Ile Maurice: Confusion de rôles

Comme membre du troisième âge, Sheila a répondu favorablement à l'invitation du bureau du Premier ministre et du ministère de la Sécurité sociale pour se rendre au centre Swami Vivekananda. Elle a pris place dans un des 142 bus spéciaux affrétés pour l'événement. Elle a reçu sa collation à l'entrée. Les sourires accueillants des fonctionnaires et des policiers ont fait chaud au coeur de nos aînés. Quelle hospitalité !

Les paroles sages du Premier ministre ont captivé son attention et le reste de l'assistance composée d'environ 7 000 personnes. Les cameramen de la MBC ont tout filmé et se sont attardés sur les visages radieux. C'est bien mieux que dans un meeting.

Le ton du Premier ministre était respectueux. Il a parlé d'une bonne hygiène de vie, d'une alimentation saine, de la pratique du sport et de la pension de vieillesse qui sera augmentée comme promis. Il a critiqué l'opposition qui ne veut pas, selon lui, que les vieux gagnent davantage. Il a brandi comme preuve le procès devant le Privy Council et a détruit l'argument selon lequel la hausse de la pension serait un bribe électoral.

À la fin de la rencontre, dans l'autobus, Sheila s'est posé la question. Suis-je allée à un meeting du leader du MSM ou ai-je été invitée par le bureau du Premier ministre et le ministère de la Sécurité sociale ? D'autres questions se sont entrechoquées dans sa tête. Si c'était un meeting, quel rôle jouaient tous les fonctionnaires qui ont travaillé sur l'événement ? Sheila savait que la MBC était servile, mais pas tous ces fonctionnaires. Elle pense alors à Subash Seeruttun, ex-directeur de la Beach Authority, qui a été condamné pour avoir transféré la licence d'un marchand de glace (d'une plage à une autre), une des rares affaires remportées par l'ICAC. Sheila se demande si dans son cas, il n'y aurait pas eu un délit du genre «using public office for personal gratification». Elle va peut-être écrire à la commission anti-corruption pour clarifier la situation. Dans sa tête, il y a quelque chose qui cloche. Et si l'ICAC n'a rien fait, est-ce que la Financial Crime Commission pourrait s'y intéresser ?

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Sheila se souvient alors de sa soeur Vina qui vivait en Angleterre. Vina lui avait parlé du code de conduite pour le PM et ses ministres par rapport à l'utilisation de l'appareil d'État et des fonctionnaires. Un extrait du code se lit ainsi : «Ministers must uphold the political impartiality of the Civil Service, and not ask civil servants to act in any way which would conflict with the Civil Service Code and the requirements of the Constitutional Reform and Governance Act 2010. Ministers should be professional in their working relationships with the Civil Service (...)»

Sheila arrive bientôt chez elle. Avant de descendre, elle conclut sa réflexion : «Pravind Jugnauth a pas mal d'argent, son parti aussi et il n'a pas besoin de l'argent des contribuables pour convier les aînés...»

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