Excellence Monsieur le Ministre Karl Lauterbach,
Excellence Madame la Commissaire Stella Kyriakides,
Monsieur le Président du Sommet mondial de la santé, Axel Pries,
Chers collègues et amis,
Guten abend ! Je suis navré de ne pouvoir me joindre à vous en personne, mais je vous envoie mes salutations de Manille, aux Philippines.
En tant que membre fondateur du comité d'organisation du premier Sommet mondial de la santé, et désormais en ma qualité de parrain, je suis ravi de constater que cet événement ne cesse de prendre de l'ampleur.
Il s'agit aujourd'hui de l'une des réunions les plus importantes du programme de travail du secteur de la santé mondiale, réunissant des représentants de gouvernements, d'organisations multilatérales, de banques de développement, de la société civile, du milieu universitaire, de l'industrie et beaucoup d'autres secteurs.
Cette année, nous nous réunissons dans un contexte de conflit et de crise. Le conflit en Israël et dans le Territoire palestinien occupé nous rappelle terriblement à quel point la santé de millions de personnes peut être rapidement menacée.
La guerre n'apportera rien d'autre que la destruction et l'horreur.
Les attaques perpétrées la semaine dernière par le Hamas contre des civils israéliens étaient injustifiées et horribles. Et je partage également les propos de Karl qui a indiqué que ces actes étaient barbares et qu'ils doivent être condamnés.
Je suis aussi extrêmement préoccupé par les attaques israéliennes menées contre des civils palestiniens. Des civils et des enfants innocents en paient le prix.
En outre, le fait de demander à 1,1 million de personnes de se déplacer du nord vers le sud de la bande de Gaza dans un délai aussi court provoquera une tragédie humanitaire.
L'évacuation forcée des patients et des agents de santé ne fera qu'aggraver la catastrophe humanitaire et de santé publique.
Des patients gravement malades ; des nouveau-nés en couveuse ; des femmes souffrant de complications de la grossesse et d'autres patients ne peuvent pas être déplacées sans que cela ne présente un risque grave pour leur vie.
L'OMS appelle le Hamas à libérer les otages civils et continue de prier Israël de respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit international qui consiste à protéger les populations civiles et les établissements de santé.
Nous demandons également que l'électricité et l'eau soient rétablies et que l'on permette l'acheminement immédiat et sûr de nourriture, de fournitures médicales et d'autres formes d'aide humanitaire.
La semaine dernière, j'étais au Caire, où j'ai rencontré le président El-Sisi, qui a accepté de faciliter l'acheminement des fournitures médicales à Gaza par le point de passage de Rafah.
Hier, l'OMS a stocké des fournitures sanitaires en Égypte, en vue de les acheminer à Gaza afin d'être en mesure de répondre aux besoins sanitaires critiques dès qu'un couloir humanitaire sera établi par le point de passage de Rafah.
Et comme nous le savons tous, ce n'est que le dernier conflit en date.
Dans notre monde fracturé et divisé, nous devons poursuivre notre recherche d'un terrain d'entente et du bien commun. La seule solution est le dialogue, la compréhension, la compassion et la paix.
Ce sont précisément les conditions dans lesquelles l'OMS a été fondée il y a 75 ans, lorsque les nations du monde se sont réunies au lendemain des horreurs de la Seconde Guerre mondiale.
Les auteurs de la Constitution de l'OMS ont reconnu que la seule façon d'aller de l'avant était de dépasser les frontières et les idéologies, vers un objectif commun d'un monde en meilleure santé pour tous.
L'humanité est aujourd'hui confrontée à de nombreux défis sanitaires, de la guerre à la crise climatique ; l'extrême pauvreté et la faim croissante ; l'épuisement rapide des ressources naturelles, les catastrophes naturelles et, bien entendu, les flambées épidémiques mondiales et régionales.
En mai dernier, il y a tout juste cinq mois, j'ai déclaré la fin de la COVID-19 en tant qu'urgence sanitaire mondiale.
