Elle garde le sourire. Reste bienveillante malgré les coups durs assénés par la vie. Vimla Dabysing a dû affronter un cancer du sein. Zoom sur le courage de cette quinquagénaire en ce mois d'octobre rose, dédié à la lutte contre cette insidieuse maladie.
Apprendre que l'on est atteinte d'un cancer équivaut à un coup de massue, surtout lorsque l'on se trouve seule dans un établissement de santé, face à son médecin. Cette situation, Vimla Dabysing, 50 ans, l'a vécue. Cette habitante de Beau-Bassin, mariée et mère de deux filles, a vu sa vie basculer de nouveau alors qu'elle avait déjà connu des ennuis de santé. «J'avais subi une ablation de l'utérus et, peu de temps après, j'ai appris que j'avais un cancer du sein, ce qui a bouleversé ma vie et celle de ma famille. Je me sentais déjà moins féminine, alors, imaginez mon état d'esprit en réalisant que je devrais subir une mastectomie.»
Tout a commencé alors qu'elle avait 45 ans. Elle ressentait des douleurs à la poitrine et avait senti la présence d'une «bosse» au toucher. «J'avais également des vertiges et de la fièvre. J'ai d'abord pensé à un abcès. Je n'aurais jamais imaginé qu'il s'agissait d'un cancer. Personne dans ma famille n'avait jamais eu de cancer du sein avant moi.» Elle a alors subi des tests à l'hôpital Jeetoo, et le diagnostic était sans appel. «Il s'agissait bien d'un cancer du sein. Mon médecin, que je connaissais bien, m'a annoncé la nouvelle en toute transparence. Ce fut un choc. Moi qui étais toujours souriante, je me suis mise à pleurer.»
Il s'est écoulé 15 jours entre le jour où Vimla Dabysing a appris la nouvelle et le jour de son opération. «La veille, en salle d'attente, j'ai rencontré une autre patiente atteinte d'un cancer du sein qui venait de subir une mastectomie. Cela a été un choc brutal pour moi. J'ai même supplié mon mari de me ramener à la maison...» Mais le lendemain, elle a fini par accepter la dure réalité. «La suite a été très éprouvante, avec au total huit séances de chimiothérapie.» Cependant, elle a dû faire face à une autre épreuve difficile, celle de perdre tous ses cheveux. «J'avais de longs cheveux, je me souviens m'être fait un brushing et avoir fait une queue de cheval. Soudain, celle-ci s'est carrément détachée de ma tête. C'était juste après ma première séance de chimiothérapie.» Vimla Dabysing se rappelle que cela s'est produit un jeudi, alors que sa petite soeur se mariait le samedi. «J'avais l'impression que j'avais perdu ma féminité. Je me sentais insignifiante.»
Cependant, elle ne s'est pas laissé abattre, grâce à l'encouragement, au soutien et au dévouement de ses filles, de son mari et de sa famille. «Ce fut une période difficile de ma vie, mais nous avons combattu ensemble. Ma grande soeur ne m'a jamais laissée aller seule à mes séances de chimiothérapie, par exemple. J'étais bien entourée.» Elle souligne en outre le rôle important de l'association Link to Life qui l'a aidée dans son parcours. «Ils m'ont fourni une prothèse pour que je ne me sente pas différente des autres femmes. Il faut dire qu'au début, le regard des gens peut être blessant et vous vous sentez différente, étrange. Mais ils m'ont également fourni une perruque et un soutien considérable...» Six ans plus tard, elle continue de bénéficier du soutien actif de l'association, à travers des massages, des cours de maquillage, de l'art-thérapie, du yoga, de la zumba, ainsi que des sorties entre membres.
Aujourd'hui, Vimla Dabysing continue de se faire suivre et dépister régulièrement, car une récidive est toujours possible. «Lors de mes visites à l'hôpital, je rencontre de nombreuses patientes, jeunes et moins jeunes. Je comprends leur douleur. Récemment, lors d'une de mes visites, j'ai vu un homme dans la soixantaine, seul, qui venait d'apprendre qu'il avait un cancer de la prostate. J'ai immédiatement ressenti de la compassion pour lui. J'ai compris sa souffrance. Je suis allée le réconforter et lui ai expliqué que j'étais moi-même une survivante. Je lui ai conseillé de ne pas revenir seul à l'hôpital lors de son prochain rendez-vous.»
La femme courageuse affirme que depuis, elle fait tout fait pour rester positive. Elle essaie tant bien que mal de mener une vie normale, bien que les douleurs et les vertiges soient constants. «Je me sens également affaiblie, mais je continue à manger et à me battre.» Elle a un conseil à donner aux femmes : «Faites-vous dépister régulièrement. Peut-être que si je l'avais fait, je n'aurais pas perdu un sein...»