Homme de lettres, Jean-Luc Raharimanana est bien connu pour son talent et son travail d'écrivain et de poète.
Artiste multidisciplinaire engagé, Jean-Luc Raharimanana explore l'écriture, la pensée et le théâtre mais aussi la photographie, la sculpture, le dessin, la peinture et la musique. Plusieurs médiums qu'il conjugue dans son installation « La voix, le loin ». Du 21 octobre au 31 décembre, treize photos de dessins, trois aloalo en bois de sohihy et trois panneaux de textes relatent ce travail de longue haleine au jardin du Musée de la photographie à Anjohy.
La particularité de cette exposition réside dans le changement d'oeuvres. Le public peut aller à des interprétations aux mille et une inclinations. Dans les phares graphiques, la superposition est telle que la photographie imagée devient méconnaissable, à tel point qu'il pourrait y avoir des scènes dans des scènes.
L'artiste joue de la multiplicité des sens pour offrir cette abondance sans mettre un frein sur ce qui arrive cependant, «Je ne donne pas de ce que je ne veux pas donner », mentionne-t-il lors d'une interview. S'il travaille beaucoup sur l'aloalo avec Jean-Philippe, un artisan de Mahajanga, il aime à dire que la vie est en ascension. Traçant sur ces bois de sohihy l'origine de la vie transcendante, de la terre et de l'eau.
Mis à part sa passion pour la musique et les mots, la photographie tient une place importante dans cette installation. Car, Jean-Luc Raharimanana est l'un de ces photographes abstraits qui donnent sur les rêves, les traversées, voire les concrétisations pour qu'ils aient un impact sur la réalité. A l'exemple du vent qui gonfle un rideau, donnant ainsi l'effet de texture et de matière pour obtenir une photo abstraite. Ou encore immortaliser les alentours de soi pour voir Tana en perpétuel chantier.
Prouvant ainsi que la beauté peut être partout quand on se donne le temps d'observer. « Ecrire, dessiner, photographier, au fond, c'est le même déploiement des sens en ce qui me concerne, afin de s'imprégner de l'inattendu. Créer, c'est laisser les sens disponibles à saisir, ou à être saisis. Veiller, c'est se préparer au déploiement, et accepter que les choses viennent, que les Voix nous tou
chent, avant que le Loin ne vienne contre nos peaux », souligne l'artiste.
A savoir que l'installation « La Voix, le Loin » a été exposée au Musée international d'archéologie de Bibracte en France pendant un an et demi. Après le Centre national des arts et du paysage de Vassivière, l'exposition trouve refuge dans le berceau historique qu'est le Musée de la photographie.