Nous y sommes parvenus grâce à l'incroyable compétence et au dévouement inconditionnel des personnels de santé et d'aide à la personne, ainsi qu'à l'innovation des chercheurs et des fabricants de vaccins.
La COVID-19 a mis à nu les inégalités criantes de notre monde, les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables étant les plus durement touchées et les dernières à avoir accès aux vaccins et aux autres outils.
Nous avons observé un manque de coordination entre les nations et entre les acteurs du secteur de la santé ;
ainsi que la politisation de la science et la remise en cause de la confiance dans nos institutions par la diffusion d'informations fausses.
L'une des grandes tragédies de la COVID-19 est que cette situation aurait pu se dérouler autrement.
Nous ne pouvons pas négliger les enseignements douloureux tirés de la pandémie.
C'est pourquoi l'OMS a élaboré un plan pour une architecture mondiale plus équitable, inclusive et cohérente en matière de préparation et de riposte face aux urgences sanitaires, en plaçant l'équité au coeur de cette démarche.
Le nouvel accord sur les pandémies et les amendements au Règlement sanitaire international fourniront les bases juridiques essentielles de cette architecture.
Toutefois, je m'inquiète de la lenteur des négociations.
J'invite instamment tous les États Membres de l'OMS à oeuvrer dans l'urgence, en s'attachant tout particulièrement à résoudre les questions les plus difficiles et les plus litigieuses afin que l'accord puisse être achevé à temps pour l'Assemblée mondiale de la Santé qui se tiendra l'année prochaine, en mai 2024.
Ensemble, nous sommes plus forts, et c'est pourquoi le multilatéralisme est si important.
De nombreuses réalisations ont déjà été accomplies cette année pour renforcer la coopération internationale.
Le G20, sous la présidence de l'Inde, et le G7, sous la direction du Japon, ont accordé la priorité à de nombreux domaines de santé essentiels, notamment :
l'accès aux mesures médicales de lutte ; la production locale ; la couverture sanitaire universelle ; et la nécessité d'adopter une approche « Une seule santé ».
Je remercie tout particulièrement les dirigeants du G7 et du G20 pour leur engagement en faveur d'une meilleure collaboration entre les secteurs de la finance et de la santé.
Cette collaboration a déjà abouti à la création du Fonds de lutte contre les pandémies pour aider les pays à revenu faible à accroître leurs capacités en matière de préparation.
Au cours de l'Assemblée générale des Nations unies qui s'est tenue cette année, des avancées historiques ont été réalisées pour la première fois ; en effet trois réunions de haut niveau ont été organisées sur des questions sanitaires majeures, à savoir : les pandémies, la couverture sanitaire universelle et l'éradication de l'épidémie de tuberculose.
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Excellences, chers collègues et amis,
En 1948, un monde ébranlé par la guerre s'est uni pour fonder l'Organisation mondiale de la Santé, avec la conviction que non seulement la santé est un droit humain fondamental, mais aussi que la santé est fondamentale pour la paix et la sécurité.
Leur conviction de l'époque doit rester la nôtre aujourd'hui.
En oeuvrant ensemble pour promouvoir, assurer et protéger la santé physique et mentale des personnes et des communautés, nous nous efforçons également de reconstruire notre monde brisé et meurtri.
Je remercie de nouveau l'Allemagne, la ville de Berlin et le Sommet mondial de la santé pour le leadership et le partenariat démontrés. Je tiens également à remercier mon frère Karl Lauterbach pour ses mots chaleureux et pour le soutien constant apporté à l'OMS, y compris les observations que vous avez formulées aujourd'hui au sujet du financement.
Enfin, je vous remercie tous pour votre engagement constant à concrétiser la vision de la santé en tant que droit humain. Une fin en soi, mais aussi un moyen de développement.
Comme j'aime toujours le dire, Gesundheit ist ein Menschenrecht !
Vielen dank.