Ile Maurice: «Le bullying est un phénomène de groupe»

La violence est bel et bien présente dans les écoles primaires sous forme de bullying. Pas plus tard que lundi, deux cas de d'agression ont été rapportés au poste de police de Line Barracks et à celui de Quatre-Bornes. Une élève de Grade 3 d'une école de Pailles et un garçon de Grade 5 ont porté plainte pour bullying.

La fillette de neuf ans, en présence de sa mère, a rapporté à la police que l'incident a eu lieu lundi, vers midi, pendant la récréation. Elle a été agressée par trois élèves, deux filles de neuf ans et un garçon de 12 ans. Ils lui ont donné des coups de poing à l'oeil et à la tête. La fille lui a aussi donné un coup de pied au pied. Ayant perdu l'équilibre, elle est tombée et a été blessée à la tête, à l'oeil gauche et au pied gauche. Munie d'un formulaire 58, elle s'est rendue à l'hôpital Dr A. G. Jeetoo pour y recevoir des soins en compagnie de sa mère.

Nous nous sommes entretenus avec la mère qui a expliqué que sa fille est victime de bullying depuis un an. Selon sa mère, à la suite de plaintes portées à la direction de l'école, sa fille ne faisait que marcher dans la classe, ce qui agaçait les autres. Elle nous a raconté que le jour de l'incident, elle avait un crayon à la main et que, par inadvertance, elle l'a approché du visage de la fille de neuf ans. «Ma fille ne l'a pas agressée, c'était un accident. Cette dernière n'a pas compris le geste. Elle l'a pris comme une agression, vu qu'elle a appelé son frère qui est en Grade 6. Ce dernier ne s'est pas informé sur l'incident et il a commencé à mettre des coups de poing à ma fille. Ma fille a un oeil au beurre noir. Elle a été transportée à l'hôpital après cette agression.»

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Elle déplore aussi le manque d'enseignant dans la classe de sa fille, ce qui fait que les élèves agissent à leur guise. «Depuis près d'un an, les profs font le va-etvient. Elle n'a pas d'enseignant en classe. C'est pour cela qu'il y a plus de discipline dans la classe. Il y a un remplaçant du personnel de bureau dans cette classe.»

Un autre cas a été rapporté par un garçon de 11 ans, en Grade 5 et élève de l'école primaire de Solferino. Lundi, alors qu'il était sorti pour chercher de l'eau, un garçon de sa classe lui a fait un croche-pied. Il a perdu l'équilibre et est tombé. Dans le feu de l'action, il a marché sur le pied du garçon. Ce dernier n'a pas tardé à réagir et l'a frappé aux parties intimes. Il s'est plaint de douleurs à son professeur. Après l'école, son père l'a transporté à l'hôpital Victoria, à Candos, où il est actuellement admis.

Quand les professionnels livrent leurs sentiments

Nous nous sommes entretenus avec le président de la Government Teachers' Union, syndicat des enseignants des écoles primaires, Vishal Baujeet, sur le phénomène de violence en milieu scolaire. «Je ne suis pas d'accord que les enfants se bagarrent entre eux. Il ne faut pas qu'ils frappent les autres, qu'ils usent de violence envers leurs camarades de classe et qu'ils se sentent supérieurs. Il faut que la direction des écoles fasse appel à des spécialistes comme des psychologues pour enfants afin de résoudre ce problème. Chaque partie prenante doit prendre ses responsabilités. Le matin pendant l'assemblée, je demande aux maîtres d'école de parler sur les valeurs humaines et sur la façon de se comporter envers les camarades de classe.» Il ajoute que parmi les professeurs, il y en a certains qui font des causeries sur les valeurs humaines. «C'est important de donner de bons conseils aux enfants car ils font partie de la future génération. Cette conscientisation pourra les aider à être responsables et disciplinés.»

À notre question sur les raisons de tant de violence en milieu primaire, le psychologue Vijay Ramanjooloo explique : «Le bullying est connu comme le phénomène de souffre-douleur. Cela a toujours existé ; c'est un phénomène de groupe. Je peux vous dire qu'à mon époque on m'appelait Longay vu ma taille. Les camarades qui avaient de larges oreilles, on les appelait 'zorey silos'. Il y a plusieurs formes de bullying : physique, verbale, le phénomène de manipulation et cyberbullying.»

Il ajoute qu'il faut enseigner l'empathie envers l'autre. «Il faut avoir la capacité d'être à la place de l'autre. Ressentir les émotions de l'autre. Il faut travailler avec la direction des écoles, avec les élèves et les parents pour qu'il y ait du changement positif.»

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