Ile Maurice: Entre hystérie politique et indifférence citoyenne

Le verdict de l'appel de Suren Dayal sera proclamé cet après-midi à partir de 16 heures par le Privy Council. Du côté du gouvernement, l'excitation est à son comble, alors que plusieurs préparatifs sont en cours pour célébrer cette victoire anticipée. Les équipes se mobilisent, apportant les dernières touches au rallye prévu vers 16 heures. Cependant, au milieu de ce tumulte politique, un certain nombre de personnes préfèrent adopter une attitude différente, restant indifférentes aux résultats à venir. «Ces jugements et ces appels ne changent pas grand-chose», disent-elles.

Les proches du parti orange attendent ce jugement d'aujourd'hui avec une impatience presque insoutenable. Ils se sont déjà organisés pour suivre l'événement en direct, collés à leurs écrans pour écouter le verdict des Law Lords. D'autres ont déjà prévu un grand rallye au Sun Trust. Quant au Premier ministre, aucune indication s'il compte suivre le jugement aux côtés de ses partisans. Les avocats de Pravind Jugnauth ont prévu de suivre le direct pour prendre instantanément connaissance des conclusions des Law Lords. L'équipe légale du chef du gouvernement prévoit de suivre la diffusion en direct du jugement ensemble dans leurs bureaux. Certains membres de la profession comptent aussi suivre de près ce jugement.

Pour sa part, Suren Dayal n'a rien planifié pour suivre le verdict des Law Lords. «On verra bien le jour venu. On n'a fait aucune provision. Je pense que ce serait bien de le suivre avec la famille, chez moi. Après tout, nous avons attendu quatre ans pour cette affaire», dit Suren Dayal. Cependant, il y a aussi ceux qui restent indifférents à ce verdict imminent. Pour eux, la politique semble lointaine et déconnectée de leur vie quotidienne. Ils vaquent à leurs occupations habituelles, conscients que quel que soit le verdict rendu, la vie continue. Pour eux, l'issue de ce jugement ne changera pas grand-chose à leur existence immédiate.

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«Aucun changement»

Davina Pillay, employée dans une compagnie privée, ne semble pas être aussi intéressée par ce développement politique. «Honnêtement, je suis plus préoccupée par mon travail et ma famille. La politique est un jeu compliqué auquel je ne comprends pas grand-chose. J'ai entendu parler de l'affaire Dayal-Jugnauth, mais franchement, je ne vois pas en quoi cela va changer ma vie quotidienne. Je vais attendre de voir les nouvelles demain matin, mais cela ne changera pas grand-chose pour moi», dit-elle. Pour plusieurs jeunes, l'attente de cette décision ne signifie rien non plus. «Les politiciens font ce qu'ils veulent de toute façon. Ces jugements et ces appels ne changent pas grandchose. À voir l'excitation de certaines personnes, on pourrait dire que le verdict est déjà rendu», dit Ayushi G., une étudiante.

Ces témoignages reflètent les sentiments d'une partie de la population devenue cynique face à la politique et aux batailles judiciaires. Alors que les politiciens et leurs partisans se préparent à l'annonce du jugement, il est clair que pour certains, la politique est mise en retrait, laissant la vie suivre son cours. Ces personnes refusent de se laisser emporter par le tourbillon politique et préfèrent se concentrer sur les aspects plus concrets et immédiats de la vie quotidienne. Le jugement sera diffusé en direct à 13 heures, heure d'été britannique, soit 16 heures à Maurice, puis publié sur le site du Privy Council. Les plaidoiries avaient eu lieu le 10 juillet. Les débats avaient eu lieu devant les Law Lords Lloyd-Jones, Sales, Hamblen, Stephens et Dame Sue Carr.

Pour rappel, jeudi dernier, le MSM, rarement prolixe dans ses communications, a émis un communiqué pour démentir ce qu'il intitule de «diffusion de fausses nouvelles et tentatives de manipuler l'opinion publique». Le MSM disait avoir pris connaissance de certaines publications sur les réseaux sociaux et relayées sur les messageries électroniques, visant à manipuler l'opinion en faisant croire «que le MSM est déjà au courant du jugement du Privy Council quant à la pétition de Suren Dayal». Le parti a cherché à discréditer les spéculations grandissantes en insinuant que les membres de l'opposition sont derrière ces rumeurs persistantes de victoire anticipée. Cependant, cette déclaration contredit étrangement l'enthousiasme palpable au sein des cercles gouvernementaux, laissant planer le doute sur la véritable origine de cette confiance.

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