Ile Maurice: Le Jaggernaut de Jugnauth démarre ce lundi 16 octobre

Connu pour son agressivité politique inégalable, le MSM s'apprêterait, sans l'ombre d'un doute, à lancer une vaste offensive politique ce lundi 16 octobre. Action qui serait soutenue et alimentée pendant plusieurs mois, le tout débouchant sur la campagne électorale pour le prochain scrutin devant se tenir au plus tard en mai 2025.

Ce lundi 16 octobre, les Mauriciens seront en mesure de savoir si l'élection de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) et de ses deux colistiers serait invalidée ou légitimée par les juges britanniques du Privy Council. Tout semble indiquer que le pétitionnaire Suren Dayal perdrait son procès.

Si jamais Suren Dayal gagne, le MSM ne perdrait pas le pouvoir pour autant en raison de sa forte majorité au Parlement. Dans ce cas de figure, Steven Obeegadoo, en raison de son héritage familial qui brasse très large, pourrait être choisi comme un Premier ministre consensuel en attendant des élections générales qui pourraient théoriquement remettre PKJ au pouvoir. Théoriquement car en cas de l'annulation de l'élection de PKJ, l'opposition PTr-MMM-PMSD pourrait bien s'acheminer vers une large victoire bulldozant tout sur son passage y compris des groupuscules-fataks.

Mais si PKJ est white-washed par les Britanniques comme il avait gagné dans l'affaire MedPoint ? Il ne faudrait pas attendre longtemps pour savoir comment le MSM exploitera cette «grande victoire». Car dès le lundi 16 octobre, on assisterait au lancement d'une vaste campagne à l'allure d'un Jaggernaut en Inde.* Logiquement, ce Jaggernaut toucherait en premier le coaltar à Moka/Quartier-Militaire (n° 8) car c'est l'élection dans cette circonscription qui a été contestée. Le tout premier cri de bataille «nou-ki-mari» serait scandé dans le n° 8 pour atteindre par la suite d'autres régions.

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Pour tout le clan Jugnauth, le n° 8 reste une circonscription hautement symbolique. C'est dans le n° 8 que la première élection des temps actuels fut cassée. C'était celle d'Ashock Jugnauth, très proche de son frère Anerood et de son neveu Pravind Kumar. Deux calamités s'abattirent sur le Jugnauth Ashock. Il fut atteint du «moutouk» premier-ministériel introduit dans son système par un leader politique, ce qui l'aliéna de sa propre famille. Ensuite le Travailliste Raj Ringadoo contesta avec succès son élection. Mais pour la partielle qui suivit, pour des raisons hautement tactiques, le Premier ministre Navin Ramgoolam décida de soutenir la candidature de PKJ contre son oncle devenu ennemi n° 1. Ce fut le commencement de la conquête du pouvoir par les Jugnauth, père et fils, et l'éventuel karo-kann du leader travailliste lui-même.

Après le verdict de Londres, PKJ appellerait-il le pays à des élections générales anticipées pour exploiter à son profit les retombées spectaculaires de cette victoire ? PKJ dispose déjà d'une majorité plus que confortable alors pourquoi prendre un pari théoriquement risqué ? En effet, un gouvernement sortant qui jouit d'une popularité dans une frange importante de l'électorat, face à une opposition désunie, est tenté par l'option des élections avant terme et cela dans le but de prolonger son mandat et possiblement consolider sa majorité. C'est le pari qu'avait pris en 2000 le Premier ministre Ramgoolam. Or, entre la dissolution du Parlement et le jour du scrutin, ce qui semblait impossible se matérialisa. Contre toute attente, le MSM et le MMM se mirent en alliance et obtinrent une large victoire. Dans le contexte actuel, le gros de l'opposition est déjà réuni et on ne voit pas comment les douzaines de votes des groupuscules pourraient changer la donne au point de donner un (presque) 60-0 au PTr-MMM-PMSD.

Avec des élections avant terme, le MSM pourrait atteindre deux objectifs à travers une victoire conséquente remportant au moins trois-quarts des sièges. D'une part, une telle prépondérance massive au Parlement pourrait amener le MSM à entreprendre des amendements radicaux à la Constitution. Comme l'abolition même du poste de Directeur des poursuites publiques et du bureau de l'Audit.

L'autre objectif majeur, c'est balayer toute la classe politique traditionnelle qui se retrouverait dans l'incapacité physique d'affronter les élections de 2029. Ce qui assurerait le pouvoir pour le MSM jusqu'en 2034.

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