Ile Maurice: Le CEB nie toute maldonne

30 Septembre 2023
interview

«L'express» avait sollicité le Central Electricity Board (CEB), mardi, pour avoir sa version, peu après la conférence de presse de Patrick Assirvaden, député du Parti travailliste. Celui-ci avait déclaré que Corexsolar n'était pas qualifié pour l'aménagement d'une ferme photovoltaïque au coût de Rs 5 milliards puisqu'il n'avait pas de terrain à sa disposition comme l'exigeait le CEB. Une équipe de techniciens du CEB nous a répondu mercredi. Ils expliquent que le CEB n'investira pas un seul sou dans ce projet. Ils nient aussi qu'il y ait eu deux avis légaux différents.

Est-ce que Corexsolar avait inclus dans son offre des documents authentiques prouvant qu'il était déjà en possession d'un terrain?

Nous confirmons qu'il avait soumis les documents en bonne et due forme. Il avait aussi le site et un lease agreement. Il faut bien préciser que le projet demeure le même. Il n'y a que l'emplacement qui change. Finalement, le promoteur a eu un terrain à Baie-du-Tombeau. Pour rappel, pour ce projet, il fallait un terrain d'une superficie de 1,2 million mètres2. Il n'était pas évident pour les soumissionnaires étrangers de trouver un terrain dans un court délai.

Est-ce que l'authenticité des documents a été vérifiée auprès du propriétaire du terrain avant de lui accorder le contrat?

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Quand nous évaluons les offres, nous n'avons pas le droit d'aller vérifier. Nous nous basons sur ce que les soumissionnaires nous donnent. Ils passent l'exercice d'évaluation s'ils respectent tous les critères.

Si la firme n'a pas donné de documents prouvant sa possession d'un terrain, pour quelle raison son offre n'a-t-elle pas été rejetée?

Il avait passé les différentes évaluations. De plus, il a proposé le meilleur prix et c'était le lowest bidder. Il était responsive.

Est-ce exact que dans un premier temps, quatre employés du CEB avaient refusé de signer le document pour approuver le contrat avec Corexsolar, mais lors d'une réunion du «board» du 12 juillet, trois sont revenus sur leur décision?

C'est tout à fait vrai. Ils avaient refusé dans un premier temps. Toutefois, quand le conseil légal a eu des informations complémentaires, ils ont changé d'avis. Ils s'étaient basés dans un premier temps sur un avis légal. Il manquait des documents dans le dossier soumis au conseil légal. Le CEB est exempté de la Public Procurement Act quand il s'agit de «goods for resale». Le conseil légal n'a pas donné un second avis, comme beaucoup le font croire. Il y a eu des clarifications sur des éléments qui manquaient. Nous ne sommes pas obligés de suivre la Public Procurement Act, mais nous avons quand même suivi les critères pour plus de transparence.

Est-ce exact de dire que Corexsolar a décroché divers contrats comme une ferme de 2 MW à Henrietta pour Rs 75 millions, Rs 110 M pour des PV kits destinés aux PME et Rs 400 M pour une ferme de 5 MW à Petite-Rivière?

C'est également vrai. Tous ses projets sont passés par un appel d'offres compétitif. Corexsolar a respecté tous les critères et ses offres étaient les meilleures sur le marché. Il faut faire une précision. Ce n'est pas le CEB qui lui a payé Rs 400 millions. La société a investi et il va récupérer son argent sur une période de 20 ans. C'est la même chose pour ce nouveau projet.

Corexsolar investira Rs 5 milliards dans la firme photovoltaïque et le CEB achètera l'électricité produite à un meilleur prix. Le CEB n'investira pas un seul sou dans ce projet. Avec ce genre de projet, le CEB ne va pas investir, mais il vise à produire 60 % d'électricité avec l'énergie renouvelable.

D'ailleurs, le promoteur n'a pas encore dépensé pour ce projet. Il doit avoir tous les permis nécessaires auprès des différents ministères et conseil du district pour ensuite déposer son dossier au bailleur des fonds afin d'avoir le financement. Il a neuf mois pour tout faire.

Est-ce vrai que Corexsolar a eu un contrat à Rodrigues alors que son offre n'était pas la plus basse ?

Il faut être précis. Nous constatons qu'un document est sorti dans la presse parlant d'un contrat de 1,7 million de dollars en 2020, alors que l'exercice d'appel d'offres a eu lieu en 2019. Pour cet exercice, aucun contrat n'a été alloué car les soumissionnaires ne répondaient pas à nos attentes. Il y a eu un autre exercice d'appel d'offres et nous avons eu plusieurs propositions. Après un exercice d'évaluation, le contrat a été alloué en 2022 à Corexsolar. Il avait réussi à passer le côté technique tandis que ses concurrents avaient échoué.

D'ailleurs, nous avions sollicité le Central Procurement Board (CPB) pour négocier avec lui pour baisser le prix. Finalement, le projet est arrivé à Rs 103,4 millions au lieu de Rs 108 millions et le CPB a donné son feu vert pour lui accorder le contrat.

Est-ce que l'accord entre le CEB et Rose-Belle Sugar Estate (RBSE) a été annulé pour un projet de 15 MW à Le Val et ensuite Corexsolar a pris la place du CEB aux côtés de RBSE?

Il n'y avait pas d'accord avec RBSE. Le CEB était en négociation, mais elle n'a abouti à rien. Le CEB avait lancé le Greenfield Public Sector Scheme pour que des compagnies investissent dans des fermes de photovoltaïques afin de vendre le courant à Rs 3,73. RBSE avait soumis une demande, mais elle n'avait pas l'expertise. Elle a été dans l'obligation de trouver un partenaire d'expérience. Cette compagnie d'État est la partenaire majoritaire de ce partenariat.

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L'ICAC pourrait aussi s'intéresser au(x) lanceur(s) d'alerte...

Selon une source fiable du CEB, une équipe de l'Independent Commission against Corruption (ICAC) a bien débarqué à son quartier général, à Ébène, jeudi. Elle aurait pris possession de tous les documents concernant le bidding contesté. Officiellement, les limiers essaieront de comprendre s'il y a bien eu magouille dans l'octroi du contrat de production d'énergie solaire à Corexsolar. Cependant, on nous fait savoir que comme tous les documents ont été rendus publics, «on peine à comprendre la démarche de l'ICAC. Ce serait plutôt à des hommes de loi de vérifier si le contrat est illégal».

C'est pourquoi notre source pense que la «saisie» des documents par l'ICAC servirait plutôt à bloquer toutes autres enquêtes. «On dira au Parlement, par exemple, que les documents sont avec la commission anticorruption et que l'on ne peut répondre aux questions.»

Cette saisie des documents viserait, également, selon notre source, à découvrir le ou les lanceur(s) d'alerte. «Un comble pour l'ICAC qui dépend justement des lanceurs d'alerte pour ses informations.»

Par ailleurs, on nous indique que le nouveau site proposé par Corexsolar se situerait à Baie-du-Tombeau et que le terrain était auparavant couvert de canne à sucre. Autre confirmation, les deux bénéficiaires étrangers, Corexsolar et Qair, installeront leurs panneaux photovoltaïques presque au ras du sol, rendant ces immenses terres incultivables.

Selon nos informations, au moins une famille qui aurait été approchée pour louer ses terres à Qair insiste pour l'installation surélevée des panneaux pour lui permettre de cultiver la terre. La famille aurait même écrit au CEB et aux différents ministères concernés, selon les informations qui nous sont parvenues de différentes sources.

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