Cote d'Ivoire: Robert Beugré Mambé nommé PM ivoirien - Un nouveau chef de chantier pour ADO

Robert Beugré Mambé, nouveau premier ministre ivoirien (photo d'archives).
analyse

Dix jours. C'est le temps mis par le président ivoirien, Alassane Ouattara, pour désigner le successeur du désormais ex-Premier ministre Patrick Achi, démis de ses fonctions le 6 octobre 2023.

Faut-il croire que le maître des horloges des bords de la lagune Ebrié s'arrachait les cheveux pour trouver l'oiseau rare à même de poursuivre la mise en oeuvre de son programme de société ? A moins que, face à cette pléiade de compétences dont regorge le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le chef de l'Etat n'ait été confronté à un embarras du choix ! Un choix finalement porté sur Robert Beugré Mambé, 71 ans, en remplacement donc d'un prédécesseur qui, en plus de son action à la tête du gouvernement, aura vaincu cette espèce de signe indien qui hantait naguère les couloirs de la primature.

On se rappelle, en effet, la mort brutale d'Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020 suivie de celle d'Hamed Bakayoko en mars 2021, tous deux décédés en plein exercice de leurs fonctions.

Akwaba (1) donc à Robert Beugré Mambé, dont le choix a certes surpris bien des bookmakers de la scène politique ivoirienne, mais pas tant ceux qui connaissent la carrière professionnelle, le parcours politique et l'estime dont jouit le nouvel impétrant de la part du locataire du palais de Cocody.

Transfuge du PDCI/RDA, comme ADO, le nouveau PM est connu pour sa fidélité et sa loyauté au chef de l'Etat.

Ancien président de la Commission électorale indépendante (CEI), il est démis de ses fonctions en 2010 par le chef de l'Etat d'alors, Laurent Gbagbo, pour « fraude sur la liste électorale ». Mais sa traversée du désert sera de courte durée.

Arrivé au pouvoir à l'issue de la grave crise postélectorale, le président Ouattara lui témoigne sa confiance en le nommant gouverneur du district autonome d'Abidjan en avril 2011. Objectif : remettre sur pied la capitale économique, profondément éprouvée par la guerre civile. Mission dont les résultats ont connu un certain retentissement aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur.

Rien d'étonnant de la part de cet ingénieur des Travaux publics dont l'écho des qualités managériales est parvenu à la Banque mondiale, où il a été plusieurs fois sollicité pour conduire des projets communautaires.

En 2015, il obtient le Prix du meilleur africain ayant initié des actions de développement local en faveur des populations. Cinq années plus tard, par décret présidentiel, il est nommé ministre, gouverneur du district autonome d'Abidjan.

Elu maire de Songon à l'issue des municipales de septembre dernier, le natif d'Abiaté (Dabou) est, depuis 2022, le numéro 3 du RHDP, le parti au pouvoir.

Un prestigieux rang dans l'ordre protocolaire de la famille des houphouëtistes qui témoigne, si besoin était, de toute la confiance dont il bénéficie du chef de l'Etat.

La nomination comme Premier ministre de ce spécialiste en calculs de ponts, de barrages, d'immeubles de grande hauteur, de plateformes en mer et de grands ouvrages d'assainissement intervient au moment où la Côte d'Ivoire parie sur un second miracle économique. Autant dire qu'il arrive en bon chef de chantier pour poursuivre les grands travaux d'infrastructure d'ADO, qui entend marquer d'une empreinte indélébile son passage à la tête du pays.

Toutefois, autant c'est au pied du mur que l'on reconnaît le bon maçon, autant c'est à l'épreuve de la gestion publique que l'on reconnaît le bon chef de gouvernement. Il faudra donc attendre la configuration de la future équipe gouvernementale pour se faire une idée de la dynamique que le septième PM d'ADO entend insuffler au pays. Et pourquoi pas se faire, par la même occasion, une idée de l'avenir politique de ce jeune septuagénaire quand on se rappelle qu'en février 2022, le locataire du palais de Cocody avait déclaré avoir une demi-douzaine de noms pour sa succession en 2025.

(1) Bonne arrivée en français

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