Ile Maurice: «Les pilotes attendent que leurs conditions de travail pré-Covid soient rétablies»

interview

La Mauritius Airline Pilots' Association (MALPA) s'est réunie lors d'une session de travail de trois jours avec les pilotes et les acteurs clés de l'industrie aérienne, à l'occasion de la réunion régionale Afrique et Moyen-Orient de l'IFALPA. Le capitaine Assad Tulloo, président de la MALPA, aborde les défis cruciaux de la profession. Entre les discussions sur la sécurité aérienne et les préoccupations concernant le manque de main-d'oeuvre, les pilotes espèrent également que leurs conditions de travail d'avant la pandémie de Covid-19, seront rétablies. Assad Tulloo souligne la nécessité de préserver les compétences locales tout en attirant de nouveaux talents.

La Mauritius Airline Pilots' Asso- ciation (MALPA) a tenu une session de travail de trois jours avec les pilotes et les opérateurs de l'industrie aérienne. Parlez-nous de cette rencontre...

Il s'agissait de la réunion régionale Afrique et Moyen-Orient de la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne (IFALPA). Les associations de pilotes se sont réunies pour discuter des problèmes auxquels ils sont confrontés afin de trouver des solutions. Avec le soutien de l'IFALPA, nous avons passé en revue les défis dans le domaine de l'aviation.

L'atelier de travail était axé sur la sécurité...

Nous avons suivi un cours sur la Positive Safety Culture. La sécurité engage tout le monde, du CEO à la dernière recrue, et il est important d'instaurer un climat de confiance dans le système et dans le management. Cette formation visait à enseigner la manière de s'y prendre et comment encourager les gens à rapporter les problèmes de sécurité sans pour autant craindre les mesures punitives. L'erreur est humaine même si on fait tout pour empêcher que cela se produise. Mais si jamais erreur il y a eu, le but c'est d'étudier les causes ayant mené à l'erreur et d'en tirer des leçons pour éviter que cela ne se reproduise. Le cours a mis l'accent sur l'importance de reconnaître ces faiblesses et de trouver des solutions pratiques au lieu d'adopter des mesures punitives comme solution. Ces cours ont été dispensés par des représentants de Delta Airlines, de British Airways, Boeing, Airbus et l'IATA. Ils encouragent le signalement des inci- dents et la discussion ouverte à leur sujet. Je tiens à préciser que la session de formation, a aussi vu la participation des contrôleurs aériens avec lesquels nous avons pu partager et échanger sur nos expériences.

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Quels sont les défis de la profession post-Covid ?

Le défi principal est la main-d'oeuvre. Air Mauritius souhaite recruter mais éprouve des difficultés, ce qui entraîne des conséquences sur sa croissance. C'est un problème auquel la plupart des compagnies aériennes sont confrontées, car pour trouver du personnel qualifié, elles doivent puiser dans le même marché. Toutes les grandes compagnies aériennes cherchent à avoir une main-d'oeuvre hautement qualifiée, et celui qui propose le meilleur package l'emporte. Il y a actuellement envi- ron 140 pilotes à Air Mauritius. Le ratio de pilotes mauriciens par rapport aux pilotes étrangers est presque le même, car la com- pagnie ne peut opérer avec seulement des pilotes mauriciens.

Qu'en est-il de la qualité de la formation ?

La formation est de très haut niveau. C'est pourquoi les pilotes mauriciens ne rencontrent aucune difficulté à trouver du travail ailleurs, car nos compétences sont reconnues dans le monde entier. D'autres compagnies sont intéressées par notre ex- pertise, et si l'offre est meilleure ailleurs, il est possible que certains pilotes songent à par- tir. Nous devons éviter une érosion de notre main-d'oeuvre locale.

Outre la main-d'oeuvre, quels sont les autres défis auxquels vous êtes confrontés ?

La gestion d'un avion est une inte- raction très sensible. Nous devons être constamment en alerte. Des facteurs tels que les conditions météorologiques, le trafic aérien, entre autres, ne dépendent pas de nous, mais influent grandement sur nos opérations quotidiennes. Par exemple, quand il y a eu la guerre au Sou- dan, nous avons dû emprunter de nouvelles routes. Le défi consiste à connaître la zone, les régions montagneuses, les aéroports de dégagement adéquats et opérer dans une zone à haute densité de trafic aérien. Dans de telles situations, nous devons faire preuve d'une grande vigilance. Bien que ces situations ne se produisent pas tous les jours, elles font partie des défis que nous devons gérer.

Que pensez-vous de l'état des avions d'Air Mauritius ?

En tant que pilote, je peux affirmer que la compagnie a beaucoup investi dans des appareils modernes comme l'A350. Air Mauritius ne lésine pas sur les moyens pour assurer la maintenance de ses avions et la sécurité de ses passagers. Nous avons dé- passé le niveau minimum requis en termes de sécurité, et notre équipe d'ingénieurs fait un excellent travail pour maintenir les avions en bon état. Quand je suis aux commandes d'un avion, ma vie est également en jeu, et je ne ferai aucun compromis sur ce point. Je ne piloterai jamais un avion qui n'est pas sûr.

Comment Air Mauritius pourrait-elle améliorer ses services ?

Nous avons atteint un niveau de sécu- rité qui constitue un excellent bilan pour la compagnie. Je ne pense pas qu'il y ait de souci à se faire à ce niveau. Ce que les gens recherchent, c'est la variété au niveau des destinations. Avec l'arrivée prochaine de nouveaux avions, j'espère que nous pour- rons augmenter la fréquence des vols et offrir plus de destinations sans escale. Notre objectif est simplement de voler...

Et en ce qui concerne les pilotes ?

Nos conditions de travail sont encore loin de ce que nous avions avant la pandémie de Covid-19. Notre principale demande est que la compagnie rétablisse nos conditions de travail. La compagnie semble être disposée à aller dans ce sens, et nous attendons cela avec impatience. Nous avons été loyaux pendant les moments difficiles, et maintenant que les affaires s'améliorent pour la compagnie, nous espérons que nos conditions de travail s'amélioreront également. C'est le moment opportun. Cela pourrait prévenir l'érosion de nos compétences locales et attirer de nouveaux talents.

En quoi cette réunion a-t-elle été bénéfique pour Maurice ?

Maurice a été mise en avant sur la carte internationale de l'aviation. Des compagnies de renom ont découvert que même si Maurice est une petite île avec une petite compagnie aérienne, notre engagement pour la sécurité est remarquable et hautement louable. C'est gratifiant d'obtenir des retours positifs de compagnies telles que Boeing ou Airbus.

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