Ile Maurice: La compétence scientifique de notre police

30 Septembre 2023

Deux événements distincts s'étant produits ces derniers jours sont venus créer un sérieux doute sur l'expertise scientifique de la police mauricienne. Ces événements reflètent mal sur les opérations policières dans le combat contre la drogue et sur la capacité des instances médicolégales de l'État à déterminer les causes ayant entraîné la mort d'une personne.

Dans le premier cas, les autorités policières et scientifiques ont pris une dizaine de jours pour découvrir que de la cocaïne déterrée de trois endroits différents dans le pays n'était que de la... farine. La prétendue drogue avait été saisie suivant une dénonciation de Husein Abdool Rahim, un homme connu pour ses histoires, dont l'une coula le ministre Ravi Yerrigadoo.

Non seulement la police s'est laissé mener en bateau par un homme à la crédibilité problématique, mais le jour de la découverte même de la «drogue», les agents n'étaient pas équipés d'outils scientifiques dignes de ce nom. Ni étaient-ils accompagnés de chiens renifleurs qui sont d'excellents détecteurs de drogue même dans des valises les plus hermétiquement fermées. On se demande d'ailleurs depuis quand la police a mis fin au service des chiens alors que la douane en utilise avec tant d'efficacité à l'aéroport et au port tout comme à la poste centrale.

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L'incapacité de la police à faire la différence entre la cocaïne et la farine pourrait bien remettre en question les différentes saisies de drogue faites ces derniers mois, surtout lors d'opérations fortement médiatisées. Quels seraient les facteurs qui empêchent la police de se procurer les kits dernier cri en matière de détection de drogue ? Question de fonds ? Pourtant, le car pool de la police n'est jamais à court d'argent pour se doter des tout derniers équipements hypersophistiqués d'Allemagne dans le domaine de l'automobile.

Pourquoi ne pas investir dans le low-tech comme le chien renifleur ? La police pourrait bien avaler son orgueil et demander au tellement performant Sudhamo Lal de la douane de l'aider dans le dressage de chiens pour les utiliser dans la lutte contre la drogue.

Le deuxième cas de grave manquement concerne le département médico-légal de la police. On a ainsi appris que deux jours après la mort, le cadavre de Presram Sookur était dans un tel état (de décomposition avancée ?) que le médecin légiste n'a pas pu établir la cause exacte du décès. Or, on se demande comment des corps sont souvent déterrés plusieurs mois après l'inhumation en vue d'une nouvelle autopsie. Les Mauriciens se souviendront du cas de Lady Kathleen Bacha et de son fils qui furent déterrés d'un cimetière du Sud en vue d'un nouvel examen par le médecin légiste Satish Boolell et d'autres spécialistes venus de l'étranger. Cela, suivant de nouvelles allégations sur la cause de leur décès.

Toujours dans le cas des examens de cadavres par la police, on vient d'apprendre qu'un des tueurs des Sookur a avoué avoir étouffé à mort une femme à Port-Louis l'année dernière. Or, le médecin légiste avait dans ce cas conclu à une mort de cause naturelle. Voilà un crime mortel répertorié comme simple fait divers. En principe, un médecin légiste devrait être capable de déceler bien vite tout cas de mort par suffocation.

Comme dans le cas d'appel à Sudhamo Lal, le service médico-légal devrait reconnaître ses limites et solliciter dans les cas les plus difficiles l'expertise des autres. Pourquoi pas celle de Satish Boolell lui-même ? Autant qu'on le sache, l'ancien chef du département médico-légal de la police qui a été aussi parlementaire du MMM reste loyal à son parti mais comme citoyen et scientifique modèle et consciencieux, il ferait certainement abstraction de ses convictions politiques personnelles pour aider les autorités sur des questions cruciales de vie et de... mort.

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