutoie les sommets. Ses oeuvres parcourent le monde, vantent la beauté de la femme et de la culture congolaises, interrogent et s'exaspèrent de la situation d'un pays-continent, gachette du monde, épicentre de la Terre, toujours en proie à des massacres humains, sociaux, économiques et diplomatiques. Des oeuvres qui parlent et ne laissent personne indifférent par la force de leur beauté et du message qu'elles véhiculent.

Le talent de M. Kadima salué par ses pairs et lui ayant permis de rencontrer, côtoyer plusieurs autorités politiques et diplomatiques mais aussi des artistes internationaux comme Maître Gims et Fally Ipupa, musiciens congolais qui font la fierté de la RDC à l'échelle internationale à l'identique de sa personne.

Cette reconnaissance qui dans son sillage lui accorde les bénéfices de tisser des partenariats d'affaires a surtout légitimé sa capacité à enseigner son art sans avoir lui-même reçu d'enseignement. C'est ainsi qu'il a décidé de transmettre à des jeunes congolais l'amour de l'art et de la peinture artistique au travers de l'atelier Kadim'Art. Plus que des techniques, c'est certainement un certain rapport à la vie et son propre esprit qu'il transmet à autrui.

Entrepreneur culturel, M Kadima n'en est pas moins confronté aux difficultés de vie entrepreunariale en dépit de son admirable parcours. Ce n'est pas le grand Samuel Eto'o qui le contredira. En analogie à l'affirmation faite par les comédiens évoluant au Cercle Culturel Sony-Labou-Tansi de Brazzaville, il est juste de renchérir que « Faire du théâtre en Afrique - mais aussi l'art en général et même entreprendre en Afrique - c'est bastonner la situation ». Des freins, des blocages et même une atmosphère générale douteuse entravent l'évolution de tout un continent.

Kadima reprend ainsi sur sa plateforme principale par le biais de vidéos comiques les difficultés de la vie d'entrepreneur mais aussi y développe des personnages et des gags qui présentent de façon hilarante les réalités de la vie Kongolaise... Les 172.000 abonnés qui le suivent se réjouissent ainsi de suivre les aventures de « Mamu et Tatu », un couple aux codes relationnels de la génération de nos parents et grands-parents, mais aussi les actes de la jeune génération des basi to ko bala poussant à la réflexion, à la remise en question...

Ainsi, par l'art et en étant simplement lui, M Kadima interroge, questionne, remet en question le tout avec la puissance de la beauté de ses tableaux et la force de légèreté de ses vidéos qui font passer même ce qui devait coincer. Vive l'art, vive Kadim'Art !

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