Ile Maurice: «Nous sommes toujours prêts à relever le défi»

interview

En cette journée spéciale où nous célébrons nos enseignants, l'ancien président de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE) souligne que tandis que nos enfants évoluent, notre système éducatif ne semble pas suivre le même rythme.

Vous avez de nombreuses années d'expérience dans l'enseignement. Pouvez-vous nous décrire l'évolution que vous avez observée au fil du temps ?

Cela fait 44 ans que je suis dans l'enseignement. Mon parcours a débuté en 1977 et j'ai mis un terme à ma carrière en 2022. Cependant, je continue à apporter mon aide aux jeunes. Il est important de noter qu'il existait deux catégories distinctes de professeurs : ceux du secteur privé et ceux des collèges d'État. Le recrutement dans ces derniers était soumis à des règles et des critères stricts en matière de qualifications. En revanche, dans le secteur privé, j'ai rencontré des enseignants qui n'avaient que le School Certificate ou un nombre limité de crédits académiques.

En 2008, l'introduction du Pay Research Bureau a apporté des changements significatifs. Aujourd'hui, le processus de recrutement et la rémunération des enseignants ont évolué. De plus, la création de la Private Secondary Education Authority (PSEA) a joué un rôle clé en facilitant les paiements aux enseignants.

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Cependant, dans l'ensemble, le domaine de l'enseignement n'a pas connu de transformation majeure. Il reste largement influencé par le système éducatif colonial. Nous continuons avec les examens de Cambridge pour le School Certificate (SC) et le Higher School Certificate (HSC). La méthode d'enseignement demeure inchangée, où le professeur entre en classe et dispense un cours. Les élèves tentent de saisir les informations fournies, et une fois le temps imparti écoulé, le professeur passe à la classe suivante. Cependant, de nos jours, le système éducatif encourage davantage la participation des élèves, même si elle reste limitée. De plus, la durée des cours a été réduite, passant de 45 minutes à 35 minutes. Après avoir établi la discipline en classe, il ne reste souvent que 20 minutes environ pour couvrir le contenu du jour.

Lorsque l'on aborde le sujet de la discipline, il est clair que les adolescents sont devenus plus rebelles face à l'autorité.

L'indiscipline est devenue un problème croissant et le monde de l'éducation semble régresser. Le nombre d'élèves échouant chaque année augmente, à partir même du PSAC, sans oublier le programme étendu. La question se pose : est-il réaliste de s'attendre à ce qu'un enfant qui n'a pas d'appétence pour les études puisse rattraper neuf années d'apprentissage en une seule année ? De plus, il est crucial de rappeler que nous devons parfois faire preuve de capacité de canalisation. Les classes comprennent souvent 40 enfants, chacun ayant une expérience de vie différente. Aujourd'hui, les enseignants ont également la responsabilité de surveiller les élèves pour détecter toute éventuelle consommation de drogue.

Quels sont les éléments essentiels pour devenir un professeur d'excellence ?

Il est essentiel d'avoir une véritable vocation pour devenir professeur ainsi qu'un enthousiasme pour l'apprentissage et de la patience envers les enfants. Dans cette profession, il est impératif de rester constamment à jour, notamment parce que les jeunes ont tendance à explorer Internet avant d'entrer en classe. L'éducation est désormais un métier exigeant qui nécessite une préparation constante, car des imprévus peuvent survenir en classe. Les enseignants doivent également cultiver une relation d'amitié avec leurs élèves et instaurer un climat de confiance. Après la pandémie de Covid-19, les enseignants n'ont pas baissé les bras, malgré la compréhensible détresse que les enfants ont vécue. Ils ont dû redoubler d'efforts pour garantir la réussite des élèves, et grâce à leur travail acharné, ils ont réussi à obtenir d'excellents résultats.

Le problème du manque d'enseignants est-il toujours d'actualité ?

Le problème persiste et demeure une situation très difficile, notamment après l'introduction de règlements qui ont compliqué les choses. Ce manque de ressources signifie que les enseignants sont constamment sollicités pour effectuer un travail supplémentaire. Il est crucial de se demander quelle solution peut être apportée à cette situation. Pour le moment, nous attendons des changements.

Le système éducatif semble dépassé. Les élèves qui échouent au PSAC ou qui ne passent pas au Grade 9 sont confrontés à un avenir incertain. Il est de plus en plus évident qu'une meilleure communication et un échange accru entre le ministère et les enseignants sont nécessaires. De plus, la formation des professeurs laisse à désirer et doit être repensée. Il est essentiel de réexaminer l'ensemble du système éducatif et de trouver des moyens pour éviter de perdre du temps entre les périodes. Cependant, chaque année, nous sommes prêts à relever les défis qui se présentent.

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